Cette semaine est une nouvelle chance pour Warner Bros. de montrer au monde de quoi sera fait son univers DC Comics au cinéma avec le film de Patty Jenkins, Wonder Woman. L'occasion pour nous de revenir sur son créateur, l'incroyable William Moulton Marston, très influencé par ses idées avant-gardistes et les femmes de sa vie, qui l'ont mené à créer de zéro le personnage de DC Comics, l'une des premières super-héroïnes.
Inventeur, psychologue, sociologue, auteur de comic-books, découvrez qui est celui qui s'est aussi fait appeler Charles Moulton et qui a fait avancer la cause féministe à une époque où la question de la place des femmes dans société ne se posait même pas.C'est donc avec ce background impressionnant que le jeune William commence sa carrière qu'il avait pourtant déjà lancée quelques années plutôt en s'initiant à l'écriture de scénario de films. Cette première expérience restera l'une des plus importantes de sa carrière et lui ouvrira beaucoup plus tard les portes de l'art séquentiel, lorsqu'il intégrera les rangs de DC Comics. Mais ne sautons pas les étapes puisqu'avec un tel niveau d'études, William Moulton Marston est avant tout un scientifique et un théoricien de la société. Il met d'ailleurs en pratique l'une de ses réflexions, soufflée par sa femme Elizabeth, sur le lien entre la pression sanguine et les émotions. C'est ainsi qu'il invente le test de pression sanguine systolique, qui permet donc de détecter les variations de comportement d'un sujet grâce à l'afflux sanguin envoyé par son rythme cardiaque. Pas anodine, cette méthode participera grandement à l'invention des détecteurs de mensonges modernes. On pourra d'ailleurs noter qu'une telle création restera fortement gravée dans l'ADN du bonhomme lors de la création de son héroïne, et de son fameux lasso de la vérité.
William teste le détecteur de mensonges au calme
William et sa femme Elizabeth, tranquilles à la plage
Il avait rencontré sa deuxième partenaire à l'Université de Tufts et elle était rapidement devenue l'assistante de ses nouvelles recherches. Malheureusement, la période fut assez trouble pour le bonhomme, dont le mode de vie ne plaisait pas tellement aux universitaires. Il est alors déplacé d'école en école, jusqu'à ce que sa carrière de professeur prenne finalement fin. Il ne se laisse cependant pas abattre et se retourne alors vers son vieil amour, le septième art.
Malgré la mauvaise tournure que prend sa carrière universitaire, William Moulton Marston décide tout de même de continuer ses études sur la gent féminine en exportant idées pour le cinéma. Olivia Byrne le suit d'ailleurs dans sa nouvelle quête et ils exploreront ensemble de nouveaux angles de réflexion, notamment sur la censure dans le cinéma à travers le monde, étude qu'il publie dans The Art of Sound Pictures. Et il mènera d'autres expériences sur la perception du cinéma par le public en travaillant notamment sur la frustration lorsque la scène finale d'un film est coupée. Il va multiplier ce genre de travaux, qui lui permettront donc de se faire petit à petit un nom dans l'industrie du cinéma. C'est alors qu'il décroche un contrat en temps que psychologue pour les studios Universal.
La famille Marston/Byrne au complet, 1947
Cette expérience le pousse d'ailleurs à comprendre l'intérêt de la culture dans l'évolution des mentalités et il s'essaiera à l'exercice en travaillant - avec sa société de production Equitable Pictures - sur un film qui place une femme au centre de l'intrigue. Le but est de présenter un personnage économiquement et sexuellement indépendant pour prouver aux yeux du monde qu'il est temps de faire évoluer la place de la femme dans la société. Malheureusement, ce projet intéressant n'aboutira jamais à cause de la crise économique de 1929, qui pousse le bonhomme à fermer son entreprise et donc à abandonner ce film.
C'est d'ailleurs en poursuivant ce genre de réflexions qu'il commence à s'intéresser de plus en plus à l'aspect éducatif de certains médias. En 1940, il donnera par exemple une interview conduite par sa compagne Olivia Byrne dans laquelle il exprime un intérêt réel pour le comic-book. Il explique que ce format est parfait pour passer des messages éducatifs auprès des jeunes générations, qui s'arrachent à l'époque les premiers titres du média comme le Batman de Bill Finger et Bob Kane ou encore Superman, qui est arrivé sur le marché depuis deux ans. Une entrevue qui ne passe pas inaperçue, puisqu'il est alors repéré par un certain Max Gaines.
