Parfois, les réalisateurs évoquent avec amusement leurs personnages de comics préférés. Et il n'en faut pas plus pour que les fans s'enflamment. Mais aujourd'hui, nous allons parler d'un projet qui aurait réellement pu arriver sur le bureau des pontes de Warner Bros : un film Wonder Woman réalisé par Nicolas Winding Refn (Drive, Pusher, Only God Forgives) avec Christina Hendricks (l'une des stars de Mad Men) dans le rôle de la guerrière amazone.
On sait désormais que le film consacré à Wonder Woman sera réalisé et en partie écrit par Michelle McLaren, vétéran du petit écran qui nous a livré parmi les meilleurs épisodes de Breaking Bad, pour ne citer qu'eux. Evidemment, une femme derrière la caméra est un symbole fort envoyé aux fans et au tout Hollywood, mais la perspective d'un métrage sur Wondie réalisé par Refn n'en est pas moins alléchante.
Le bonhomme l'a déclaré lui-même : il n'est pas un fan de super-héros. Mais son amour pour la guerrière amazone est tout à fait sain. Son envie de réaliser un film Wonder Woman lui est en effet venue lorsqu'il regardait les épisodes de la série télévisée des années 1970 avec sa fille. La petite Refn était totalement envoûtée par le personnage, et son papa décida alors qu'il était temps d'offrir au monde un nouveau type de personnage féminin fort, qui pourrait servir de modèle à toutes les jeunes générations.
L'obsession de Refn pour le personnage commença dès 2010. Alors en plein tournage de Drive, il s'entretient avec la comédienne qui deviendra une habituée de ses films : Christina Hendricks. Il lui parle du personnage, et développe avec l'actrice ses idées pour un éventuel métrage, qui n'est alors qu'un doux rêve. Mais il se trouve que Christina Hendricks est une fan inconditionnelle de la série télévisée (elle déclare même avoir porté des pyjamas Wonder Woman pendant son enfance) et elle révèle à la presse son amour pour le personnage. Au micro de Vulture, elle déclara ainsi, début 2011, qu'elle serait prête à se lancer dans le projet en moins de temps qu'il ne faut pour le dire.
De son côté, Nicolas Winding Refn commence à se servir de son importance grandissante pour expliquer à qui veut bien l'entendre qu'il serait ravi de porter le personnage à l'écran, un an avant The Dark Knight Rises et surtout deux ans avant Man of Steel, qui ouvrira de nouvelles perspectives pour le personnage de Wondie. Et il se trouve que le réalisateur peut compter sur un projet qui le rapproche grandement de Warner Bros (détenteur du personnage, rappelons-le) : le remake de L'Age de Crystal, un film de S.F sorti en 1974 que la société des frères Warner cherche à remettre au goût du jour. Le réalisateur accepte le défi, et explique à la presse que c'est la qualité de ce remake qui lui ouvrira ou non les portes pour un film Wonder Woman. Malheureusement, le projet finit par sombrer dans un development hell des familles, et le départ de Ryan Gosling, associé au rôle-titre, convainc le réalisateur de lui aussi quitter le navire, scellant à jamais l'opportunité d'un film sur l'Amazone complètement unique.
Nous avons pu nous en rendre compte avec Only God Forgives, Nicolas Winding Refn est un réalisateur qui divise. Ses influences, qu'il puise largement chez Alejandro Jodorowsky et les midnight movies, sont complètement éloignées des canons d'une grosse production hollywoodienne mainstream. Néanmoins, il y a chez Warner une envie de faire les choses différemment, et même au sein du catalogue DC, de s'éloigner de la concurrence en optant pour une politique plus ou moins all-star (on le voit bien avec Suicide Squad, par exemple).
Refn et Hendricks auraient donc pu avoir leur place dans un univers partagé DC au cinéma. Et même sans en arriver là, la Warner aurait pu miser sur le réalisateur (devenu hyper populaire depuis) pour une trilogie Wonder Woman à l'écran. J'aurais apprécié, entre autres, la complicité entre le réalisateur et l'actrice : les deux ont l'habitude de travailler ensemble, et c'est ce genre de relations qui peuvent donner un personnage complexe et bien représenté à l'écran. Sur ce point, d'ailleurs, Hendricks s'était montrée très pertinente : mariée à un fan de comics, elle voulait rendre honneur aux origines de l'héroïne, telles qu'elles figurent dans les pages un peu sulfureuses de William Moulton Marston.
Une fidélité au matériau original qui aurait sans doute été bousculée, dans le bon sens du terme, par le réalisateur. Je donnerai ma collection de BD pour voir ce que Refn pourrait faire sur l'univers mythologique et un poil loufoque qu'est celui de Wonder Woman. Vous pouvez parier qu'on aurait eu droit à quelque chose de très coloré (Nicolas Winding Refn est daltonien, c'est pourquoi il opte toujours pour des couleurs très tranchées) et sanglant. Bref, de quoi rendre à la fois passionnant et très adulte le monde de Wondie. Même virtuelle, la barre placée par Nicolas Refn et Christina Hendricks est donc bien haute pour les "propriétaires" de la licence que sont Michelle McLaren et Gal Gadot. Seront-elles à la hauteur de ce fantasme de réalisation ? Réponse en 2017.