Attention ! Le caractère exceptionnel et polémique de ce numéro va nous obliger à user en partie de spoiler. Si vous n'avez pas lu les numéros précédents, arrêtez-vous maintenant. Si vous avez lu jusqu'au 699, vous pouvez vous aventurer dans cette review jusqu'à la partie spoiler. Ensuite c'est à vos risques et périls, sauf si vous avez lu ce numéro anniversaire.
Spider-Man est probablement l'un des personnages de comic books les plus emblématiques. Celui auquel le lecteur a le plus de facilité à s'identifier. Celui avec qui le lecteur grandi. Du coup ce n'est jamais facile de tenter de révolutionner. Beaucoup s'y sont frottés, et beaucoup ont subis la colère des fans. Dan Slott, le scénariste actuel d'Amazing Spider-Man, a même reçu des menaces de morts suite aux changements qu'il amène dans ce numéro. Probablement un peu excessif, mais ce n'est pas pour autant que ce numéro 700 ne va pas vous choquer.
On connaissait les conséquences de ce numéro : un nouveau personnage va endosser le costume du Tisseur, cette fois nommé Superior Spider-Man. Ce ne sera pas Peter Parker. Mais qui ? Pourquoi ? Comment ? Un an après la mort d'Ultimate Peter Parker et son remplacement par Miles Morales, on pouvait s'attendre à tout, et Dan Slott a tant bien que mal tenté de garder son secret.
Avec le numéro 698 de la série, le Docteur Otto Octavius se retrouvait dans le corps de Peter Parker, destiné à lui voler son identité, et ce dernier se retrouvait bloqué dans le corps mourant de son ennemi. Alors parviendra-t-il s'en tirer ? Octavius deviendra-t-il vraiment un "Dark" Spider-Man ? Réponses dans ce numéro 700.
An Amazing End
On aura dit tout et n'importe quoi sur Dan Slott depuis ses débuts sur la série. Il a franchement navigué entre le très bon et le plutôt moyen, usant à de nombreuses reprises de grosses ficelles un peu abusées. Mais il aura tout de même écrit un run de légende et qui aura relancé le Tisseur comme il en avait besoin avec Big Time. Il nous promettait de diviser Internet en deux avec son numéro 700, et les spoilers sur la fin du numéro ont en effet fait parler. Mais il nous fallait juger sur pièce, et il faut admettre qu'il nous offre ici une fin sans temps mort, qui ne laisse rien et personne de côté ? Rien sauf l'émotion ?
On s'attendait en effet à un gros boom, à des pleurs, à des tiraillements. Dans tous les cas à être touché positivement ou négativement par cette fin. Mais si les scènes pensées pour nous émouvoir sont là, elles sont tellement faciles qu'on n'y croit peu. On pense notamment à la vision de Peter quand le corps d'Octopus commence à faire des siennes : elles est visuellement magnifique (merci Humberto Ramos !), les éléments sont là, mais l'émotion ne l'est guerre. Ou peut-être suis-je blasé ?
Et cette facilité on la retrouve tout au long du numéro. C'est dommage car il n'est pas mauvais, il est même plutôt très bon. Mais il aurait pu, et du être meilleur. Venons-en donc à la fin, qui va nous amener à Superior Spider-Man. Nous ne révélerons rien maintenant, mais disons que Dan Slott réussit la pirouette parfaite entre facilité et génie. On se dit en lisant qu'il n'aurait pu en être autrement, et cette fin qui divisait hors contexte se trouve plutôt bien justifiée. Et surtout elle ouvre de nombreuses portes pour l'avenir. Seulement une nouvelle fois, on remarque que l'émotion manque, et que ce qui aurait pu être bouleversant ne l'est pas. Et du coup, on a un peu de mal à y croire.
Alors déception ou non ? Gâchis ou non ? Ça dépendra de votre implication avec le personnage, mais je pense qu'on peut aimer Spider-Man et trouver cette fin plutôt bonne. Dan Slott offre une belle conclusion à son run sur Amazing Spider-Man avant d'en commencer un nouveau sur Superior Spider-Man, mais il lui manque tout de même la touche qui rendrait le tout plus magique.
A côté de l'histoire principale et comme pour le numéro des 50 ans il y a peu, on retrouve deux histoires plus courtes sur Spidey. La première par JM DeMatteis et Giuseppe Camuncoli nous offre un futur alternatif avec un Spider-Man qui aurait vieilli et raccroché le costume. pour se rapprocher de son petit-fils, il lui raconte ses exploits passés en tant que Spider-Man en usant d'une mémoire plus toute fraîche. Une histoire émouvante mais à l'implication fort limitée. Une seconde histoire plus humoristique replace Spider-Man en couple avec la Chatte Noire et nous montre comment elle l'aide à sa façon quand il part en mission. Une histoire très sympa par Jen Van Meter et Stephanie Buscema qui doit beaucoup à ses dessins.
Let's SPOIL ! (donc... SPOILER ALERT!)
Venons-en aux spoilers puisqu'on peut difficilement passer à côté. Oui, Peter Parker meurt. Oui il est remplacé par Otto Octavius qui s'est emparé de son coprs. Mais non ce n'est pas si simple.
Le vrai twist du numéro, et on pouvait s'y attendre, est que les souvenirs de Peter et d'Otto se mélangent, créant une nouvelle personnalité à ce dernier qui a désormais le sentiment d'avoir vécu tous les événements marquants de la vie de Peter. Ce n'est plus seulement le souvenir factuel des faits qu'il possède, mais aussi leur pouvoir émotionnel. Et c'est pour ça qu'il finit par promettre à Peter de devenir le nouveau Spider-Man et de prendre soin de ses proches.
En parallèle, Otto conserve aussi son savoir et ses souvenirs, ce qui lui donne un aspect plus sombre que Peter. Et ce savoir et cette part d'ombre, il va s'en servir pour devenir un meilleur Spider-Man que ne l'a été Peter. On commence d'ailleurs à le voir dans cet épisode alors qu'il surpasse Peter dans tout ce qu'il entreprend.
Tout ceci ouvre de pistes intéressantes pour la suite : ce n'est pas vraiment Otto qui reprend le costume, et Peter n'est pas totalement parti. Donc la révolution annoncée n'est pas totalement là. D'autant que la mort de Peter est un peu "sèche". Personne ne sait vraiment qu'il est mort et il n'a pas les honneurs qu'il mérite. On peut donc aisément imaginer un retour du personnage au fur et à mesure, avec une remise en avant de sa personnalité et un recul de celle d'Octopus. Mais ça, seul l'avenir nous le dira.
