Thief Of Thieves c’est le nouveau hit surprise d’Image. Déjà épuisé quelques semaines après sa sortie, le titre a su créer l’évènement. Il faut dire qu’il y a du beau monde aux manettes. L’homme à tout faire de l’éditeur au I, Robert Kirkman (Walking Dead, Invincible), se charge de l’histoire. Il délègue le script proprement dit au scénariste qui monte Nick Spencer (Ultimate X-Men, Morning Glories). Et le solide Shawn Martinbrough (Detective Comics, Challengers Of The Unknown) assure le dessin. Mais que vaut réellement ce titre ?
Thief Of Thieves est l’équivalent comics d’un heist movie (pensez Ocean’s Eleven, Braquage A L’Italienne et autres Haute Voltige). Et comme la plupart des histoires de ce style, il carbure au style, à la classe pure. Pour s’en convaincre il n’y a qu’à regarder le héros, Redmond. Voleur hors pair, il est plutôt taciturne, mais intelligent et charismatique. Les excellents dialogues de Nick Spencer le rendent fascinant, comme lorsqu’il donne une leçon de vol de voiture à son assistante (ne dites surtout pas apprentie) Celia. Celle-ci est l’autre star du titre. Plus volubile et sarcastique que son patron, et même un tantinet provocante à l’occasion, elle offre un bon contrepoids à Redmond. Leur relation (platonique) est d’ailleurs le gros point fort de ce premier numéro.
Au niveau de l’histoire proprement dite, premier numéro oblige, on n’est pas très avancé. On sait que ça va tourner autour d’un casse (c’est pas vrai ?) à Venise mais pas plus. En fait ces 22 pages sont vraiment consacrées à la mise en place de l’univers du titre. Et pour ça la narration déstructurée, faite de scénettes successives avec flashback (le cours de vol de voiture) et même un aperçu du futur pour la première page, accomplit des merveilles. On est juste perdu comme il faut, tout en étant happé par les arnaques du duo Redmond-Celia. Et la dernière partie du comic, plus posée et introduisant justement le fameux casse vénitien, réserve une belle surprise en guise de cliffhanger qui laisse espérer de belles choses pour la suite de la série. On devrait en effet avoir droit à plus que la simple mise en place et exécution du casse. A voir.
Au final on ne relèvera qu’un réel défaut dans ce numéro, qui ne gène pas vraiment mais auquel les auteurs devront faire attention pour la suite. Ainsi pour introduire Redmond et Celia on assiste à l’un de leurs coups. Et il y a une incohérence énorme dans le déroulement de celui-ci. En gros un faux vol doit permettre à un complice se faisant passer pour la victime de s’introduire dans une salle des coffres pour commettre le véritable larcin. Le seul problème c’est qu’on ne voit pas pourquoi la fausse victime doit prétendre s’être faite dépouiller pour avoir accès à ce que tout le monde croit être SON coffre. Il lui aurait suffit de demander. Cette bourde s’explique sûrement par le fait que la séquence n’a pas de réel impact sur le scénario et sert seulement à montrer à quel point les personnages sont rusés (de ce côté ça marche d’ailleurs). Du coup les auteurs n’y ont pas plus réfléchi que ça. Pour une séquence « utilitaire » on peut laisser passer. Si ça se reproduit sur une autre scène plus essentielle, là ce sera rédhibitoire.
Au dessin Shawn Martinbrough est très solide, avec son trait anguleux et ses lignes claires. Il n’y a pas toujours pléthore de détails, mais il y en a assez. Ses personnages ont des « gueules » facilement reconnaissables. Redmond notamment est très réussi, avec son visage taillé dans le granit et perpétuellement fermé, mais aussi avec son élégance. Les sourires en coin de Celia laissent parfaitement transparaître sa personnalité. Et son changement de look de petite frappe à assistante de Redmond est impeccable. Les décors sont généralement fouillés et les mises en page très cinématographiques, avec les trois quarts des cases en « cinémascope ». Enfin il y a un beau travail de la part du coloriste Felix Serrano pour poser une ambiance.
Thief Of Thieves #1 est donc un premier numéro efficace et accrocheur. Il marche au charisme, avec deux héros à la classe indiscutable et des dialogues impeccables. Les intrigues devraient être fouillées, pleines de tiroirs et autres rebondissements. On espèrera juste que la petite incohérence évoquée plus tôt restera un phénomène isolé. Au dessin Shawn Martinbrough effectue un travail efficace. Ce n’est pas pour lui qu’on achètera ce titre, mais il sert bien l’intrigue du duo Kirkman-Spencer. Reste plus qu’à espérer un second printing.
Les plus : Redmond et Celia, la classe
Les dialogues, impeccables
Le cliffhanger
Les moins : Une incohérence dans le casse
Dessin efficace mais pas très sexy
Notes
Scénario : 4/5
Dessin : 4/5
Globale : 4/5