< Chapitre précédentFéministe d'un autre siècleChapitre suivant >Wonder Woman, l'incarnation de sa philosophieMax Gaines n'est pas n'importe qui pour l'industrie de la bande-dessinée américaine puisqu'il est considéré comme le pionnier du média. En effet, notre ami Max a édité en 1934 ce qui est considéré comme le premier comic-book américain, Famous Funnies, qui sera rapidement épuisé grâce à un succès sans précédent. Quelques années après, l'américain entendra parler de deux jeunes hommes qui travaillent sur une série qui met en scène un héros rouge et bleu. Il s'agit de Jerry Siegel et Joe Shuster, alors en pleine création de Superman. Il comprend rapidement le potentiel du personnage et présente l'idée à Jack Liebowitz et Harry Donenfeld, à la tête de la maison d'édition National Allied Publications qui deviendra, à la suite d'une fusion, DC Comics.
Après avoir lu l'interview de William Moulton Marston, Max Gaines décide de mettre la main sur le bonhomme et le présente à Sheldon Mayer, éditeur chez All-American Publications, une autre maison qui fusionnera pour donner vie à la Distinguée Concurrence. Marston exulte et sent qu'il va enfin pouvoir mettre à profit ses idéaux et son envie d'éducation sur le féminisme en créant un personnage qu'il pense d'abord comme l'anti-Superman. L'idée est d'introduire une héroïne dans un média où les figures sont toujours masculines et font l'apologie de la violence en réglant leurs différents conflits à coups de bourre-pifs bien placés. À l'époque, Superman est d'ailleurs même considéré comme un personnage hautement fasciste, puisqu'il affiche des valeurs politiques un peu trop figées.Porté par ce succès, William Moulton Marston continuera de défendre les valeurs de son héroïne jusqu'à sa mort, en 1947, des suites d'un cancer de la peau. Diana Prince lui survivra et continuera ainsi d'évoluer pour devenir l'icône qu'elle est aujourd'hui. Et si l'aspect féministe de l'héroïne n'a peut-être jamais été aussi présent que dans les écrits de Marston, on imagine que l'homme doit être ravi de constater depuis les cieux le parcours effectué par son héroïne, qui reste encore aujourd'hui un modèle incontournable de la femme forte.
C'est donc avec ce background impressionnant que le jeune William commence sa carrière qu'il avait pourtant déjà lancée quelques années plutôt en s'initiant à l'écriture de scénario de films. Cette première expérience restera l'une des plus importantes de sa carrière et lui ouvrira beaucoup plus tard les portes de l'art séquentiel, lorsqu'il intégrera les rangs de DC Comics. Mais ne sautons pas les étapes puisqu'avec un tel niveau d'études, William Moulton Marston est avant tout un scientifique et un théoricien de la société. Il met d'ailleurs en pratique l'une de ses réflexions, soufflée par sa femme Elizabeth, sur le lien entre la pression sanguine et les émotions. C'est ainsi qu'il invente le test de pression sanguine systolique, qui permet donc de détecter les variations de comportement d'un sujet grâce à l'afflux sanguin envoyé par son rythme cardiaque. Pas anodine, cette méthode participera grandement à l'invention des détecteurs de mensonges modernes. On pourra d'ailleurs noter qu'une telle création restera fortement gravée dans l'ADN du bonhomme lors de la création de son héroïne, et de son fameux lasso de la vérité.
William teste le détecteur de mensonges au calme
William et sa femme Elizabeth, tranquilles à la plage
Il avait rencontré sa deuxième partenaire à l'Université de Tufts et elle était rapidement devenue l'assistante de ses nouvelles recherches. Malheureusement, la période fut assez trouble pour le bonhomme, dont le mode de vie ne plaisait pas tellement aux universitaires. Il est alors déplacé d'école en école, jusqu'à ce que sa carrière de professeur prenne finalement fin. Il ne se laisse cependant pas abattre et se retourne alors vers son vieil amour, le septième art.