Annoncée il y a un an avec perte et fracas ici-même, la perte des droits de DC Comics par Panini Comics au profit du groupe Media Participation a hérissé le poil de beaucoup. "Oui mais finalement, Panini faisait mieux les choses récemment, non ?" ; "MDS ? Un groupe de vendus tout juste bon à vendre du Franco-Belge et des ninjas qui courent avec les mains dans le dos !" ; "De toute façon DC n'est pas fait pour le marché Européen et sa continuité rendra le travail impossible aux nouveaux éditeurs..." ; "Je leur souhaite bien du courage" [...] ont été les premières réactions (compréhensibles) des lecteurs et des acteurs du marché face à la création de ce qui n'était pas encore Urban Comics.
Et pourtant, un peu plus d'un an après la création du nouveau venu, un constat s'impose : un seul éditeur, aux faux airs de QSI pour un PSG renaissant, est parvenu à révolutionner le marché en long, en large et en travers. D'une politique de publication d'abord incomprise à des prix défiant toute concurrence en passant par un contenu éditorial aussi qualitatif que quantitatif, Urban Comics a réinventé la manière de publier DC Comics en Français. Et si ce petit poucet avait également réinventé la manière de publier des Comics mainstream en France ?
*Ce dossier est réalisé à partir d'un micro-constat en termes de ventes, le marché rendant impossible l'accès aux chiffres globaux quelques mois seulement après la mise en vente des titres Urban Comics.
* Inutile également de vous dire que ce dossier est réalisé sans copinage ni faveurs. Les remarques du type "vous êtes des cheerleaders", venant de lecteurs, de confrères journalistes ou même d'éditeurs seront donc en décalage total avec ce qui suit.
27 Juillet 2011, peu avant midi : Coup de tonnerre. Les bruits de couloir du week-end se confirment, Panini Comics vient de perdre les droits d'exploitation de DC Comics en France au profit du groupe Média Participation, géant du loisir et de l'édition vu par beaucoup comme le diable en bulles et en onomatopées. Et pourtant, un soulèvement de joie se fait entendre du côté des lecteurs qui n'auront enfin plus à pester contre la politique parfois incompréhensible de l'éditeur Italien. Quelques irréductibles Gaulois pointent pourtant du doigt la puissance quasi-destructrice du chéquier d'un groupe gigantesque comme Média Participation et rappellent à qui-veut-l'entendre (et à raison) que Panini Comics avait su redresser la barre ces derniers mois avec son catalogue DC Comics.
Jérémy Manesse, véritable passionné de l'univers de la Distinguée Concurrence ne nous cache d'ailleurs pas son amertume au moment de défendre la perte d'une telle pépite et justifie plusieurs années de galère par le fait que "rattraper le retard était devenu impossible". Et comme par magie, ce qui deviendra Urban Comics aura l'incroyable chance de racheter les droits Français de DC Comics au seul moment, en 76 ans d'existence, où l'éditeur Américain annonce reprendre son univers à la base avec 52 titres qui sont devenus par la suite l'immense succès New 52.
C'est le 16 Septembre seulement que ceux que l'on appelle alors pendant tout l'été "Dargaud Comics" deviennent Urban Comics et se détâchent clairement de leur grand-frère Franco-Belge. Pôl Scoteccia, tête pensante des éditions Le Lombard, est nommé à la tête du label, accompagné par François Hercouët, formé à l'école Thierry Mornet chez Delcourt. Poursuivant dans l'idée de remplir les bureaux de l'éditeurs de réels passionnés, c'est Yann Graff, auteur d'un magnifique ouvrage sur Grant Morrison paru aux éditions les Moutons Electriques qui vient lui aussi peupler la rédaction, accompagné enfin par Charlène Lecaque, couteau-suisse de l'éditeur. Une équipe réduite certes, mais une équipe plus intéressée par son sujet que ne pouvaient l'être les différentes âmes à avoir travaillé sur le sujet DC Comics depuis des décennies...
Janvier dernier, à quelques semaines de lancer son premier titre Librairie avec Watchmen, je découvre à ma grande stupeur le premier bébé de l'éditeur. Enfin, le futur de DC Comics en France est là, dans mes mains et à l'exception d'une fabrication dont la fragilité peut faire peur, tout est parfait, beaucoup plus abordable qu'auparavant et transpire la passion à chaque coin de page. Un parfum de renouveau se fait sentir et l'accueil sceptique des lecteurs Français est à quelques encablures d'être balayé d'un revers de la main. Viendra alors un premier couac, celui d'Angoulême où, malgré les rumeurs, il est impossible de mettre la main sur un exemplaire de Watchmen, où l'éditeur n'a pas de Stand et où les discussions de comptoir (le bar La Girafe s'en souvient encore) vont bon train quant au succès mitigé d'un éditeur qui ne pourra pas se défendre. Tant pis, l'heure d'Urban Comics viendra ensuite...
