Bienvenue dans la deuxième édition de Comic Talk, votre nouveau rendez-vous bimensuel. Avant toute chose merci de la part de toute l'équipe pour l'accueil réservé au premier numéro. Seulement maintenant, comme a dit Steeve, on a la pression ! Mais qu'à cela ne tienne, nous allons nous efforcer de transformer l'essai.
Au sommaire de ce numéro vous aurez droit à la première partie d'un By The Way consacré au déclin de l'univers Ultimate chez Marvel (la suite au prochain numéro). Focus reviendra sur les comics qui nous ont le plus marqués, avec notamment le fameux Batman Incorporated #8. Dans son Corner, Steeve vous livrera ses réflexions sur la nature de "l'indé" en comics. Who Dat ? vous proposera de faire connaissance avec la belle Dejah Thoris. Et on finira comme d'habitude avec les Reviews Express (au fonctionnement toujours aussi chaotique, on vous rassure) et Eye Candy.
Prêt(e)s ? Alors on y va !
Qu’est-il arrivé à l’univers Ultimate ? (1ère partie)
Il y a quelques semaines, une sollicitation équivoque sur le Previews ouvrait la porte à une supposition un peu folle : et si Marvel mettait fin à sa ligne Ultimate ? Alors non, rien n’est sûr pour le moment. Mais serait-ce si fou ? Et surtout, serait-ce vraiment une mauvaise chose ?
Car je l’avoue, à la lecture de
l’information précitée, ma première réflexion a été que c’était bien triste,
mais qu’il était peut-être temps d’achever la bête, pour son bien. L’univers
Ultimate était jadis le fleuron de laMaison des Idées, symbole de son renouveau,
de son audace et de sa créativité retrouvée. Aujourd’hui il n’en reste plus
grand-chose (à part Ultimate Spider-Man,
on y reviendra). Et on peut légitimement se demander comment on en est arrivé
là. Voici quelques éléments de réponse.
Il était une fois…
Le pitch pour le lancement de la ligne Ultimate, à l’initiative de Joe Quesada et Bill Jemas (le big boss de Marvel à l’époque) était simple : elle devait être tout ce que les titres Marvel classiques n’étaient plus. C'est-à-dire accessible et moderne, voire avant-gardiste, débarrassée des scories de quarante années de continuité.
Plus concrètement, cela consista à recréer certains héros (et vilains bien sûr) Marvel comme s’ils étaient apparus aujourd’hui. Aux manettes, deux scénaristes qui avaient le vent en poupe, pas vraiment des stars mais des talents émergents : Brian Michael Bendis (qui faisait parler de lui avec Powers et le début de son Daredevil) et Mark Millar (qui avait cartonné avec The Authority).
Pour le roster, Marvel a fait simple et choisi ses deux plus grosses vaches à lait : Spider-Man et les X-Men. Quitte à repartir de zéro, autant le faire avec tous les atouts de son côté.
Puis le grand jour est arrivé. Critique et public étaient dubitatifs, échaudés par les tentatives passées de création d’univers parallèles (2099, MC2…). Ultimate Spider-Man #1 a mis tout le monde d’accord. Même engouement quelques mois après pour Ultimate X-Men #1. Et la cerise sur le gâteau fut The Ultimates #1, soit le film Avengers avec dix ans d’avance et en encore mieux.
Le triomphe était complet. Il
dura longtemps. Plus qu’on ne l’aurait cru possible. Mais le déclin finit par
arriver. Il continue encore aujourd’hui. Quatre raisons principales semblent
pouvoir l’expliquer…
Tempus fugit
La première raison tient à ce qui est à la fois le plus grand rêve et le pire cauchemar de tout éditeur : l’enrichissement de son univers. En plus d’une décennie d’existence, l’univers Ultimate s’est développé, de plus en plus de personnages sont apparus, une Histoire (grand H intentionnel) de l’univers s’est mise en place. Bref une continuité s’est créée.
Or se débarrasser de la continuité accumulée était justement l’une des vocations premières de la ligne Ultimate. Mais plus cette ligne durait dans le temps, plus l’univers devenait inaccessible aux nouveaux lecteurs. Et en même temps, Marvel ne pouvait qu’espérer que sa ligne serait pérenne. Oh le beau cercle vicieux.
