Home Brèves News Reviews Previews Dossiers Podcasts Interviews WebTV chroniques
ConnexionInscription
J. Michael Straczynski: la littérature du divertissement

J. Michael Straczynski: la littérature du divertissement

DossierDelcourt

Alors que Rising Stars bénéficie d'une republication de qualité par Delcourt, que l'on vous propose de gagner dans un concours, il était temps de revenir sur la carrière et les thèmes prédominants d'un scénariste qui est l'un des plus grands noms de l'industrie des comics, mais qui pourtant a toujours semblé rester en marge de celle-ci.



On l'appelle Joe

J. Michael Straczynski est un pur produit californien, malgré le fait qu'il soit né dans le New Jersey (en 1954). En fait, il y aura vécu la plus grande partie de sa vie, à San Diego plus précisément, il y fera même ses études. Et comme tout bon californien, son regard se porte tout d'abord sur tout ce qui a un rapport avec les images animées, que ce soit à la télé ou au cinéma. Mais il y a aussi chez lui un amour inconditionnel pour la littérature et tout ce qui est relatif à l'écriture, étant l'un des rédacteurs les plus prolifiques du journal de son université. Mais avant même de travailler dans l'un ou dans l'autre, il sera chroniqueur pour une radio locale, et cette expérience va lui permettre au fil de différentes interviews de rencontrer de nombreux artistes de talent dont certains auront une influence sur lui. On peut notamment nommer parmi ceux-ci les auteurs de science-fiction Ray Bradbury (Fahrenheit 451) et Harlan Ellison (Un Gars et son Chien), mais surtout Neil Gaiman qui va devenir son ami et lui permettre de mettre le pied à l'étrier.

Très fan du dessin animé Les Maîtres de L'Univers, JMS va leur envoyer un script au culot, et bonne pioche puisqu'il est alors engagé et qu'il va y rester un moment, et même travailler sur le spin-off She-Ra. Une fois rentré dans le milieu, les projets vont se multiplier, après avoir travaillé sur le dessin animé tiré du film Ghostbuster, il va arriver dans le monde des série live. Après avoir écrit un épisode d'Au-delà du Réel et adapté Dr Jekyll et Mister Hyde de Robert Louis Stevenson (épisode qui lui vaudra d'être nominé à la Guilde des scénaristes), il va se retrouver sur la série Captain Power dont les producteurs sont...Mattel. Mais l'interventionnisme du constructeur de jouet va pousser Stracz' à quitter la série au bout d'une saison. C'est alors que va se déclencher la grève des scénaristes de 1988 (comme quoi, ce n'est pas nouveau pour eux). Durant celle-ci, il va retomber sur Harlan Ellison avec il va sympathiser. Une fois la grève finie, on le contacte pour devenir l'éditeur exécutif du scénario de la nouvelle série Au-delà du Réel, il va ainsi écrire un grand nombre des épisodes, et faire rentrer Ellison  pour qu'il en écrive un. Son nom commence alors à tourner dans le milieu, et il se retrouve alors propulsé comme co-producteur d'Arabesques. Il va tellement revitaliser la série qu'en deux saisons elle se retrouvera dans le Top 10 alors qu'elle végétait dans le milieu du classement. Il n'en oublie pas pour autant le média du papier puisque c'est à cette période qu'il va publier son premier roman, Demon Night, une histoire d'horreur.

En 1991, il va entamer ce qui va le faire connaître auprès du grand public et le projeter directement sur le devant de la scène. Il écrit pour Warner Bros. la série Babylon 5 qu'il produit entièrement. Dès le début, il sait où il va puisqu'il en a écrit la ligne directrice des cinq saisons.Ce projet ambitieux sera son bébé de bout en bout puisqu'il en écrit près des 2/3 (dont les saisons trois et quatre intégralement), convie ses amis Harlan Ellison et Neil Gaiman à venir écrire leur épisode et qu'il développe déjà les thèmes qui l'obsèdent. Il y réfléchit sur la place de la religion (alors que lui-même est profondément athée) et sur sa portée, et fait revenir souvent la notion du "Complexe du Martyr" (qu'il développera dans les comics). Cette série sera aussi pour lui l'occasion de développer une réflexion sur la politique de son pays, notamment sur l'obsession de ses dirigeants pour la sécurité. Cette série à la pointe de la technologie de l'époque, puisqu'elle est la première à avoir utilisé le procédé de CGI, a ramassé de nombreuses récompense, dont plusieurs Emmy Awards. Cependant,une fois achevée, il souhaite produire un spin-off. Et malgré le feu vert initial, la Warner revient sur sa décision et Crusade ne verra jamais le jour. Ce qui va dégoûter Straczynski et le pousser à s'intéresser à un autre média.


