L'été dernier, DC Comics a frappé fort dans le monde du comics en annonçant le relaunch de son univers, à peine 75 ans après sa création, flirtant même avec le reboot sur une bonne partie de son univers. Si ce n'est pas la première fois que l'univers DC est modifié par une crise ou autre pour amener un nouveau point de départ à un nouveau lectorat, l'idée était clairement ici de relancer les ventes face au géant Marvel dans un marché en déclin, le tout passant par un event qui paraissait alors quelque peu artificiel : Flashpoint.
Alors que Flashpoint commence en VF chez Urban Comics, avant l'arrivée du relaunch en mai, et que celui-ci atteint ses 6 mois d'existence, il est temps de faire un point sur la situation, alors que les premiers arcs sont à peu près terminés. Tout au long de cette semaine nous allons établir avec vous le bilan des 52 titres sortis avant de dresser le bilan général de la situation.
DC Comics nous a facilité la tâche en sortant 13 titres par semaine sur 4 semaines (au début). Nous allons donc baser notre découpage sur le leur, en commençant dès aujourd'hui par les titres de la semaine 1.
Action Comics : C’était une tâche difficile pour Grant Morrison de créer de nouvelles origines au plus célèbre des super-héros, et on doit avouer qu’il s’en tire plutôt bien en sachant mêler nouveautés et hommages à l’histoire de l’Homme d’Acier. Après ses premières aventures cependant, on commence à faire face à une histoire obscure dans un crossover avec la Légion des Super-Héros qui arrive peut-être un peu tôt. La série a aussi pour défaut d’avoir déjà vu trop de dessinateur en 6 numéros.
Note : 4/5
Animal Man : l’une des plus belles surprises de ce relaunch et qui place la ligne Dark très haut. La première aventure d’Animal Man va croiser celle de Swamp Thing dans une lutte horrifique et sans merci avec une force destructrice. Un quasi sans faute pour Jeff Lemire et Travel Foreman, si on excepte le numéro 6 qui est un temps mort somme toute peu utile si ce n’est pour laisser avance Swamp Thing.
Note : 4,5/5
Batwing : la Bat-family a peu changé lors de son arrivée dans les New 52, mais on ne sait pas trop ce qui est arrivé aux “Batman” internationaux. Ce qui est sûr c’est que Batwing est toujours là et lutte contre le crime en République Démocratique du Congo. Ce premier arc nous montre les origines cachées de David Zavimbe et son combat contre un super-vilan qui abat d’anciens héros d’Afrique. Certains verront l’ajout de cette série comme un prétexte pour remplir le quota de héros noirs chez DC, mais on ne peut nier que c’est une très bonne histoire bien menée par Judd Winick et Ben Oliver, avec un bémol pour des couleurs peut-être un peu trop froides.
Note : 3,5/5
Detective Comics : le titre historique de Batman bénéficiait avant les New 52 de la présence de Scott Snyder au scénario. Malheureusement il a changé sa place avec Tony Daniel et celui-ci ne peut pas tenir la comparaison derrière la qualité de la série Batman. Du coup si le titre n’est pas mauvais au point d’en être un navet, il en parait fade et sans intérêt avec en plus un premier ennemi de troisième zone. On y voit cependant bien plus le commissaire Gordon que sur les autres titres, et ce n’est pas pour déplaire, mais le titre demeure moyen.
Note : 2,5/5
Green Arrow : Pas facile de traiter ce justicier milliardaire qui n’a pas l’aura de Batman et ressemble un peu trop à Robin des Bois. Il lui est arrivé d’être bien défini cependant, et JT Krull qui a œuvré sur le personnage pendant longtemps y a fait du bon boulot. Mais avec le relaunch l’esprit n’est plus là et la direction prise est plutôt médiocre. On retrouve une ambiance et des personnages très 90’s et caricaturaux, des sous-vilains contre qui il se bat, et une ambiance bien trop adolescente. Il était d’ailleurs plus intéressant dansSmallville... A noter qu’à partir du mois prochain c’est Ann Nocenti qui reprend la série, après avoir arrêté d’écrire des comics (sauf deux ou trois brefs retours) pendant 15 ans !
Note : 1/5
Hawk & Dove : Quand on a appris que Rob Liefeld était au dessin de cette série, on s’est dit que la catastrophe était quasiment assurée. Nous avions été bien mauvaises langues, car si c’est loin d’être le meilleur titre de ce relaunch, il est loin d’être totalement indigeste. C’est un pur comics d’action, une sorte de buddy movie avec des super pouvoirs, et Sterling Gates a parfois des éclairs de génie dans les dialogues. Est-ce assez pour justifier l’achat de cette série ? Peut-être pas, surtout que la qualité ne va pas croissante au contraire (surtout pour les dessins où Liefeld retombe petit à petit dans ses pires travers). Mais en tout cas, ce n’est pas le pire titre qu’il nous ait été donné l’occasion de lire.
Note : 2,5/5
Justice League International : la Justice League est bien gentille, mais elle n’obéit à personne. C’est pourquoi pour faire face aux menaces que la Terre encoure et que les autres équipes ne peuvent traiter, les nations Unies mettent sur pied leur propre Ligue, constituée de héros aux nationalités diverses. Si on ne retrouve pas toujours l’ambiance et l’humour des volumes précédents de la série, il faut avouer que cette équipe hétéroclite de héros de secondes zones est intéressante, au moins d’un point de vue relationnel. Il faut voir où l’on va sur la longueur, mais pour le moment Dan Jurgens remplit son contrat.