Cependant cet écueil fut sans doute celui dont la Maison des Idées s’est le mieux accommodé. Pas en relançant sans cesse des numéros un (même s’ils ont eu de plus en plus recours à cette astuce de plus en plus souvent au fil du temps). Plutôt en s’en tenant à une de ces idées de base : faire que la ligne Ultimate reste peu conséquente en termes de nombre de titres publiés. Trois séries régulières (Spider-Man, X-Men puis Fantastic Four), auxquelles on peut ajouter les divers volumes des Ultimates, et quelques mini-séries. Du coup il était toujours très facile de s’y retrouver et même de tout lire si on le souhaitait.
Et surtout Marvel a développé une
politique d’édition de trade paperbacks
redoutablement efficace. Tous les arcs de toutes les séries étaient rapidement
disponibles et très faciles à se procurer. Alors oui, au dixième ou quinzième
volume relié d’un titre ça faisait toujours beaucoup. Mais au moins on pouvait
toujours prendre le train en marche.
Les premiers ratés
Ça aussi c’était inévitable avec le temps. A force de publier des histoires, il est fatal que certaines soient moins bonnes que d’autres, voire franchement mauvaises. Et soyons justes, la ligne Ultimate s’en est là encore plutôt bien tirée et a longtemps préservé son aura de label cinq étoiles pour les comics de super-héros.
Cette aura résista à Ultimate Team-Up, une tentative un peu bancale de construire très vite un univers étendu en introduisant chaque mois ou presque de nouveaux héros « ultimisés ». En effet la pléthore de créateurs indépendants prestigieux qui voulut travailler sur ce titre lui évita le naufrage.
Le premier vrai raté fut plutôt Ultimate Fantastic Four, qui ne trouva jamais son public malgré des ventes décentes. En fait le principal défaut de cette série était sans doute de chercher à concilier l’inconciliable. L’essence des FF c’est la famille qu’ils forment. Mais dans l’univers Ultimate le quatuor était adolescent, rendant la restitution de la dynamique originale difficile ou peu crédible. Et Doom était raté, disons-le franchement.
Plus généralement la qualité globale finit par baisser, notamment sur Ultimate X-Men où la succession de Mark Millar fut difficile. Bendis en était à son premier essai sur une série mettant en scène une équipe (et tricha en partie avec un premier arc consacré exclusivement au duo Wolverine/Spider-Man). Brian Vaughan s’en tira mieux, mais Robert Kirkman s’avéra beaucoup moins inspiré par la suite (en même temps Ultimate Onslaught….). Et les diverses mini-séries ne remportèrent pas toutes l’adhésion (Ultimate Daredevil/Elektra…), malgré la qualité de certaines (la trilogie Ultimate Galactus…).
Bref l’aura de la ligne en prit un coup, et aux yeux du public le label Ultimate ne fut plus systématiquement synonyme de qualité indiscutable. Mais là encore c’était quasiment inévitable.
à suivre...
Les titres DC auront particulièrement retenu notre attention cette fois-ci, entre Batman Incorporated #8, Legend Of The Dark Knight #6 et Saucer Country #12. Hélas pour la Distinguée Concurrence c'est surtout pour émettre des réserves que nous nous sommes attardés sur ces séries. Côté Marvel au contraire Kieron Gillen semble redresser la barre après des débuts laborieux sur Iron Man.
Jeffzewanderer
#review SaucerCountry 12 Hélas toujours pas de
réponse mais des enjeux posés plus clairement et le prof Kidd s'avère assez
intéressant 3,5/5
Une série finalement difficile à juger. D’un côté elle
propose une vision très intelligente et originale du thème des OVNI. Les
apparitions des petits hommes gris sont présentées comme une véritable mythologie
américaine, au sens premier du terme. Une mythologie que les personnages
s’efforcent de décrypter, dont les codes sont mis en lumière. On a même eu
droit à quelques numéros qui étaient de véritables cours d’ufologie. Le
problème c’est qu’à côté de ça l’intrigue (Arcadia Alvarado, gouverneur du
Nouveau Mexique et candidate à la présidence des USA aurait été enlevée par des
aliens et cherche à découvrir la vérité) fait du sur place. Depuis le premier
numéro on n’a pas avancé d’un iota pour savoir si l’enlèvement était vrai, s’il
y a un complot et en quoi il consiste… Du coup 12 numéros plus tard on commence
à trouver le temps long malgré le concept génial de la série.
