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Bad Ass 1. Dead End, la review

Bad Ass 1. Dead End, la review

ReviewDelcourt
On a aimé• Du vrai bon comics "Made in France"
• Un personnage sympathiquement haïssable
• De l'action, beaucoup d'action...
On a moins aimé• ...un peu trop d'action ?
• Narration assez légère
Notre note

Le projet de Bad Ass est assez original et quelque peu "culotté". Proposer en format librairie une bande-dessinée résolument tournée vers l'autre côté de l'Atlantique, faire du comics mais chez un éditeur français, Delcourt en l'occurrence, avec des auteurs français. Pour une fois qu'on a l'occasion de lire du comics dans la langue de Molière qui ne soit pas une traduction, on n'allait pas se priver.

"Blague minable, c'est ta spécialité ?"


Le plus important quand on fait des comics et qu'on est pas Américain, c'est d'insuffler l'atmosphère nécessaire ainsi que les codes propres aux genres. Pas évident quand celui-ci tend à se diversifier si bien qu'il nous arrive de qualifier certaines séries de "proches du franco-belge". Alors autant faire dans le facilement identifiable, une mégalopole américaine, une enfance dans un trou perdu semblable qui pourrait se situer au Kansas et héros masqués. C'est d'ailleurs toute une galerie de personnages qui est introduite ici, avec ses héros archétypaux dont on reconnait aisément l'inspiration et surtout un personnage principal haïssable au possible, qui n'a rien du anti-héros puisqu'il n'a rien du héros tout court. C'est ici le principe de la série, on suit les tribulations d'un asocial à qui tout semble réussir. Dire que dans l'écriture et dans le thème, cela nous fait penser aux oeuvres de Mark Millar, avec Nemesis et Kick-Ass en tête, est aisé tant on sent qu'Herik Hanna a puisé son inspiration dans le travail de l'Ecossais.

Là où sent particulièrement l'influence "millarienne", c'est dans le rythme sous constante adrénaline du récit, avec son lot de pauvres gus qui y passent dans un déluge d'hémoglobine et dans la destruction systématique de l'environnement qui entoure Dead End. Le dessinateur Bruno Bessadi remplit là parfaitement sa lourde tâche de garder un rythme endiablé au fil des pages, proposant un dessin dynamique, qui lui aussi colle aux codes comics. On pourra parfois regretter la rigidité de certaines poses qui donnent à l'ensemble une impression d'exercice de genre un peu mal maîtrisé. Reste que ce volume se lit très vite, voire trop vite. Car s'il est plaisant et qu'on se délecte des tribulations du héros, on tourne la dernière page en se disant que le rythme mensuel serait recommandé ici tant l'action est poussée en avant au détriment du développement de l'histoire.



"Il est mal tombé avec moi."


Et si on encourage vivement cette initiative, d'autant plus que l'on trouve la lecture plaisante, il y a un point qui chagrine. Il s'agit de la narration en elle-même, car s'il on comprend que le but ici est d'avoir un récit décomplexé qui privilégie le fun, on remarque quand même que l'écriture est parfois un peu légère, voire "enfantine". Certes, qualifier cela d'enfantin alors que plusieurs personnages meurent dans des conditions épouvantables, proches du grand-guignolesque, peut paraître un tantinet inapproprié. Mais c'est surtout que le fil de l'histoire se déroule sans réelle anicroche. De la présentation des personnages aux péripéties, tout semble convenu et un peu désuet. On pourra arguer que c'est pour rendre hommage aux premiers comics et leur innocence d'alors, mais cela ne colle aucunement avec le thème de l'histoire. C'est donc d'une distance entre fond et forme dont on souffre ici. Reste qu'avec le second tome à paraître, qui nous présentera The Voice dont on nous parle énigmatiquement ici, on peut espérer voire l'écriture s'étoffer à mesure que de nouveaux éléments complèteront cet univers qui semble déjà bien riche.



Ainsi donc, c'est une initiative louable et qui apporte son lot de franches rigolades qui débarque ici sous le label Comics Fabric. On ne peut que l'encourager, d'autant plus que si des maladresses d'écritures sont présentes, c'est plus l'aspect hautement jouissif qui est à retenir ici. Pour un premier tome, c'est on ne peut plus prometteur.

Alfro
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