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Avengers : Age of Ultron, la critique

Avengers : Age of Ultron, la critique

ReviewCinéma
On a aimé• La forme rejoint enfin le fond
• L'astucieuse narration
• La quintessence du modèle Marvel Studios
• Ultron, le grand vilain qui nous manquait
On a moins aimé• La narration par l'objet a ses limites
• Une maturité pas toujours assumée
• Le générique final
Notre note

Lorsque le monde a découvert Avengers en 2012, le film de Joss Whedon était déjà un événement. Pour les fans, qui découvraient enfin tous leurs héros favoris en action, mais aussi pour l'industrie, qui allait frémir devant la toute puissance de Marvel Sudios, qui atteindrait, quelques mois plus tard, le milliard au box office. Pourtant, il reste dans ce bas-monde quelques sceptiques du premier Avengers. Des sceptiques dont je fais partie. 

Voyez-vous, beaucoup de choses me déplaisent dans le film de Joss Whedon, comme les blagues à répétition qui étouffaient l'épique, ou encore, plus généralement, la réalisation du métrage, à mon sens loin d'être à la hauteur de l'événement. Mais si je devais résumer mes griefs en une seule idée, je dirais que le film se contentait d'additionner ses personnages et leurs pouvoirs, là où il aurait pu les multiplier. Et de cette opération serait né un plus grand film, un film que Marvel Studios nous propose enfin, trois ans après un premier opus. Un film qui s'appelle Avengers : Age of Ultron.

- Critique garantie sans spoilers -

 

D'entrée de jeu, il est impossible de s'y méprendre. Nous sommes bien dans un Marvel Studios. Mais déjà, et j'en étais le premier étonné, le changement se fait sentir. Ouvrant son film par une introduction "à la James Bond" qui tient plus d'un certain Expendables 2 pour son côté jouissif, Joss Whedon nous prouve, caméra à l'épaule, qu'il a appris de ses erreurs, ou du moins, il se montre plus confiant, plus expérimenté que le réalisateur d'Avengers premier du nom. Qu'importe que vous aimiez ou non le premier opus vengeur, celui-ci vous explose à la figure dans ses premières minutes, pleine de fougue et de folie. Rien ne semble plus interdit pour Marvel Studios et Whedon qui, en une seule séquence, parviennent à saisir l'esprit des comic books et à le retranscrire dans une réalisation aussi débridée que possible. Ce sera là la principale qualité de cet Age of Ultron, qui lie enfin le fond - une équipe d'individus extraordinaires - à la forme - une mise en scène incroyable. Une vraie délivrance pour tous ceux qui doutaient encore de Marvel Studios et de son parrain, et un effort que les fans déjà conquis ne manqueront pas de saluer.

Et si la réalisation s'est grandement améliorée depuis le premier opus - bastons vertigineuses à  et tableaux intimistes à l'appui - l'écriture ne compte pas se laisse distancer. Avec Age of Ultron, les fans de Whedon ont plus que jamais le droit de louer le génie créatif du bonhomme, qui fait une véritable démonstration de ses talents de dialoguiste, qui vont servir tous les niveaux de l'intrigue : le déroulement du scénario, les pistes de réflexions qu'il apporte - sur le sécuritarisme et l'intelligence artificielle, notamment - et l'introduction de nouveaux jouets pour le Marvel Cinematic Universe. A ce propos d'ailleurs, on notera que le studio a bien du mal à se débarrasser de sa piètre narration par l'objet, qui finit par faire défaut au film de Joss Whedon.


Car à peu de choses près, son travail sur Age of Ultron s'avère impeccable. En choisissant de nous raconter les événements de son métrage à travers les yeux de héros les moins populaires de l'univers Marvel Studios - du moins, ceux n'ayant pas la chance d'avoir un film solo - Whedon insuffle une certaine poésie à l'ensemble, qui ne manque pas d'instants touchants et de passages intimistes, voire contemplatifs, où l'on mesure pleinement l'importance des enjeux se cachant derrière ses demi-dieux. Au détour de certaines scènes, le film atteint ainsi des sommets de virtuosité, qui hélas, perdent quelques minutes plus tard leur saveur, la faute à un studio sans doute trop soucieux, du côté du cinéma en tous cas, de la noirceur de ses productions. Qu'à cela ne tienne, le film se veut plus adulte, plus mature et grandiloquent que son aîné, et il parvient à l'être, aidé dans sa quête par de nouveaux arrivants remarqués, si ce n'est remarquables.

