En septembre 2016 démarrait Glitterbomb, une mini-série de Jim Zub (Wayward) en quatre numéros. Un récit horrifique se déroulant dans l'envers du décor Hollywoodien, où au-delà des strass et paillettes subsistent l'hypocrisie, les mensonges et les pires coup-bas. Après un final on ne peut plus sanglant, Zub et Djibril Morissette-Phan reviennent avec ce nouvel arc, sous-titré The Fame Game, pour continuer à parler de célébrité mais sous un autre angle.
On se remet donc dans le bain des évènements précédents. La tuerie orchestrée par Farrah a embrasé tous les médias, avides d'en savoir plus sur la criminelle. Et qui de mieux que sa baby-sitter Raydon Klay pour en parler ? Cette dernière se retrouve donc au centre de l'attention suite à ce sinistre évènement. Une attention qui ne lui déplaît pas, elle dont l'unique ambition est d'être célèbre (et riche). Mais la célébrité à ses revers, surtout quand de mystérieuses créatures s'invitent dans la partie. Zub reprend la recette qui fonctionnait parfaitement dans sa première mini-série, en imageant la partie horrifique comme une expression des plus gros ressentiments que le milieu pervers d'Hollywood manifeste chez ceux qui en subissent les affres. Sans que ça ne soit trop caricatural, on se retrouve plongé à nouveau dans un univers ultra froid et cynique, peuplé d'opportunistes sans vergogne, entre bourreaux en devenir et victimes qui s'ignorent, l'humain étant délégué au dernier plan. Sans les éléments horrifiques, ça ferait déjà froid dans le dos.
Mais l'intérêt de Glitterbomb : the Fame Game #1 tient dans la poursuite d'une même thématique avec ce nouvel angle. Alors qu'avec Farrah, c'était la célébrité perdue qu'on voulait retrouver, Raydon Klay est ingénue et totalement naïve du système dans lequel elle s'apprête à entrer. Surtout qu'il s'agit d'un tout autre phénomène de "star" puisqu'elle n'est pas propulsée par une oeuvre culturelle mais un sordide fait divers. C'est cette capacité qu'ont les médias à pouvoir propulser des personnes dans les hautes sphères de l'attention qui captive, et l'on se doute bien que tout cela ne pourra qu'empirer. C'est d'ailleurs déjà montré dans ce numéro avec une illustration excellente des "propos rapportés hors contexte" aussi cynique que cinglante. Clairement, Zub a envie de tailler dans cet univers et il ne s'en prive pas, et l'exagération se fait à peine ressentir. En ramenant en outre l'intrigue à Raydon - qui n'est qu'une adolescente, l'auteur peut également décrire une autre forme de cruauté et disperser un propos alors plus universel.
Toujours est-il que Glitterbomb s'inscrit aussi dans le récit d'horreur, et là aussi Zub ne déçoit pas. Forcément, il n'y a plus la même surprise qu'aux premières heures mais l'auteur utilise de bons procédés pour remettre en avant ses créatures, dont l'origine ou la nature restent de grands mystères. Mais ce n'est pas l'important puisqu'elles servent à manifester en premier lieu les humeurs les plus sombres de notre héroïne principale. Et il faut bien avouer que le design choisi, largement inspiré des Uroboros de Resident Evil 4/5, avec une orientation encore plus insectoïde, a de la gueule. On doit ce rendu à Morissette-Phan qui par ailleurs continue de donner une partie graphique très agréable. Son trait me fait penser à un Sean Murphy dans les angles, avec un dessin certes moins précis, mais vous aurez compris le propos. Les émotions transparaissent parfaitement dans les visages des personnages, et on peut sentir également un certain plaisir pour les parties les plus graphiques (qui n'abondent pas, que les âmes sensibles se rassurent).
Il y avait clairement des enjeux pour cette nouvelle histoire après le final tonitruant de Glitterbomb, et Jim Zub ne déçoit pas. En gardant la même thématique mais en l'attaquant sous un nouvel angle, l'auteur renouvelle son propos tout en restant très juste, avec ce qu'il faut d'éléments horrifiques pour captiver. The Fame Game n'a pas fini de faire des victimes, et on ne pourra que vous recommander d'être là pour voir les corps s'empiler.