Quoi de mieux pour fêter le grand coup d'envoi de la
San Diego Comic Con cuvée 2013 qu'une chronique d'un des
comic-books s'y déroulant au sein même de son histoire ? C'est le cas de
Fanboys VS Zombies, l'une des rares séries publiées aux USA par
BOOM à avoir trouvé un véritable lectorat, désormais éditée en France dans un magnifique écrin par
Glénat Comics. Et nous verrons ensemble que sous ses airs de série au fan-service évident, il se cache bien d'autres choses qu'un simple goûter pour geeks en mal de références...
Derrière l'idée folle de Fanboys VS Zombies se cache surtout un homme : Sam Humphries. Connu des amateurs de Marvel pour ses travaux récents sur Uncanny X-Force ou Avengers AI, ce californien pure souche a imaginé la drôle histoire d'un groupe de geeks on-ne-peut-plus stéréotypé, victime d'une attaque de Zombies au sein même de la Mecque de la pop-culture. Et si le pitch, ainsi que ses personnages, peuvent paraître ô combien classiques (qui n'a jamais eu cette discussion avec des amis geeks, de savoir quelle serait la meilleure arme et/ou le meilleur abri en cas d'invasion Zombie pendant une convention?), le scénariste transforme l'essai grâce à une sincérité à toute épreuve.
En effet, derrière un sentiment d'esbrouffe, de déjà-vu et de peur de l'arnaque à la lecture du plot, on trouve surtout des personnages franchement attachants, parfois piquants, souvent drôles, ainsi qu'une convention qui fait elle aussi office d'héroïne au milieu de notre groupe de fanboys dépassés. Et plutôt que de jouer la carte du survivalisme jusqu'au bout, Sam Humphries choisit une dérision proche de celle que l'on peut retrouver chez Dead Rising (Capcom), où les Zombies se transforment d'avantage en chair à canon pour goodies plus rares les uns que les autres plutôt qu'en menace latente façon The Walking Dead.
On regrettera toutefois, malgré la culture XXL de son géniteur, que la série ne contienne pas d'avantage de références pointues, chose que l'équipe créative du titre a sciemment souhaité éviter justement pour éviter l'écueil du titre auto-centré, noyé dans un torrent de fan-service. Toutefois, rassurez-vous, les plus attentifs d'entre vous devraient pouvoir repérer plusieurs itérations de Frostmourne, de codes très appuyés du jeu de rôle et autres goodies Pokemon...
Si le scénario livre presque un sans-faute, on ne peut pas en dire autant du dessin. Jerry Gaylord, quasi-inconnu aperçu uniquement auparavant sur New Crusaders : Legacy, souffle le chaud et le froid. Entre un premier numéro qui marque d'avantage par ses backgrounds totalement vides et ses personnages figés et la fin de ce premier arc, la progression du jeune dessinateur est fulgurante et se trouve être de (très) bonne augure pour la suite du récit, ainsi que pour le futur d'un artiste que l'on sent très à l'aise avec l'approche cartoony de la Bande-Dessinée. Là non plus, aucune fulgurance n'est à signaler mais que ce soit en termes de design ou de dynamisme, Gaylord remplit son contrat haut la main, suffisamment en tout cas pour nous donner l'envie de revenir aux côtés de Kyle, Burger, Amanda, J-Mac et Missy le 16 Octobre prochain à l'occasion de la sortie du second tome de la série. Si tant est que tous survivent aux attaques effrénées des Zombies chauffés à blanc par le soleil Californien...
Enfin, il est important de mentionner la qualité de l'édition de Glénat Comics. En effet, que ce soit sur la 1ère, la 2ème, la 3ème ou la 4ème de couverture, le travail de l'éditeur sent l'amour du matériau original, allant jusqu'à proposer une galerie complète des couvertures variantes proposées aux USA chaque mois, offrant ainsi à nos fragiles rétines les travaux d'Artur Suydam, Joshua Corvey, Alé Garza et bien sûr... Humberto Ramos, qui livre une série de couvertures à tomber par terre, avec une mention spéciale pour la cover du quatrième numéro.
Fanboys VS Zombies n'est certainement pas le titre le plus marquant de 2013. Ni même le plus important. Et pourtant, il représente un genre que l'on oublie trop souvent dans le monde des Comics, noyés sous l'importance des continuités, des crossovers et de toutes les pratiques marketings des grands éditeurs : la lecture récréative. La San Diego Comic Con s'ouvre aujourd'hui alors qu'un grand soleil s'abat partout sur la France ? Très bien, voici le contexte parfait pour dévorer un titre qui saura vous occuper de bien belle manière pendant une heure, le temps de voyager en compagnie d'un groupe de survivants très particulier au milieu des allées surpeuplées de l'un des plus grands fantasmes des geeks, et c'est déjà pas mal...