Cela fait maintenant plus d'une semaine qu'a eu lieu la sortie officielle de The Dark Knight Rises en France, et on peut raisonnablement penser que vous êtes nombreux a l'avoir vu. Une bonne occasion de découvrir ou de redécouvrir la gigantesque saga qui a (en partie) inspirée le film et qui avait fait sensation à son époque, tout cela grâce à Urban Comics qui a ressorti Knightfall dans un volumineux album relié.
"La vengeance au coeur"
Dans les années 90, les éditeurs DC Comics ont décidé de faire de grandes sagas qui aurait un lourd impact sur leurs personnages. Pour Superman, ce fut la saga de sa mort qui eu une grande résonance jusque dans les médias généralistes, pour Batman, c'est ce Knightfall. Ce premier acte (sur trois) est construit de façon très classique, un enchaînement de personnages iconiques (ou moins d'ailleurs) de l'univers de Batman qui mène le héros au fur et à mesure vers la déchéance. Mais là où dans Batman: Hush ce schéma fonctionne à merveille, ici il faut avouer qu'ici, ça patine un peu. Là où dans la Revanche de Bane on voit un stratège hors pair, on sent dans cette histoire qu'il manque d'envergure car son plan est quelque peu facile et ne laisse pas au lecteur de sentiment de génie irrépressible.
Mais si Bane n'est pas aussi impressionnant ici, l'histoire est très divertissante, fonctionnant comme un film d'action mouvementé fort en effets pyrotechniques qui sont l'apanage de cette décennie. D'ailleurs, tout sent bon les années qui ont vu le succès de Bruce Willis et Sylvester Stallone. Une histoire linéaire mais qui monte crescendo vers un final qui fait le show, aucune restriction sur des scènes d'action plus folles les unes que les autres et un esthétisme un peu tapageur. Tous les dessinateurs se mettent au diapason, s'ils ne sont pas les plus grands talents de l'industrie, si l'on omet un très bon épisode de Jim Balent qui aurait pu devenir un très grand artiste s'il ne s'était contenté de faire du fan-service perpétuel sur Tarot.
"Vous imaginez Gotham sans Batman ?"
On pardonne beaucoup de facilités au scénario grâce à l'aspect brainless un peu assumé. Mais à la longue, l'intrigue cousue de fil blanc lasse un peu et on se surprend à attendre les apparitions de Bane, sachant qu'il est l'élément dramatique de cette aventure. On guette l'instant crucial, et en attendant, on supporte la relation évidente que nouent Bruce Wayne et son médécin, les agissements des hommes de mains un peu ridicules du vilain au masque de catch ou encore les apparitions d'ennemis de Batman qui sont pour certains tirés des tréfonds des oubliettes et sont aussi passionnants qu'un bouquin de Marc Levy.
Mais là où tout se joue, ce moment intensément tragique vers lequel toute l'histoire se dirige et qui reste l'un des plus grands momentum de l'histoire des comics, rendu inoubliable par cette magnifique couverture de Kelley Jones, justifie à lui tout seul la lecture de cette saga. Dès l'annonce de la présence de Bane dans The Dark Knight Rises, tout le monde avait souhaité voir le dos de Batman brisé, prouvant l'impact qu'a eu cette aventure. Le Chevalier Noir n'a peut-être jamais connu de plus grand échec, car c'est son esprit qui a failli, puisque malgré la violence du coup physique que lui inflige Bane, ce n'est que l'aboutissement d'une préparation habile. Mais : "On ne tombe que pour mieux se relever".
Si cette saga gigantesque (il reste encore deux tomes) a un peu mal vieilli dans son traitement, elle n'en reste pas moins d'une importance cruciale dans l'histoire de Batman et demeure agréable à lire. Et si elle relate la chute du Chevalier Noir, c'est qu'elle doit être prise dans son ensemble et prend tout son poids lorsque l'on en voit les conséquences.