Octobre 2012 : Urban Comics représente presque 70% des ventes de la majorité des Libraires spécialisés Français et nos confrères de la grande distribution culturelle sont tous enclins à confirmer, sans chiffres concrets à l'appui, qu'Urban Comics est de loin la locomotive d'un marché qui montre moins de signes de fatigues que les années passées, boosté justement par une politique de prix agressive et un intérêt grandissant des nouveaux venus face à l'univers d'Aquaman, Green Lantern et Wonder Woman.
Chapitre suivant >Une ligne éditoriale réinventéeDire que les premières annonces d'Urban Comics ont été accueillies froidement est un doux euphémisme. Certes, la minorité de lecteurs présente sur Internet ne représente finalement qu'un pourcentage de lectorat très faible lorsque viennent les comptes de fin d'année, mais c'est bien cette minorité qui va faire du bruit et parfois pousser Urban Comics à revoir sa politique.
En termes de titres kiosques par exemple, les premières annonces de l'éditeur avec Batman Showcase et Flashpoint vont faire bondir les lecteurs devant un prix annoncé supérieur à 6€50. A l'heure où Panini ne dépassait que très rarement les 5€, ce nouveau tarif fait bondir le futur lectorat qui n'aura de cesse de faire pression sur l'éditeur afin que celui-ci rejuge ses prix à la baisse pour arriver au prix de 5,60€ que l'on connaît aujourd'hui.
Autre exemple du mécontentement du lectorat : la réédition de Watchmen. A l'heure où tous rêvent de voir débarquer des titres jamais publiés sur les étagères de leurs libraires préférés, les fans de DC Comics ont l'impression de se retrouver face à l'énième republication d'un titre qui porte le statut de véritable Machine à sous. Before Watchmen aidant un mois plus tard, cette réédition va finalement trouver preneur, le bouche-à-oreille ayant achevé de convaincre les sceptiques que la fabuleuse traduction de Jean-Patrick Manchette et l'amas de bonus valaient la dépense de 35€, là où leurs prédécesseurs proposaient, eux, un Absolute autour de 70€...
Éternel débat sur la toile, la publication de la fin de Brightest Day reste aujourd'hui un mystère. C'est pourtant avec fierté que l'on a vu l'éditeur nous écouter à plusieurs reprises, que ce soit sur le cas Swamp Thing / Animal Man ou encore Nightwing, mais il est vrai que publier la fin de Brightest Day paraît aujourd'hui compliqué pour un éditeur qui ne souhaite voir qu'en avant avec des New 52 au pouvoir commercial surpuissant comparé à un crossover dont l'excellence ne rattrape malheureusement pas l’obsolescence.
Autre sujet qui aura fait débat pendant des mois et qui relève finalement plus du coup de génie marketing que de l'erreur éditoriale : la double-publication des titres kiosque/librairie. Batman (la série de Scott Snyder et Greg Capullo), pour ne parler que de lui, est la star de Batman Saga et de son propre album librairie (qui est d'ailleurs le plus gros succès Comics de l'année en librairie) : la Cour des Hiboux. Quand on sait que Batman Saga est également le plus gros succès kiosque de l'année et s'arrache à des prix indécents sur la toile aujourd'hui, on comprend qu'Urban Comics a bien joué le coup de la double-publication. Et pourtant, ce n'est pas là que se trouve le génie de l'éditeur puisque celui-ci réside en fait dans le rythme de parution de ces deux produits.
Lorsque le premier (Batman Saga) a pris 6 numéros de retard sur le second (Batman : la cour des Hiboux), Urban Comics savait pertinemment qu'au moment de la sortie du second volume librairie, ce serait Batman Saga qui serait en tête de la publication, "forçant" donc implicitement les lecteurs librairie les plus impatients (tous, en fait) à se diriger vers le kiosque avant de revenir vers le seconde volume Librairie qui dépassera une seconde fois la parution souple des aventures du Chevalier Noir. Voilà où se trouve le véritable coup de génie que personne ne pouvait entrevoir à l'époque ; Et si vous doutez réellement de l'efficacité de cette politique, sachez que Makassar, distributeur exclusif des titres kiosques d'Urban Comics sur le marché des librairies spécialisés (et donc dépositaire d'une grosse part du marché) a très nettement augmenté ses commandes de Batman Saga pour le numéro #8, prévoyant le raz-de-marée des lecteurs "cartonnés" vers le souple ! Evidemment, la même logique s'applique avec brio sur Green Lantern, Justice League et j'en passe !