#review BatmanInc 8 Beaucoup d'action très
efficace, un excellent échange Nightwing/Robin, cliffhanger facile mais bien
mis en scène 4/5
Bon attention spoiler, il y a un mort à la fin… non sans
blague arrêtez de lire… Ok… Robin (Damian Wayne). Mais une mort étrange. Ça
arrive très vite, c’est brutal, sans tapage avant. C’est quasiment une mort
« réaliste ». Mais ça va tellement à l’encontre des codes des comics
que j’ai cru que c’était le genre de mort dont le héros se relève à la première
page du numéro suivant, genre « ouf c’est pas passé loin mais je ne suis
que blessé ». C’est pour ça que j’ai cru à un simple cliffhanger (voyez le
tweet). Mais non apparemment Robin serait vraiment mort. Reviendra, reviendra
pas ? Bientôt ou pas ? Qui sait ? Mais en attendant Grant
Morrison m’a bien eu, et je ne suis plus sûr de rien. Même l’utilisation d’un Lazarus Pit me paraît être une ficelle trop évidente…
Steeve
#reviewIronMan 7 Gillen a un faible pour les vilains robots de l'espace. Tony Stark prend son pied à casser de l'alien. Fun à lire. 4/5
Kieron Gillen
nous avait déjà fait le coup du robot ultra-intelligent qui a vécu
des milliers d'années et qui se sert de nos héros Marvel pour
arriver à ses fin avec Unit dans le précédent volume de Uncanny
X-Men. Observer le vilain manipuler Hope et sa bande était sympa,
quand l'échange a lieu avec Tony c'est tout de même plus fun.
Surtout quand ce dernier se la joue John Carter et casse la gueule de
tout ce qui est vert ou violet et s'en prend à lui. Le premier arc
est loin derrière nous et on peut enfin prendre du plaisir à lire
du Iron Man. Sinon, Marvel a quelque chose derrière la tête avec Death's Head... ?
#LegendsoftheDarkKnight
6 Dans deux histoires sur trois Batman pourrait être remplacé par
n'importe quel personnage. 3/5
J'avais acheté le premier
volume de Legends of the Dark Knight parce qu'on pouvait y trouver
les dessins de Jeff Lemire. Ca avait à peu près été le seul point
fort du titre. Depuis j'ai essayé par intermittence de jeter un
œil à ce que ces histoires de 10 pages tout droit venues de l'offre
digital de DC avaient de beau à nous offrir. Pas grand chose
malheureusement. Si les dix premières pages sont plutôt agréables à
l'
œil grâce à Gabriel Hardman, Jeff Parker ne fait pas non plus
des prouesses au scénario. Il a au moins le mérite d'écrire une
histoire au sujet de Batman. Les deux suivantes pourraient avoir
littéralement n'importe quel héros comme protagoniste. Oeming au
scénario c'est déjà pas génial sur Victories, mais quand il
s'agit d'opposer le chevalier noir à un dragon... La dernière
histoire est tout de même bien pensée.
De l'indé
L'indépendant,
c'est quoi ? Une question que je ne m'étais pas posé jusqu'à
très récemment. « Plus on lit d'indépendant, plus on le
prend à cœur quand quelqu'un parle d'indépendant à tort et à
travers » m'a expliqué Rémi d'Apo (k) Lyps. Je veux bien le
croire. Peut-être ne me suis-je jamais embêté avec cette question
parce que le mainstream c'est ma came. J'ai été élevé au grain
Marvel, le relaunch Now! me fait vibrer et DC m'a mis dans sa poche
avec ses New 52. Mais à force d'entendre des débats enflammés
autour de la question, à force de voir des passionnés manquer de
peu d'en arriver aux mains pour une divergence sémantique, j'ai
décidé de me la poser cette question.
Avant
d'aller plus loin, il est important de clarifier que l'article qui
suit n'a pas pour ambition ou prétention de définir ce qui est ou
n'est pas de l'indé, mais seulement de nourrir une réflexion sur la
question que vous, chers lecteurs, pouvez poursuivre via les
commentaires si le cœur vous en dit. Cette réflexion se base
principalement sur quelques recherches sur le net, une conversation
avec Rémi et la lecture du Cerebus Guide to Self Publishing de Dave
Sim.
ZONE D'OMBRE
Indé, alternatif, creator-owned...
Certains voient la même chose dans chacun de ces termes. D'autres
diraient qu'ils ne suffisent pas à couvrir le spectre de ce qui sort
du mainstream. Et quand on parle d'indé, parle-t-on de comics ?
D'auteurs ? De maisons d'édition ? De tout ça en même
temps ? Pour beaucoup, dès qu'un titre n'est pas estampillé Marvel ou DC (Vertigo et Icon compris), il est indépendant. C'est
par exemple visiblement le cas pour le site IGN. Son classement des
meilleurs comics indépendants de 2011 comprend Artifacts, Luther
Strode, Severed, Locke and Key et même Hellboy et The Walking Dead.
