Cette fois ça y est. Nous y
sommes. Marvel Now! a débuté sa course folle. Jusqu'à février
nous allons donc découvrir à quoi les personnages Marvel vont
ressembler pour les quelques années à venir (sauf fin du monde
imminente bien entendu). Il est naturel qu'au sortir de Avengers vs
X-Men la charge soit lancée par un titre mêlant les deux franchises
(il est d'ailleurs préférable d'avoir lu ou au moins de connaître
la fin de AvX avant de s'engager dans cette review). Alors ? La
qualité est-elle au rendez-vous ? La combinaison
Remender/Cassaday/équipe bad-ass fonctionne-t-elle d'entrée de jeu
? S'il m'est impossible de cracher sur le titre, c'est tout de même
avec un sentiment de "peut mieux faire" que j'ai rangé ce
numéro "historique" au milieu de ma collection.
Charles
Xavier est mort des main de son élève, de celui qu'il voyait comme
un fils, Scott Summers, le grand Cyclope (je vous avais dit qu'il
valait mieux connaître la fin de AvX). Si l'ex-boyscout reconverti
quasi-dictateur puis meurtrier ne semble pas plus contrarié que ça
par ce qu'il a fait, il ne manque pas de réaliser avec joie que la
race mutante a repris du poil de la bête et que le gène X reprend
ses droits un peu partout sur Terre. Voici donc le monde dans lequel
se situe Uncanny Avengers. Loin de se détacher du Marvel d'hier, Rick Remender nous présente ici un véritable épilogue de AvX au
même titre que AvX : Consequences peut l'être.
Le monde a
plus que jamais peur des mutants. Si Consequences permet de voir les
mesures que le gouvernement prend pour se munir de réponses efficace
face à la menace mutante, Uncanny Avengers nous dévoile le plan de Captain America pour éviter un nouveau AvX (et nous sommes de tout
coeur avec lui dans cette logique !) et la façon dont les mutants du
casting font le deuil du monde tel qu'il était avant. Les deux
titres se font donc écho et malgré l'écriture juste de Remender
c'en est décevant. Nous sommes ainsi parti pour un arc introductif,
posant les bases d'une nouvelle équipe avec une mission neuve et on
va se le taper de façon on ne peut plus classique.
Remender
avait lancé Uncanny X-Force sur les chapeaux de roue, sans blabla
introductif, en envoyant d'entrée de jeu son équipe au casse-pipe.
Ici le bonhomme prend son temps. L'équipe n'existe pas encore et Thor et Wolverine ont pour l'instant l'air des plus dispensables au
casting. Si pour Wolverine je ne m'inquiète pas tant l'auteur a
prouvé savoir l'écrire dans Uncanny X-Force, pour Thor sa seule
intervention marquante du numéro (une mauvaise blague) laisse
perplexe.
Mais tout n'est pas noir dans ce tableau, bien
au contraire. L'ajout le plus surprenant à l'équipe s'avère être
le personnage le plus intéressant. Pour le peu qu'il
s'exprime, Havok est bien écrit et sa présence et son rôle de
leader s'avèrent on ne peut plus justifiés. L'éloge funèbre de
Wolverine pour Xavier dont on nous parle dans Consequences est ici
révélée et sonne juste. L'antagonisme annoncé entre Scarlet Witch
et Rogue donne d'ores-et-déjà envie d'en voir plus. Bref, les
mutants ont la part belle dans ce titre qui est pour le moment plus
"Uncanny" que "Avengers".
Côté
rebondissements et surprises, ceux qui se sont un minimum renseigné
sur le titre regretteront que la Maison des Idées en ait tant révélé
sur sa série phare. L'écriture voulait que l'identité du grand
méchant sonne comme une surprise. Forcément, ça tombe à l'eau.
Seulement, fidèle à lui-même, non content de révéler l'identité
de l'ennemi du jour dans sa dernière page, Remender choque avec
celle-ci. Personne ne pourra accuser le scénariste de manquer
d'ambition après avoir vu ce tableau horrifique peint par John
Cassaday et Laura Martin.
Profitons donc de ce dernier
paragraphe (pfiou, enfin !) pour parler du binôme en charge de la
partie graphique. Le duo qui avait donné vie au Astonishing X-Men de
Joss Whedon est donc de retour, et si Laura Martin pète la forme aux
couleurs, on ne peut en dire autant de Cassaday. En bon dessinateur
qu'il est, l'homme sait mettre une histoire en image et son découpage
est irréprochable. Les expressions de ses personnages sont
parlantes. Mais au-delà de ça, ce premier épisode souffre de
grosses inégalités d'une page à l'autre et ne fait pas honneur au
talent de celui qui a brillé sur Planetary. Regrettable, mais il ne
s'agit que d'un épisode, le meilleur reste sûrement à
venir.
Loin de la révolution annoncée, Uncanny Avengers
reste un bon numéro d'introduction à une nouvelle série dont les
prémisses sont intéressants. Si la raison d'être de certains
personnages au sein de l'équipe reste à démontrer, d'autres
bénéficient d'un traitement exemplaire. Malgré des dessins en
demi-teinte, le travail des couleurs parvient à glacer le sang sur
les passages forts du titre. En somme, Uncanny Avengers #1 passe du
chaud au froid d'un bout à l'autre mais parvient tout de même à
laisser une relativement bonne impression. Surtout, quel cliffhanger
! Rien que pour lui, on est sûr de revenir !