Il y a 16 ans, Bryan Singer lançait avec le 1er
volet de la Saga X-Men la grande
vague des adaptations de comics qui ne cesse d’inonder nos salles obscures depuis. La saga un peu perdue au détour de X-Men 3 a depuis retrouvé un second souffle
avec l’excellent First Class de Matthew Vaughn et le retour de Singer avec Days Of Future Past qui, s’il n’a pas fait l’unanimité, a au moins eu l’audace d’effacer les erreurs
du passé et d’ouvrir la saga vers
de nouvelles perspectives. Enfin ça, c’est ce que l’on croyait …
— CRITIQUE
GARANTIE SANS SPOILERS —
D’entrée de jeu le film
cherche à se démarquer du coté family-friendly des
productions Marvel Studios en étant plus brutal et
en proposant des vilains qui n’hésitent pas à user de la force létale d’une manière assez graphique
et démonstrative pour
notre plus grand bonheur. Sans atteindre la folie d’un Deadpool et en respectant la limite désormais
franchissable et lucrative du PG-13, l’introduction du film aurait été excellente si elle n’avait
pas fait ressortir le frisson de la honte que Stargate à imposé à toute l’imagerie de l’Egypte
Antique à Hollywood et si elle n’était pas suivie du pire générique 3D que j’ai pu voir depuis
longtemps.
Retour aux années 80 - soit 10 ans après Days Of Future Past - et c’est au travers du personnage de Cyclops que nous allons découvrir la nouvelle timeline X-Men dans laquelle l’existence des mutants est actée et enseignée dès le lycée. Interprété par le très convaincant Tye Sheridan, ce nouveau Cyclope à fleur de peau vous fera vite oublier les prestations irritantes de James Marsden.
La principale force
du film est d’ailleurs son casting,
renouvelé et porté par de jeunes
acteurs talentueux dont une Sophie Turner, qui livre elle aussi une performance solide dans le rôle d’une Jean Grey qui se cherche et qui est
effrayée/effrayante à cause de pouvoirs
qu’elle ne maitrise
pas encore. Kodi Smith-McPhee assure
aussi en Nightcrawler et Lana Condor, même si plus anecdotique
en Jubilee, apporte un peu de
diversité à ce casting fort
sympathique. Cette nouvelle génération de mutants évolue d’ailleurs sous l’oeil bienveillant d’un Nicolas Hoult qui embrasse ici sa
position de mentor avec beaucoup de réussite, faisant de lui un des autres points fort du film.
Hollywood oblige, nous ne pouvions pas laisser ces étudiants vivre leurs vies tranquillement et il fallait forcément les opposer à un grand vilain. Après les très bons Kevin Bacon et Peter Dinklage, c’est Oscar Isaac qui troque ici son costume de meilleur pilote de l’alliance rebelle contre celui du pire cosplay d’Ivan Ooze. Grimé comme jamais, l’acteur peine à convaincre d’autant que sa voix est en permanence modifiée par moults effets audio (ceux dont Bryan est si fier) qui donnent parfois l’impression d’avoir été choisis aux hasards tant les variations de delay, de reverb ou d’auto-tune semblent complètement aléatoires. Aussi caricatural qu’il soit, Apocalypse aurait gagné en crédibilité (particulièrement grâce à l'approche globale du personnage qui voit l’humanité comme un tout et fait fi des nations) si son quatuor de cavaliers avaient été à la hauteur, ce qui n'est malheureusement pas le cas.
Seule Tornade sort quelque peu du lot, le
personnage ayant le droit à un minimum de subtilité et un semblant d’écriture. Angel est quant à lui une sorte d’ado' rebelle,
violent et tellement torturé qu’il picole seul en écoutant du Metallica. Psylocke est elle réduite au rang de
femme objet en ne possédant pas plus de cinq répliques dans le film et se voit dotée d’une combinaison
moulante lorsque les autres cavaliers héritent tous d’armure de combats.
Reste Magnéto qui représente selon moi un des plus gros échec du film. En effet, Michael Fassbender n’y croit plus et livre ici une interprétation particulièrement insipide, vite et complètement détachée de son personnage. Il faut toutefois admettre que l’écriture du personnage n’aide pas. Après six films le personnage reste bloqué dans le même schéma narratif du vilain proche de la rédemption qui préfère céder à ses démons intérieurs, une litanie dont on aimerait se passer pour découvrir l'ampleur du jeu de l'acteur.
On approche d'ailleurs ici le plus gros problème
du film: la redite. Qu’il
s’agisse de Magnéto, de Xavier, de Jean Grey ou des autres mutants, on a constamment le sentiment d’avoir déjà vu de près ou de loin la storyline de chacun d'eux. Au final, seul le personnage de Mystique toujours porté par la fan favorite Jennifer Lawrence fait preuve d’une vraie évolution en assumant des choix forts et risqués pour la suite de la saga, véritable gimmick depuis First Class.
Visuellement, le film oscille entre le très bon et le raté. La mise en scène reste solide et les scènes d’actions sont parfaitement lisibles, laissant transparaitre la puissance des nombreux protagonistes. Là où certains plans full CGI vous donneront la migraine, d’autres plus travaillés, sont tout bonnement très réussis. Un résultat mitigé qui, comme pour Captain America : Civil War, nous est expliqué par le nombre de studios ayant pris part à la post-production ainsi que par la très longue liste de techniciens ayant travaillé sur les FX. Enfin, un mot sur la bande son qui démarre avec grandiloquence dans l’introduction du film, avant de disparaitre et de sombrer dans la banalité la plus totale, comme souvent avec les adaptations de Comics ces derniers temps.
X-Men : Apocalypse referme donc cette seconde trilogie X-Men sur une note douce-amère. Donnant l’impression d’être le film de trop pour une partie de son casting, il réussit toutefois à renouveler son équipe et nous donne envie de voir plus ses « nouveaux mutants ». Une ouverture sur l’avenir plus que bienvenue mais qui aurait pu être entamée dès la fin de Days Of Future Past, sans avoir à répéter encore et toujours les mêmes idées autour des mêmes thèmes, depuis 16 ans maintenant.