Nombreux sont les artistes, les journalistes et les fans à le faire remarquer : les super-héroïnes ne profitent guère du développement des adaptations de comics à Hollywood. Malgré la puissance de cette tendance, il faudra attendre Wonder Woman, prévu pour 2017, pour découvrir un premier film entièrement consacré à une héroïne.
On a ainsi souvent reproché à Marvel Studios, et à juste titre, de ne pas se lancer, au hasard, dans un film Black Widow. Ce qui est presque surréaliste si on prend en compte la popularité combinée des films de super-héros et de Scarlett Johansson. Sans même parler des échafaudages de Kevin Feige, un capitaine de navire bien décidé à anticiper les demandes des fans.
Qu'est ce qui pouvait bien clocher dans la stratégie du studio en plein état de grâce à Hollywood ?
Ma foi, nous pouvons supposer, grâce aux mails hackés de Sony Pictures et diffusés par Wikileaks, que le big boss de Marvel (à ne pas confondre avec Marvel Studios), Ike Perlmutter, aurait retardé ce genre de projets.
L'homme, qui fait l'objet de nombreuses légendes urbaines (on ne trouve qu'une photo de lui sur le web, à titre d'exemple) serait en effet opposé à l'idée de mettre en chantier un film consacré à une super-héroïne, en témoigne un mail (faisant suite à une conversation téléphonique) dans lequel il échange avec Michael Lynton (le patron de Sony Entertainment), en citant les trois plus gros désastres mettant en scène des personnages féminins, à savoir Elektra, Catwoman et Supergirl. Une conversation surprenante, à plus d'un titre.
Tout d'abord, pour le personnage secret qu'est Ike Perlmutter, être affiché dans une simple conversation mail est presque surréaliste. L'homme d'affaire est sans doute le plus mystérieux acteur de l'industrie, et ma foi, il se fait cueillir comme un bleu.
Et ensuite, ses propos non plus ne sont guère inspirés. Je ne vous apprend rien en rappelant que les trois films susnommés sont effectivement des purges. En revanche, vous ne savez peut-être pas que les films avec une héroïne sont de plus en plus rentables à Hollywood. En regardant les plus gros succès de 2013, par exemple, on se rend compte que les films qui prennent une femme en personnage central rapportent en moyenne 20% de plus que les films ayant un héros masculin.
Certes, le score est boosté par le succès écrasant de Frozen, mais le succès des licences comme The Hunger Games prouve à lui seul le potentiel des blockbusters à base d'héroïne. Mais les deux patrons, malgré leur parcours impressionnant et leurs positions, ne semblent pas sentir la vague de changement. Ce qui est particulièrement dommage.
On notera que depuis, le tir a été légèrement corrigé avec l'arrivée de Captain Marvel pour Marvel Studios ou d'un Ghostubusters féminin pour Sony. Les choses changent donc, mais elles ne pourront changer que lentement si les personnages les plus influents de l'industrie continuent à réfléchir d'une manière aussi biaisée. Ne pas se lancer dans un film avec une héroïne car certains se sont plantés, c'est aussi débile que d'appeler à la fin des films de super-héros car Daredevil ou Green Lantern ont été des échecs aux box-office. En somme, c'est traiter l'échec des super-héros comme un malheureux hasard facilement corrigible, quand celui des super-héroïnes devient la preuve ultime de leur manque de potentiel. Une injustice, pour faire simple.
Vivement Captain Marvel et Wonder Woman pour faire bouger tout ça !