Si Urban Comics peut aujourd'hui capitaliser sur un catalogue pléthorique chez DC Comics et piocher dans des rééditions de qualité (Sandman, Fables, Scalped, 100 Bullets, DMZ et j'en passe, pendant que Transmetropolitan, Preacher et Y: le dernier Homme attendent leur heure), l'appétit gargantuesque de l'éditeur ne se limite pas à DC et Vertigo. En effet, toujours à la recherche des petites pépites de l'industrie (pendant que d'autres vident leur compte en banque pour acheter les séries les plus médiocres d'Avatar Press), le dépositaire des deux tiers du marché actuel va publier dès 2013 des titres d'un éditeur cher à Delcourt : Image Comics.
Amoureux de Fabio Moon et Gabriel Ba, Urban Comics va donc publier Casanova du très décrié Matt Fraction (qui livre pourtant ici une véritable série de qualité) avant de s'attaquer à LA pépite indé' de 2012 (toujours en course dans mon coeur avec Punk Rock Jesus pour le titre de meilleure série indépendante de l'année) : Saga de Brian K. Vaughan et Fiona Staples. A l'instar de son grand frère Delcourt, Urban Comics ne veut pas inonder le marché avec des titres à la médiocrité avérée, mais préfère bel et bien offrir des bibliographies d'auteurs et des séries excellentes à un lectorat qui ne demande que ça !
Et comme nous allons le voir d'emblée, les prix eux aussi font partie de cette vaste entreprise de réussite...
< Chapitre précédentUrban Comics : du coup de téléphone aux rayons des librairesChapitre suivant >Les prix les plus intéressants du marché ?D'abord décrié pour sa vision "bourgeoise" du marché des Comics à cause de l'amour de la librairie et des prix se trouvant dans la fourchette "haute" en kiosque, Urban Comics peut pourtant se vanter aujourd'hui de faire partie des meilleures affaires du marché avec un prix quasi-unique sur l'ensemble de sa gamme "Renaissance" où se trouvent les titres phares des New 52.
Et si ce prix de 15€ appliqué à Wonder Woman, Justice League, Green Lantern, Batman, Aquaman et j'en passe (à l'exception d'un Action Comics- devenu Superman- proposé à 22€50 en raison d'une plus grande pagination) paraît aujourd'hui imbattable, ce n'est pas seulement parce que le rapport quantité/prix est le meilleur (Delcourt propose en effet régulièrement le même nombre de pages pour un peu plus de 14€), c'est bel et bien parce que Panini Comics ne se gênait pas pour proposer la même quantité à plus de 20€ pendant des années ! Quelle surprise pour les lecteurs de redécouvrir qu'en dehors de la collection DC Heroes (l'équivalent de l'actuelle 100% Marvel), des super-héros DC pouvaient se laisser approcher à 15€ seulement et que pour 45€, c'est trois titres qui s'offraient à eux lorsqu'il n'y en avait que deux auparavant !
Là où le bat blesse, c'est lorsque la poursuite des titres Vertigo (Scalped, 100 Bullets, Fables et DMZ) se fait, elle, avec une nette augmentation par rapport à ce que Panini proposait jusqu'à 2011. Mieux vaudra alors vous tourner vers les rééditions intégrales de ces séries, proposées cette fois-ci à des prix tout à fait intéressants et inédits.
Par ailleurs, des rééditions comme Nou3 (anciennement We3) proposent à un prix incroyable (15€, toujours lui) une édition augmentée, plus respectueuse des lecteurs (les planches ne sont pas coupées au 3/4 par besoin d'imprimerie) et moins chère que ce qui avait été fait auparavant (17,30€ neuf chez Panini Comics). Evidemment, ces prix sont calculés "pour faire mieux que les autres", mais Urban Comics a su prouver sur des titres inédits (Daytripper en est le parfait exemple) pouvoir être compétitif sans cette épée de Damoclès du prédécesseur au dessus de la tête.