Loin du fantasme de l'auteur indé quasi-anonyme et sur la
paille, on peut ainsi prétendre au titre et être millionnaire.
Pourquoi pas ? Après tout Robert Kirkman est bel et bien indépendant,
en ce sens que son Walking Dead lui appartient. Il est seul maître
de ce qui se passe dans les pages du comic, aucun éditeur ayant son
mot à dire sur le sujet. Indépendant et creator-owned couvriraient
donc la même idée ?
Les exemples de Luther Strode,
Severed, Locke and Key et Hellboy vont en ce sens. Mais quid de
Artifacts ? La série et ses personnages appartiennent à Top
Cow et non à Ron Marz. Qu'est-ce qui distingue alors ce titre de ce
que Marvel ou DC peuvent publier ? Ses ventes plus modestes lui
accorderaient le qualificatif d'indé ? Walking Dead se vend
mieux que la plupart des publications du Big Two. Le statut
d'indépendant semble ainsi tomber dans une sorte de zone d'ombre
dans laquelle le jugement personnel entre pour beaucoup en compte.
Parce que si le mainstream est uniquement composé des séries Marvel
et DC, 80% (chiffre tout droit sorti de mon esprit et n'étant en
aucun cas le fruit d'un savant calcul) des auteurs se trouvent alors
être indépendants.
AUTO-PUBLICATION
D'autres,
plus radicaux, voudront qu'être indépendant est un statut des plus
simples à définir. Pour l'être, il ne faut être affilié à
aucune maison d'édition. Etre totalement libre. Ne pas avoir besoin
de l'approbation de qui que ce soit pour sortir son bébé.
L'indépendant est son seul maître. Sans cette condition, personne
ne pourrait se revendiquer de la « scène indé ». Si
dans les années 80 l'auto-publication impliquait d'investir ses
économies au risque de tout perdre (ou de tout gagner à la manière
de Kevin Eastman et Peter Laird avec leurs Teenage Mutant Ninja Turtles), le
XXIeme siècle rend la tâche plus simple qu'il n'y paraît et
n'empêche pas un certain succès. Entre webcomics et crowd funding,
les armes ne manquent pas pour peu qu'on soit créatif.
En
témoignera Ryan Browne et son God Hates Astronauts. Webcomic
apprécié et reconnu par des grands noms de l'industrie tels que Hickman, Burnham ou Stegman, le kickstarter visant à en sortir une
belle édition hardcover intégrale a explosé son objectif
de 15 000$ en atteignant les 75 000$. Reconnaissance et succès
sans affiliation à quelque maison d'édition que ce soit.
PHILOSOPHIE
Mais plus qu'un statut, l'indé serait un
état d'esprit. Au-delà de la liberté, le titre d'indépendant,
voire ici d'alternatif, se gagne à travers une implication
particulière, un investissement quasi-religieux dans son œuvre.
Ainsi, si dans sa forme et son fond Daytripper peut sembler être
alternatif, la genèse du projet fera grincer les dents des plus
puristes. Comme ils l'expliquent dans l'interview qu'ils nous ont
livré à Angoulême, Daytripper n'est pas l'œuvre de la vie des
frères Ba/Moon. Après avoir pitché plusieurs projets à Vertigo,
l'éditeur a sélectionné celui-ci et les Brésiliens se sont donc
penché dessus. Une commande en somme.
Pour Dave Sim, le
projet alternatif se distingue notamment par l'absence de deadline.
Comme Rémi le dit si bien, l'auteur alternatif bosse « pour sa
gueule ». Il n'est pas pressé, n'attend pas d'argent et polit
son engin jusqu'à ce qu'il en soit parfaitement satisfait. Il écrit
et publie son travail pour lui avant de le faire pour le lecteur. Il
sort un poids de son cœur, de son âme, et ne saurait le faire sous
une autre forme que celle qu'il a choisi. Un artiste, un vrai. Un
gars (ou une dame !) qui enverra chier toute décision éditoriale
n'émanant pas de lui-même.
