Bonjour Fabrice, bienvenue sur COMICSBLOG.fr et merci de prendre le temps de répondre à notre interview.
COMICSBLOG.fr : Premièrement, est-ce que tu peux brièvement te présenter, nous parler de ton parcours dans et autour des comics, et éventuellement nous raconter comment tu en es venu à aimer puis écrire les super héros...
Fabrice : Wow. Ça risque de prendre un moment. Alors il est préférable d'utiliser la version ultra-short. Est-on programmé pour aimer les comics et les super-héros ? Je ne sais pas. Quand j'étais môme, j'étais un assidu du kiosque d'à côté de chez moi. J'achetais presque tout ! Bizarrement, mes premiers souvenirs d'achats ne sont pas Strange ou Titans, mais les pocket noir et blanc de Flash et Green Lantern ainsi que les Conan et le Superman de Sagedition. Je devais avoir 7-8 ans. J'ai commencé à m'intéresser à Marvel seulement aux alentours de 11 ans. Je n'ai jamais décroché depuis. Et puis, il y a eu la naissance de Comic Box en 1998. Pour ce qui est de l'écriture, c'est plus frais. Il faut une sacré dose de confiance pour écrire et aller proposer son idée. Mais quand j'ai un truc dans la tête… (rires). Plus généralement, j'aime les défis. J'ai toujours aimé la Presse et l'édition. Mais je n'y connaissais personne. Je suis arrivé, je crois, à faire mon trou à force d'obstination, et en me prenant pas mal de vestes. Normal, j'ai envie de dire. Je suis aussi entouré de gens formidablement patients avec moi.
On te sait journaliste puis scénariste, est ce que ton point de vue sur le milieu qu’est le Comics a changé lors de ta première expérience d’écriture pour Marvel ?Pas vraiment. Je connaissais déjà beaucoup l'envers du décor. Quelques détails m'ont frappé dans la manière qu'à Marvel de gérer ses auteurs ou ses séries. On est, pardonne le terme, mais "dans le noir" pendant longtemps. On propose une idée. La réponse vient relativement vite. Puis, tout cela est validé par le service juridique qui s'occupe des contrats. Là, ça peut prendre plusieurs semaines, voire des mois. Ensuite, les éditeurs reviennent vers nous avec un calendrier. Et puis, une fois les détails réglés, on nous laisse travailler. Mais Marvel est très économe en informations. Par exemple, nous n'avons pas su, ou vaguement qu'il y avait d'autres séries Noir que Spider-Man Noir jusqu'à ce qu'on l'apprenne… dans les comics eux-mêmes ! Pour tout dire, lors de la création de la première mini-série, nous avons rendu le dernier script en juin 2008 et avons appris début septembre que la série démarrerait en décembre du même mois aux USA. Dave [Hine] et moi, avons même pensé que ça ne sortirait jamais à un moment. Et puis, pour la seconde série, tout a été très vite. Marvel nous a demandé d'y réflechir dès janvier 2009, alors même que la première série n'était pas terminée.
Est-ce facile pour un scénariste français de percer au cœur des Comics ? Autant les dessins d’un illustrateur parlent pour lui, là ce sont tes idées que tu dois imposer, et on imagine les américains frileux par rapport aux scénaristes Français, sûrement trop froids à leur yeux.
Hélas, je suis un bon et un mauvais exemple. J'étais déjà présent dans le milieu depuis 10 ans quand j'ai signé pour faire Spider-Man Noir. Quand on sait à quelle porte frapper, forcément, ça aide. Mais ça ne fait pas tout. Si l'idée avait été mauvaise, Marvel l'aurait rejetée. Point. Cela dit, j'avais mis au point une stratégie qui s'est revelée payante : m'allier avec un autre scénariste plus experimenté, rassurant pour Marvel et forcément plus "bankable". Bien que l'idée vienne de moi, j'ai preféré faire écrire "Scenario : David Hine avec Fabrice Sapolsky" que l'inverse. Et la contribution de Dave est juste essentielle. J'ai énormément appris avec lui. La série est autant la sienne que la mienne. Je pense que Marvel accepterait une bonne idée d'où qu'elle vienne. Par contre, le risque qu'ils payent pour cette idée et la fasse réaliser par quelqu'un d'autre existe. C'est déjà arrivé. Avant tout, pour arriver à caser son script chez un éditeur Américain, il faut avoir un excellent niveau d'anglais. Et même comme ça, ça ne suffit pas toujours. S'associer à un anglophone a été ma solution, mais je suis sûr que d'autres arriveront avec une idée qui fera mouche. Pour ce qui est de la "frilosité" supposée des Américains, là, je crois que c'est un mauvais procès qu'on leur fait. Nous avons été étonnamment libres sur Spider-Man Noir ! Regardez-bien : Oncle Ben et Tante May en communistes, le vautour en cannibale, Octopus en suppot du Dr Mengele… Franchement, on y a été fort ! Sans parler du fait que notre Spider-Man utilise un flingue pour liquider quelqu'un !
Question peut-être indiscrète, mais est-ce que tu arrives à vivre de ces 2 activités ? (Comic Box et l’écriture)
C’était un rêve pour toi d’écrire Spider-man, ou une commande de la part de Marvel ? D’ailleurs, à quels personnages aimerais tu t’attaquer dorénavant ?
Et enfin, que penses-tu du regain d’intérêt de la France et des Français pour les Comics ? On voit les rayons s’étoffer, des Comics rares sont édités, les auteurs du Silver prennent de l’importance aux yeux des lecteurs et les années 90 paraissent loin derrière. Le grand public se lie d’amitié pour les héros en collant… Comment expliques-tu ce phénomène ?
Pour finir, un petit jeu que l’on soumet à toutes les personnes que l’on interview, le « tac o tac ».
10 questions courtes, 10 réponses courtes. Tu peux toutefois étayer si l’envie t’en prend !
1) Marvel ou DC?
2) Stan Lee ou Jack Kirby?
3) Superman ou Captain America?
4) Frank Miller ou Mark Millar?
5) Golden Age ou Silver Age?
6) Ton adaptation cinéma préférée ?
7) Ton artiste préféré?
8 ) Le travail dont tu es le plus fier.