< Chapitre précédentUne ligne éditoriale réinventéeChapitre suivant >L'aubaine New 52Si le succès colossal d'Urban Comics en 2012 est imputable à la qualité de sa ligne éditoriale et à son respect des lecteurs (et ce malgré une fabrication très capricieuse jusqu'à il y a peu encore, avec des BD parfois beaucoup trop fragiles pour être transportées), il faut bien avouer que l'existence même des New 52 a favorisé la réussite de l'éditeur Français.
En effet, une reprise à l'issue de Brightest Day, sans aucun projet de restructuration d'avenir chez DC Comics aux USA aurait probablement conduit à un tassement du lectorat DC en France. Il aurait été quasi-impossible pour le petit poucet Français de recoller les morceaux au vu du chantier laissé par un Panini Comics dépassé par les faibles ventes de DC en France et beaucoup d'anciens lecteurs auraient abandonné leurs abonnements par principe. C'est donc en sauveurs, aussi bien outre-Atlantique que chez nous, que sont arrivés les 52 titres de la Renaissance DC Comics.
Cette même renaissance va d'ailleurs créer un petit séisme en Europe, auquel nos cousins Américains sont habitués : DC Comics est maintenant au coude à coude avec Marvel et l'a même dépassé à de nombreuses reprises (on parle même de pulvérisation en Librairie), alors qu'un sondage il y a moins de 12 mois faisait état de 80% de lectorat Marvel en France ! L'équation était alors simple pour Urban Comics : respecter un planning de parution strict, travailler avec la même passion que leurs homologues aux USA et rendre accessible un univers délaissé à un lectorat qui avait envie de se plonger dans les aventures d'Aquaman et consorts. Véritable symbole de ce renouveau, le Roi d'Atlantis est à l'image de DC Comics : hier oublié, raillé et laissé pour compte, aujourd'hui puissant, malin et représentant une force de vente colossale chez les librairies. Le vent a tourné et la météo indique qu'il n'est pas prêt de faire le chemin inverse.
2013 s'annonce d'ailleurs au beau fixe pour l'éditeur qui vient d'annoncer la publication en kiosque (avant de les voir débarquer en Librairie avec une double-publication qui vous rappelle sûrement quelque chose) de Before Watchmen, ainsi que les suites des best-sellers que sont Batman, Justice League, Green Lantern et Wonder Woman pour le premier trimestre de l'année, en plus de poursuivre les excellentes initiatives "Grant Morrison présente Batman" et autres petites pépites plus discrètes. A l'image de ces pépites d'ailleurs, Urban Comics vient de prouver qu'un titre aussi peu attractif à priori que Joe The Barbarian pouvait constituer un magnifique succès de librairie, grâce à l'appui des libraires, de la presse et de leurs lecteurs les plus fidèles (sur les réseaux sociaux notamment). Ne pas oublier d'où l'on vient permet souvent d'aller où l'on veut et d'autres éditeurs feraient parfois bien de se le rappeler.
< Chapitre précédentLes prix les plus intéressants du marché ? Chapitre suivant >Une équipe soudée et compétenteSi le groupe Média Participation et l'envahissement des rayons par les titres Urban Comics peuvent laisser croire qu'il faut abandonner toute idée d'entreprise à taille humaine avec l'éditeur, détrompez-vous : Etant la plus petite structure du Big Five des Comics (Panini Comics, Delcourt, Ankama Editions, Soleil US Comics et Urban Comics), l'équipe éditoriale se limite à 4 personnes, 5 lorsqu'un stagiaire les accompagne pour une période prédéfinie. Evidemment, il serait hypocrite que de dire que l'assise financière d'un tel groupe n'aide pas à travailler dans les meilleures conditions, mais il faut aussi se rendre compte qu'à l'image d'un Thierry Mornet chez Delcourt, François et son équipe travaillent comme des forçats pour livrer des BD de qualité en temps et en heure chez votre libraire préféré.
Particulièrement passionnés par leur sujet, l'équipe d'Urban Comics peut reposer sur les qualités individuelles de chacun pour avancer au mieux et couvrir tous les terrains qu'un éditeur se doit d'occuper (répondre à ses fans sur Twitter est un véritable métier de community manager, par exemple, malgré ce que peuvent penser certains lecteurs). A l'écoute des conseils de la presse, Urban l'est aussi et un échange permanent avec nous et d'autres confrères existe, afin notamment de discuter de l'hypothétique réussite et de l'attente générée par un titre en particulier par exemple.