A titre d'exemple, de Rubber
Blanket à Asterios Polyp, David Mazzuccheli a toujours investi une
part de lui-même dans ses travaux post-mainstream. Chacun de ces
projets ont en commun une volonté d'indépendance qui passe par
l'auto-publication et la volonté de trouver et faire entendre sa
voix. Par opposition le Infinite Vacation de Nick Spencer, même s'il
est indéniablement un véritable OVNI dans sa forme même pour du
Image, n'a clairement pas été une priorité pour son auteur qui l'a
longtemps délaissé au profit de son travail mainstream. Une
position qui a valu à la série une publication chaotique et une fin
qualitativement moins entraînante que ses débuts n'avaient su
l'être.
STATUTS CUMULABLES ?
Il est donc
possible de passer de star du mainstream à figure de l'alternatif
comme l'a prouvé Mazzuccheli. Mais quitter Marvel ou DC au profit de
travaux individuels suffit-il à se revendiquer comme une pointure du
courant alternatif ? C'est bel et bien suffisant pour Joe Casey.
Celui qui a fait ses armes chez Marvel ne manque pas une seule
opportunité pour critiquer le Big Two. Selon lui, ce ne sont pas
chez les deux majors qu'il faut chercher la créativité, mais bel et
bien du côté des indépendants et autres alternatifs dont il se
veut à la pointe.
Autant Butcher Baker avait le mérite
d'être une pépite visuelle comme on en voit rarement grâce au
travail de Mike Huddleston, autant les pitch de ses deux nouvelles
créations ne sont pas des plus révolutionnaires. D'une reprise de
Spider-Man sous drogue aux ébats sexuels d'un ex-super-héros
(tiens, on n'y avait pas déjà eu droit dans Butcher ?), côté
créativité innovante The Bounce et Sex ne bousculent pas exactement
l'industrie.
Jeff Lemire représente encore une autre
espèce, plus rare cette fois. Incontestable auteur alternatif à ses
débuts (il n'y a pas si longtemps que ça), le Canadien est
maintenant un des auteurs les plus en vogue chez DC. Et pourtant, la
célébrité n'a pas éteint la voix de cette figure, loin s'en faut.
Son Underwater Welder sorti l'année dernière exhale la fraîcheur
qui caractérisait son Essex County. Un graphic novel que l'artiste a
passé quatre années à réaliser. Au fil des ans le projet a évolué
avec sa vie, et loin de l'avoir abandonné après avoir rencontré
Mademoiselle renommée, Lemire a su trouver et surtout prendre le
temps nécessaire pour livrer le livre qu'il voulait voir sur les
étales.
Et que dire de ces auteurs mainstream qui font aussi du
webcomic comme Warren Ellis et ses Freak Angels et Scatterlands ou Ramon K Perez et son Kukuburi ?
Steeve
Tout lecteur de comics un peu assidu a l’habitude de retrouver le même personnage dans plusieurs séries. On croise ainsi Wolverine, Batman ou Spider-Man dans de nombreux titres. Mais des personnages plus mineurs ont droit à ce traitement. Des personnages tels que la princesse martienne Dejah Thoris.
Peau rouge (littéralement), chevelure d’ébène, plastique de rêve et tenues qu’on qualifiera pudiquement de légère (même Vampirella fait habillé à côté)… Bref tous les clichés de la Bad Girl modèle 90s, scénario et personnalité en option.
Premier rôle féminin dans la série Warlord Of Mars de Dynamite, elle est donc princesse de la cité d’Helium et surtout le grand amour du courageux John Carter, le cow-boy exilé dans les étoiles et promus héros de la planète rouge. « Grand amour » c’est un peu la façon polie de dire « demoiselle en détresse qu’il faut régulièrement sauver ». Là encore on nage en plein cliché.
Mais la belle Dejah a aussi sa propre série, Warlord Of Mars Dejah Thoris, dont les évènements se déroule avant l’arrivée de John Carter. Et dans ses pages, c’est un tout autre personnage qu’on découvre. Une princesse Leia qui serait toujours vêtue de sa tenue du début du Retour Du Jedi.
Loin de se morfondre dans de somptueux boudoirs, Dejah y a sauvé sa cité d’un colosse mécanique, affronté des pirates, une sorcière, été exilée, sauvé sa planète d’une attaque de vampires et s’affaire désormais à débusquer un maître espion.
Tout cela en faisant preuve de courage, et d’une bonne dose d’astuce. Et surtout en tenant tête s’il le fallait à toute la famille royale d’Hélium. Au caractère bien trempé, voire pas toujours commode, la princesse se préoccupe fort peu de son rang et se jette volontiers tête la première dans les pires guêpiers. Mais elle a aussi ses doutes, comme après avoir été possédée par la sorcière de Boora. Et son plus grand triomphe fut peut-être de retrouver sa confiance en elle au cours de son exil.
