Brian Michael Bendis a déjà connu nombre de succès dans ses projet de creator-owned parus chez Icon, le label indépendant de Marvel. Que ce soient Powers, Scarlet ou encore Takio, tous dans des styles bien différents, tous ont rencontré un succès d'estime et parfois commercial. Alors qu'en est-il du dernier projet du scénariste principal de la Maison des Idées, Brilliant ?
Un brillant un peu terne
Ici, Bendis se lance dans la description d'un monde qui ne connait pas les super-pouvoirs, très proche du notre au final. Et il y introduit une bande d'étudiants géniaux qui vont faire la découverte de ces capacités post-humaines. Seulement voilà, ici on parle bien de super-pouvoirs et pas de super-héros, Bendis choisissant un point de vue certainement plus réaliste que ce qu'il peut faire dans l'univers Marvel. Ici pas de grandes responsabilités accompagnant ces grands pouvoirs, la série s'ouvrant sur un hold-up commis par l'un de ces génies, dans un but totalement trivial puisqu'il se servira de l'argent récolté pour offrir un téléphone à l'un de ses camarades. S'ils sont géniaux, ces étudiants sont aussi immatures comme un personnage de American Pie. Si l'idée de départ pouvait être intéressante, reste le traitement narratif choisi par le scénariste au crâne reluisant. En effet, la seule scène un peu marquante étant celle d'ouverture. On connait son goût pour la décompression à l'excès. Dans ces pages, c'est carrément l'extrême de ce procédé qui est exposé puisqu'il ne se passe strictement rien, Bendis s'appuyant sur son talent naturel pour les dialogues et s'amusant à en faire une longue suite ininterrompue de répliques à tendance humoristique, avec catch-lines bien sentie et multiples références à la pop-culture. Seulement voilà, ça ne nous permet pas de rester accroché et le tout se délayant, on ferme le comic en ayant l'impression de l'avoir ouvert seulement quelques secondes auparavant.
Un duo historique
Ce qui a fait grande impression à l'annonce de ce titre, c'est que l'équipe créative est l'une les plus reconnue actuellement dans le milieu des comics. En effet, Bendis a reformé le duo qui a fait le succès incontestable d'Ultimate Spider-Man avec le dessinateur Mark Bagley. Seulement, on sait que cet artiste a deux facettes, celle formidable qui a travaillé sur la version rajeunie du Tisseur, et celle catastrophique qui a oeuvré sur Trinity et la Justice League of America, en somme, il est un peu le Docteur Jekyll et Mister Hyde des comics. Alors ici, à quelle facette a-t'on affaire ? Et bien, en fait on se trouve au milieu, ce n'est ni le brillant dessinateur qu'on a découvert sur Spidey, ni Mark Baclé de chez DC Comics. Il s'applique à faire un travail honnête, rien de fou, mais pas d'erreurs grossières, un travail d'illustration correct. Ce qui le désavantage grandement, c'est l'encrage de Joe Rubinstein qui est franchement brouillon, parfois presque baveux. Et le choix des couleurs, très terne et sale pour coller à l'ambiance film de campus, peut-être discutable, mais ne peut pas être vraiment incriminé. On attend de voir ce qu'il se passera au niveau quand le récit décollera vraiment.
On assiste ici à un épisode où Brian Bendis se repose beaucoup trop sur sa virtuosité à ciseler des dialogues, oubliant parfois de faire avancer l'intrigue. Reste que le projet est toujours aussi engageant, et demande juste de démarrer un peu. On garde espoir malgré tout dans ce duo qui se connait par coeur et qui a livré l'un des chefs-d'oeuvre de ces dernières années.