Note : 3,5/5
Men
of War : Derrière
ce titre, il se cache en fait le Sgt. Rock modernisé. Si le premier
arc peut prêter à sourire puisqu’on assiste à la déconvenue
totale de soldats surentraînés face à un combats de surhumains, la
suite est beaucoup moins engageante et franchement soporifique tant
on ne ressent aucun enjeu et que le Sergent Rock en question à le
charisme d’une serpillière qui a nettoyé les toilettes d’un
restaurant routier. Si l’on ajoute à cela des back-ups plus que
dispensables qui font grimper le prix de ce comics, on se dit qu’on
ferait bien de passer son chemin.
Note : 2/5
O.M.A.C.
: Annoncé
comme un hommage à Jack Kirby dès le début, on sent effectivement
que les auteurs ont reprit la création du King avec beaucoup de
déférence. Keith Giffen allant jusqu’à singer le trait de son
maître. Seulement voilà, le scénario de Dan DiDio s’inspire lui
aussi des productions de Kirby, ce qui aujourd’hui fait forcément
un peu daté. Le tout sent la naphtaline et ne présente guère
d’intérêt. A ne lire que si on a un excès de nostalgie, dur à
supporter sur plusieurs numéros.
Note : 1,5/5
Red Lanterns : Il existe bien des Corps de Lanterns, mais à part les Green Lanterns, c’est le Corps d’Atrocitus, régi par la rage, qui a eu le droit à sa série. L’occasion pour Peter Milligan de développer la personnalité de ses personnages torturés, avec des moments très shakespeariens, et surtout le retour à la raison d’une poignée de personnages clés qui pourraient amener des changements radicaux pour ce Corps. Là où on s’attendait à un prétexte à la vengeance et à la torture, cette série cache finalement de très bons moments d’histoire et des relations plus qu’ambigües entre ses personnages.
Note : 3,5/5
Static
Shock : Ce
titre a été le théâtre à une dispute lamentable et ridicule
entre le scénariste et le dessinateur qui a conduit à l’éviction
du premier par le second au bout de seulement un numéro. Dans de
telles conditions, il était difficile d’avoir un bon contenu, mais
c’est en fait encore pire que ça. Le scénario orienté pour les
plus jeunes croit que les adolescents sont des demeurés finis et
fait passer Ben 10 pour de la haute littérature et le dessin dans la
stratosphère du catastrophique a dû donner des migraines à
l’encreur Jonathan Glapion. Ce qui est tout à fait dommage quand
on sait que ce titre était un hommage à Dwayne McDuffie, et par
respect pour ce grand homme on aurait vraiment aimé que les choses
se passent autrement.
Note : 0,5/5
Stormwatch : Après un entrée difficile dans l’histoire pour qui ne connaitrait pas Stormwatch et The Authority, les différents membres de l’équipe nous sont globalement bien réintroduits avant que tout ne bascule. Un concept de série intéressant quand on sait que désormais l’équipe est censée être u ne sorte de Justice League secrète et ultra puissante qui veille sur la Terre depuis bien longtemps. Le potentiel de liens avec les autres séries et avec l’histoire de ce nouvel univers DC est gigantesque. La série a changé d’équipe créative au numéro 6, et refait de même au numéro 9, donc la direction de la série est encore incertaine.
Note : 3,5/5
Swamp Thing : L’autre grosse surprise de ce relaunch avec Animal Man, et ce sont pourtant deux séries soeurs. Pas étonnant quand on sait que c’est Scott Snyder, l’un des meilleurs scénaristes de 2011 et promis à un bel avenir après son Batman, qui est aux commandes avec Yanick Paquette. La série nous présente le Dr Alec Holland, revenu à la vie avec les souvenirs de Swamp Thing, et qui a pour destin de devenir l’avatar de The Green (le Vert), force de la vie végétale. Sauf qu’il n’est pas prêt à accepter ce destin, bien qu’un combat inévitable se profile à l’horizon. Rien à redire jusqu’ici.
Note : 5/5
Bilan de la semaine :
Une première semaine toute en douceur qui vaut surtout pour les excellents Animal Man et Swamp Thing, mais avec un niveau général moyen, qui ne va pas exploser votre budget plus que nécessaire. Et parlons-en de votre budget, avec le panier idéal selon vos moyens (sur une base du 1$ = 1€).
Les complétistes qui ne comptent pas : le tout vous reviendra à 41€.
Les débutants qui cherchent un point d'entrée : l'idée du relaunch est de présenter un point d'entrée partout, mais on se contentera ici du mainstream sur les gros personnages avec Action Comics et Detective Comics pour 7€. Rajoutez Red Lanterns qui vous permettra de prendre tout un univers (l'univers Green Lantern ne compte que 4 séries, c'est plus simple que pour Batman...) et ça nous amène à 10€.
Les lecteurs qui cherchent du style Vertigo : Animal Man et Swamp Thing, pour 6€.
Le "A prendre à laisser" de la rédac' : Prenez Action Comics, Animal Man, Batwing, Justice League International, Red Lanterns, Stormwatch et Swamp Thing pour 22€, et laissez le reste.
Ont participé à l'élaboration de cette partie Alfro et Manu.