Aventurière, guerrière, pirate, espionne, mais aussi leader avisée, Dejah Thoris est donc un personnage bien plus riche que les apparences ne le laisse croire. Et vraiment pas frileuse.
< Chapitre précédentSteeve's CornerChapitre suivant >Reviews Express
Nouvelle fournée de Reviews Express, comprenant des titres sorties entre le 13 février et le 6 mars. Les habitués de la rubrique noterons sans doute que pas mal de séries (Marvel essentiellement) habituellement présentes manquent à l'appel. C'est une fois de plus dû à la conjonction de difficultés d'approvisionnement en comics et de la deadline pour sortir ce numéro. Alors promis, la prochaine fois on se la joue voiture balais et vous aurez tout ce qu'on ne vous a pas mis ici en plus des nouveautés.
En attendant vous aurez déjà de quoi faire grâce aux critiques de Manu (@EmmanuelPeudon), Steeve (@SteeveAubert) et moi-même (@Jeffzewanderer), sans oublier nos Picks et The Quote. Et n'oubliez pas de nous suivre sur nos comptes twitter respectifs pour avoir accès à toutes ces critiques en avant-première.
Semaine du 13/02
Jeffzewanderer
#review ScarletSpider 14 The Other fut un loupé chez Spidey, pourquoi le ressortir? C'est toujours raté et le new look de Kaine est laid 2/5
#review Batman 17 De la pseudo-horreur pour l'ambiance, du bla-bla déjà vu sur la relation Joker/Batman. Beaucoup de bruit pour rien 2,5/5
#review Cable&X-Force
4 Boucle bouclée avec l'ouverture du numéro 1. Le scénar est posé et
l'action sympa, c'est basique mais plaisant 3/5
#review FantasticFour 4 il ne se passe pas grand chose, l'écriture des personnages frise le cliché mais 1 vrai charme se dégage du titre 3/5
#review DejahThoris 22 Résolution satisfaisante du dyptique sur l'espion Mortus, ambiance Pulp/SF réussie mais héroïne un peu passive 3/5
#review Cyberforce
3 Dessin bien mieux, scénar SF/cyberpunk basique mais finalement sympa.
Mais rien à voir avec Cyberforce d'avant 3/5
#review RedSonjaUnchained 1 Incontestablement bien écrit (Sonja plus vulnérable, on aime ou pas) mais trop de maladresses au dessin 3/5
#review RedSonja 73 Sonja & ses compagnons traqués par de multiples ennemis. De l'action et un peu de mystère avec des persos réussis 3,5/5
#review JoanOfArcFromTheAshes 3 La virée en enfer pour sauver Mary est au final très fun pour le lecteur, fan service sexy raisonnable 3,5/5
#review DresdenFilesGhoulGoblin 2 Révélation du vilain, il reste du mystère, l'histoire avance bien, on retrouve l'ambiance des romans 4/5
#review StarWars 2 Leia met son équipe en place. Wood prend son temps mais fait en sorte qu'on ne s'ennuie pas. Il soigne bien ses héros 4/5
#review Fatale 12 Nouveau stand-alone, cette fois en France au moyen-âge, nouvelle femme fatale, parfaitement exécuté 4/5
Manu
#review SecretAvengers 1, On sent bien trop la tentative de rapprochement avec les films, et ça ne sonne pas juste. 3/5
#review TheNewGhostbusters 1 Très sympa et fun pour les fans, mais c'est vraiment la suite directe de la série précédente, pas un vrai 1. 4/5
#review FantasticFour 4 Même les Fantastic Four savent jouer sur l'émotion. Matt Fraction remonte décidément dans mon estime. 4/5
#review BatmanAndRobin 17 Peurs et fantasmes des trois protagonistes sont dévoilés. Pas besoin de grands mots quand l'essentiel suffit. 4/5
#review UncannyXMen 1 Bendis est
le nouveau maître mutant et Bachalo est grandiose. Dommage que les annonces
Marvel gâchent le twist. 4,5/5 Manu’s Pick
Semaine du 20/02
Jeffzewanderer
#review LordOfTheJungle 13 "Pulp fiction in all its unsubtle
glory". Tout est dit. Bourré de petits défauts mais ça a aussi son
charme 2,5/5
#review BaltimoreTheWidow&TheTank Deux histoires courtes. La 1ère est belle mais trop prévisible. La 2ème tourne court. Bien dessiné 3/5
#review Plume 2 On a les explications attendues sur les héros. Drôle, léger, avec une bonne idée à la base, manque un peu d'action 3,5/5