Une étoile montante

C'est ainsi qu'il arrive dans les comics. Pour être tout à fait exact, il avait déjà scénarisé des comics par le passé en adaptant Babylon 5 et Captain Power (avec le dessinateur Neal Adams). Il avait aussi déjà écrit un épisode de Star Trek. Mais en 1999, il débarque un projet plus ambitieux chez Top Cow Productions, au sein duquel il crée le studio Joe's Comics. La première série publiée dans cette structure est Rising Stars qui raconte l'histoire de cent treize personnes qui manifestent des capacités hors-normes après le passage d'une étrange lumière dans le ciel de leur petite ville de l'Illinois. La série explore comment ces personnes et ceux qui les entourent réagissent à l'apparition de ces super-pouvoirs. Le succès de cette série permettra à JMS de créer de nombreux spin-offs. Avec l'un des dessinateurs de cette série, Gary Frank, il lance ensuite la mini-série Midnight Nation. On y suit le voyage d'un homme qui a été assassiné pour sauver son âme. Encore une fois, Stracz' s'interroge sur la religion et approfondit sa réflexion sur le rapport à la mort.

Avec seulement ces deux séries au succès immédiat, il s'est fait un nom. Ainsi, en 2002 Marvel lui propose un contrat d'exclusivité et lui confie les rênes d'Amazing Spider-Man, soit l'un de leurs titres les plus importants. Et il y restera pendant cinq ans, avec John Romita Jr. (qui faisait de belles choses à l'époque), Mike Deodato Jr. puis Ron Garney, en profitant pour redynamiser une série qui souffrait d'un désintérêt des lecteurs. Il en profitera pour redéfinir certains aspects de la mythologie du Tisseur en introduisant la thématique des totems-animaux. Pendant ce temps-là, il va en profiter pour remettre au goût du jour l'Escadron Suprême dans Supreme Power avec son camarade de chez Top Cow, Gary Frank. Et il écrira aussi les Fantastic Four pendant Civil War. Après Spider-Man, il va s'attaquer à un héros plus cosmique dans la mini-série Silver Surfer : Requiem où accompagné du dessinateur Esad Ribic il va renouer avec ses thèmes de prédilections que sont le rapport à la mort et le complexe du martyr. Mais là où il va encore plus les approfondir durant son travail chez Marvel, c'est quand il va prendre les rênes de la série Thor avec Olivier Coipel. Saluée par la critique et les lecteurs comme l'une des meilleures parutions de la Maisons des Idées de ces dernières années, il va y confronter le dieu nordique à sa condition divine en interrogeant le rôle des dieux et le rapport qu'ils entretiennent avec l'humanité et réciproquement. Il va aussi mettre son héros face à la notion de sacrifice pour le bien de tous dans un run maîtrisé de bout en bout. Il va aussi entamer une maxi-série intitulée The Twelve où il fait revenir à notre époque des héros de Timely Comics, l'ancêtre de Marvel. On devrait en voir la fin très prochainement. Car si celle-ci n'a jamais été terminée, c'est que J. Michael Straczynski va tout bonnement claquer la porte de Marvel quand il découvrira à la parution de son dernier épisode d'Amazing Spider-Man que Joe Quesada a rajouté quelques pages modifiant toute son histoire sans le tenir informé. Il va alors attendre la fin de son contrat d'exclusivité et partir quelque peu vexé.

Il va alors tout naturellement passer chez la Distinguée Concurrence. Le premier projet qu'il met en route chez eux est The Red Circle, une ligne où DC Comics tente de lancer de nouveaux personnages. Mais cette première tentative est un total échec. Il va alors se voir confier la série The Brave and the Bold, qui sera là un succès puisqu'un l'un des épisodes gagnera un Eisner Award. Il va alors enchaîner avec un graphic novel dessiné par Shane Davis : Superman : Earth One. Et ce sera l'un des plus grands succès de librairie connus par l'industrie des comics. Et alors même que DC avait annoncé en grande pompe son arrivée sur les séries Superman et Wonder Woman, il quittera le navire au bout de trois épisodes. Cela à cause du succès inespéré de son graphic novel et aussi des nombreux projets de scénarii pour le cinéma. Il a en effet signé le scénario de L'Echange de Clint Eastwood et du prochain Underworld, et prépare l'adaptation du jeu-vidéo Shattered Union ainsi que du best-seller World War Z. Il n'en a pas fini pour autant avec les comics puisque le second volume de Superman : Earth One est en préparation et devrait sortir cette année.


Alfro
à lire également
Commentaires (7)
Vous devez être connecté pour participer