C'est ce relais, existant depuis le premier jour, qui donne d'ailleurs l'impression qu'une partie de la presse joue au copinage avec l'éditeur. Il n'en est pourtant rien et nos vies nous amènent d'ailleurs parfois à être amis avec des éditeurs sur lesquels on peut "taper" beaucoup plus souvent qu'Urban Comics et il est important de faire ce distingo à nos yeux.
Toujours est-il que seulement 10 mois après sa mise en route, Urban Comics représente aujourd'hui la plus grosse révolution du marché Français depuis 10 ans, en plus d'être une valeur sûre du futur. Pourvu que ça dure...
François Hercouët et le premier Urban News. Crédit Photo : BDZOOM.
27 Juillet 2011, peu avant midi : Coup de tonnerre. Les bruits de couloir du week-end se confirment, Panini Comics vient de perdre les droits d'exploitation de DC Comics en France au profit du groupe Média Participation, géant du loisir et de l'édition vu par beaucoup comme le diable en bulles et en onomatopées. Et pourtant, un soulèvement de joie se fait entendre du côté des lecteurs qui n'auront enfin plus à pester contre la politique parfois incompréhensible de l'éditeur Italien. Quelques irréductibles Gaulois pointent pourtant du doigt la puissance quasi-destructrice du chéquier d'un groupe gigantesque comme Média Participation et rappellent à qui-veut-l'entendre (et à raison) que Panini Comics avait su redresser la barre ces derniers mois avec son catalogue DC Comics.
Jérémy Manesse, véritable passionné de l'univers de la Distinguée Concurrence ne nous cache d'ailleurs pas son amertume au moment de défendre la perte d'une telle pépite et justifie plusieurs années de galère par le fait que "rattraper le retard était devenu impossible". Et comme par magie, ce qui deviendra Urban Comics aura l'incroyable chance de racheter les droits Français de DC Comics au seul moment, en 76 ans d'existence, où l'éditeur Américain annonce reprendre son univers à la base avec 52 titres qui sont devenus par la suite l'immense succès New 52.
C'est le 16 Septembre seulement que ceux que l'on appelle alors pendant tout l'été "Dargaud Comics" deviennent Urban Comics et se détâchent clairement de leur grand-frère Franco-Belge. Pôl Scoteccia, tête pensante des éditions Le Lombard, est nommé à la tête du label, accompagné par François Hercouët, formé à l'école Thierry Mornet chez Delcourt. Poursuivant dans l'idée de remplir les bureaux de l'éditeurs de réels passionnés, c'est Yann Graff, auteur d'un magnifique ouvrage sur Grant Morrison paru aux éditions les Moutons Electriques qui vient lui aussi peupler la rédaction, accompagné enfin par Charlène Lecaque, couteau-suisse de l'éditeur. Une équipe réduite certes, mais une équipe plus intéressée par son sujet que ne pouvaient l'être les différentes âmes à avoir travaillé sur le sujet DC Comics depuis des décennies...
Janvier dernier, à quelques semaines de lancer son premier titre Librairie avec Watchmen, je découvre à ma grande stupeur le premier bébé de l'éditeur. Enfin, le futur de DC Comics en France est là, dans mes mains et à l'exception d'une fabrication dont la fragilité peut faire peur, tout est parfait, beaucoup plus abordable qu'auparavant et transpire la passion à chaque coin de page. Un parfum de renouveau se fait sentir et l'accueil sceptique des lecteurs Français est à quelques encablures d'être balayé d'un revers de la main. Viendra alors un premier couac, celui d'Angoulême où, malgré les rumeurs, il est impossible de mettre la main sur un exemplaire de Watchmen, où l'éditeur n'a pas de Stand et où les discussions de comptoir (le bar La Girafe s'en souvient encore) vont bon train quant au succès mitigé d'un éditeur qui ne pourra pas se défendre. Tant pis, l'heure d'Urban Comics viendra ensuite...
Octobre 2012 : Urban Comics représente presque 70% des ventes de la majorité des Libraires spécialisés Français et nos confrères de la grande distribution culturelle sont tous enclins à confirmer, sans chiffres concrets à l'appui, qu'Urban Comics est de loin la locomotive d'un marché qui montre moins de signes de fatigues que les années passées, boosté justement par une politique de prix agressive et un intérêt grandissant des nouveaux venus face à l'univers d'Aquaman, Green Lantern et Wonder Woman.
Chapitre suivant >Une ligne éditoriale réinventée