#review TheSixthGunSonsOfTheGun 1 Spin-off sympa sur les lieutenants de Hume. Etonnamment plaisant malgré un "héros" antipathique 3,5/5
#review WolverineMax 4 ça manque encore un peu de punch, mais la série trouve un ton assez sympa à force. Un genre d'elseworlds Marvel 3,5/5
#review Batwoman
17 Une fin d'arc très classique dans la construction (et cliché pour battre
Medusa) mais belle et bien exécutée 3,5/5
#review WonderWoman
17 Ambiance polar noir super, de très bons personnages, un bon subplot mais
des dessins laissant à désirer hélas 3,5/5
#review GreenLantern 17 Nouvelle fresque cosmique pour Johns, ça parle beaucoup mais c'est assez intéressant pour accrocher le lecteur 4/5
#review JusticeLeague 17 Un final classique mais épique et maîtrisé pour un crossover blockbuster qui a tenu toutes ses promesses 4/5
#review JusticeLeagueOfAmerica
1 Le vademecum du #1: bonne intro pour chaque personnage, un plot annoncé
pour la suite, bien dessiné 4/5
#review SherlockHolmesTheLiverpoolDemon 2 Intrigue complexe bien menée, des personnages parfaits à commencer par Holmes et ses répliques 4/5
#review Saga 10 Le mélange tranche de vie/SF complètement allumée toujours aussi réussi grâce à d'excellents dialogues. Final sadique 4/5
#review CaptainMarvel 10 Carol malade, de l'action, des personnages justes, seule la motivation de Deathbird reste basique. On pardonne 4/5
#review TheSixthGun 29 Nouveau pouvoir pour une Becky plus dure et de plus en plus intéressante. Kirby reste fascinant. Un pur régal 4,5/5
#review TMNT 17-19 Le retour de la pure SF, une princesse, des batailles, et des personnages magnifiquement écrits. Hyper efficace 4,5/5
#review ConanTheBarbarian
13 Conan dans 1 quête désespérée de Bêlit, partie. Epique. Romantique.
Mélancolique. Magnifiquement écrit 4,5/5 Jeffzewanderer's Pick
Steeve
#review GLCorps 17 Plongée totalement inutile dans le passé de Guy
Gardner. Un numéro gâché pour une bonne série et un bon event. 2.5/5
#review RedHood&Outlaws 17 Enfin une vraie conséquence au retour du Joker.
Episode bien écrit et bien pensé. 4/5
#review Avengers 6 Moins barbant que les deux épisodes précédents et
lance enfin le deuxième arc. Kubert et Martin font des merveilles. 4/5
#review WolverineMax 4 Aussi classique qu'efficace. Un bon moyen de
patienter en attendant le Wolverine de Cornell et Davis. 4/5
#review GLNewGuardians 17 Même structure que GLCorps 17 mais bien mieux exécuté. Les dessins de Aaron Kuder n'y sont pas pour rien. 4/5 Steeve’s Pick
Manu
#review JusticeLeagueOfAmerica 1 Vraiment un numéro d'exposition intéressant mais pas transcendant, en teasant des trucs cool à venir. 3,5/5
#review Avengers 4-5-6 Enchaînés. Le niveau remonte après le premier arc. Ici on découvre des persos intéressants mais le dessin baisse 3,5/5
#review X-Factor 252 Bons persos et bonnes histoires, cette série mériterait un public plus grand. NOW UNLEASH LAYLA! 4/5
#review RedHoodAndTheOutlaws 17 On pouvait s'y attendre mais les conséquences de DOTF sur Jason sont intéressantes. Et la fin... 4/5
#review JLA'sVibe 1 Excellente surprise qui nous montre l'envers du décors du DCverse et le mélange. A suivre de près. 4/5
#review Nova 1 Ça nous rappelle du Bendis dans
ses grands moments. C'est frais tout en prenant son temps. 4,5/5
Semaine du 27/02
Jeffzewanderer
#review Masks
4 Ça bastonne, le scénario est toujours indigent, les dialogues souvent
ridicules et le dessin du sous-Jae Lee. 1/5
#review Steed&Peel 5 Des héros réussis mais une intrigue trop absconse et un vilain qui peine à passionner. Dessin à la Noto pas mal 2,5/5
#review WarlordOfMars 23 Carter cherche toujours sa princesse au pôle nord Martien. Marrant bien que simpliste et parfois maladroit 3/5
#review CarbonGreyVol2 3 Univers magnifique qu'on continue de découvrir, juste assez de révélations sur Gottfaust. Visuellement sublime 4/5