Dans les rôles des jumeaux Maximoff, on découvre ainsi Aaron Taylor-Johnson et Elizabeth Olsen. Deux recrues, qui sans être particulièrement impressionnantes, servent le récit et sa réalisation - encore une fois. Whedon et Marvel Studios ne perdent pas leurs objectifs de vue, et ainsi, l'acteur révélé par Kick-Ass nous offre quelques scènes sympathiques, et son ex-collègue de Godzilla donne à Whedon l'occasion parfaite pour relire le mythe des Avengers tout en flirtant avec le genre du fantastique. Mais incontestablement, c'est Ultron qui restera dans les mémoires. Grâce aux talents de James Spader et aux idées du réalisateur, Marvel Studios a enfin trouvé le vilain fort qui lui manquait. Défectueux, le robot est un essai plutôt frais sur l'archétype de l'intelligence artificielle tueuse, qui est ici si buguée qu'elle en devient terrifiante, ou peut-être attachante. Une ligne trouble qui fait la marque de tous les grands vilains du cinéma.

 

La parole est d'ailleurs assez donnée aux nouveaux venus et aux insoupçonnés pour qu'on en oublie d'évoquer les habitués. Une trinité composée de Captain America, Thor et Iron Man, qui gagne à être mise en retrait. Tony Stark, ou serait-ce Robert Downey Jr, est toujours le roi du cabotinage, qu'il soit vêtu d'une armure ou non. A ses côtés, Chris Hemsworth fait toujours office de brute sympathique, quoiqu'un peu nunuche, et Chris Evans continue d'incarner le boy scout qu'on admire tous secrètement. A ceci près que Marvel Studios semble enfin décidé à faire de lui un leader, une place bien méritée après l'excellent Winter Soldier, qui a su assoir la réputation du super-soldat auprès du grand public.

Me reste à évoquer la densité de ce long-métrage, que vous avez entr'aperçue à travers les différents paragraphes précédents. Nouveaux héros, grand vilain, menaces globales... Joss Whedon a beaucoup de pain sur la planche dès les premières minutes, mais s'en tire avec les honneurs. Grâce à quelques astuces narratives, le réalisateur va faire tenir un conflit, des origines et les prémices de nouvelles aventures en un seul film, ce qui relèverait presque de l'exploit, si Age of Ultron n'était pas si peu soucieux de sa temporalité. Mais soyons honnêtes, derrière sa négligence, Joss Whedon cache un film bien mieux construit, d'un point de vue narratif, que The Dark Knight Rises, pour citer un exemple comparable en termes d'intensité et de genre. Et ce malgré tous ses défauts apparents, dont quelques temps morts et des passages moins inspirés.

 

Avengers : Age of Ultron est un essai transformé pour son studio et son réalisateur. Qu'on se le dise, ni l'un ni l'autre ne s'engageaient à prouver quoi que ce soit en se lançant dans ce nouvel Avengers. Mais en améliorant sa formule, Marvel Studios se montre attentif à tous les publics, même ceux qui lui sont les plus hostiles. Et en la transcendant, Joss Whedon, qui a récemment avoué être déçu par son premier film vengeur - peut être avait-il quelque chose à prouver, finalement - s'impose comme un grand réalisateur. Plus folle que jamais dans l'action et plus astucieuse qu'auparavant dans sa narration et ses dialogues, la recette Marvel Studios donne naissance à un film à la hauteur de l'événement, une aventure qui n'a pas froid aux yeux, et qui risque bien de faire date dans l'histoire de l'entertainement.

Avengers : Age of Ultron, sortie le 22 avril.

Republ33k
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