#review SWAgentOfTheEmpireHardTargets 5 Final réussi pour la série avec de bons retournements de situation et des personnages justes 4/5
#review LoneRanger 13 Un thème peu vu (l'exploitation des chinoises dans l'Ouest) pour un western. Ranger bad ass. Stand-alone réussi 4/5
#review Gambit 9 Plongée dans le milieu des supervilains pour Gambit, fourbe, arrogant mais romantique comme on l'aime. Joelle intrigue 4/5
#review Hawkeye 8 Ambiance polar à la Criminal, et une écriture toujours aussi remarquable et stylée, portée par des visuels à l'avenant 4/5
Manu
#review BatmanInc 8 Lu avec crainte et c'est d'une violence pure et simple. Je hais Morrison pour ça. Les dessins sont pas à la hauteur. 3/5
#review GuardiansOfTheGalaxy 0.1 Dans la veine
de Nova. Peut-être trop mais tant que c'est génial on accepte. Et c'est
magnifique. 4,5/5
Semaine du 06/03
Jeffzewanderer
#review 47Ronins 3 Fin du 3ème acte de ce grand classique nippon, toujours aussi bien raconté et servi par le talent de Stan Sakai 4/5
#review HellboyInHell 4L'identité du guide spectral d'HB révélée. C'est très bien amené et absolument sublime graphiquement 4,5/5
Steeve
#review AllNewXMen 8
Première moitié dispensable et anecdotique. La scène la plus marquante de la
série rattrape le tout à la fin 4/5
The Quote :
« My brother. My twin. My rival. » The Heretic à Damian Wayne – Batman Incorporated #8/Grant Morrison
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Une bonne idée de livre pour enfant ? (découvert par Sullivan)
The Dark Knight Of The Sith… (custom par PlasticSurgen88)
Les comics sont décidément hype… (par Jamie Tyndall)
Voila donc où d’où venait l’inspiration de Salvador Dali… (Merci à Marcus Outsider)
Et c’est tout pour ce mois-ci. Prochain rendez-vous à la fin du mois, avec entre autres la suite du billet consacré au destin de l’univers Ultimate, et une quantité industrielle de Reviews Express. En attendant commentez, critiquez, et surtout bonne lecture !
< Chapitre précédentReviews ExpressQu’est-il arrivé à l’univers Ultimate ? (1ère partie)
Il y a quelques semaines, une sollicitation équivoque sur le Previews ouvrait la porte à une supposition un peu folle : et si Marvel mettait fin à sa ligne Ultimate ? Alors non, rien n’est sûr pour le moment. Mais serait-ce si fou ? Et surtout, serait-ce vraiment une mauvaise chose ?
Car je l’avoue, à la lecture de
l’information précitée, ma première réflexion a été que c’était bien triste,
mais qu’il était peut-être temps d’achever la bête, pour son bien. L’univers
Ultimate était jadis le fleuron de laMaison des Idées, symbole de son renouveau,
de son audace et de sa créativité retrouvée. Aujourd’hui il n’en reste plus
grand-chose (à part Ultimate Spider-Man,
on y reviendra). Et on peut légitimement se demander comment on en est arrivé
là. Voici quelques éléments de réponse.
Il était une fois…
Le pitch pour le lancement de la ligne Ultimate, à l’initiative de Joe Quesada et Bill Jemas (le big boss de Marvel à l’époque) était simple : elle devait être tout ce que les titres Marvel classiques n’étaient plus. C'est-à-dire accessible et moderne, voire avant-gardiste, débarrassée des scories de quarante années de continuité.
Plus concrètement, cela consista à recréer certains héros (et vilains bien sûr) Marvel comme s’ils étaient apparus aujourd’hui. Aux manettes, deux scénaristes qui avaient le vent en poupe, pas vraiment des stars mais des talents émergents : Brian Michael Bendis (qui faisait parler de lui avec Powers et le début de son Daredevil) et Mark Millar (qui avait cartonné avec The Authority).
Pour le roster, Marvel a fait simple et choisi ses deux plus grosses vaches à lait : Spider-Man et les X-Men. Quitte à repartir de zéro, autant le faire avec tous les atouts de son côté.
Puis le grand jour est arrivé. Critique et public étaient dubitatifs, échaudés par les tentatives passées de création d’univers parallèles (2099, MC2…). Ultimate Spider-Man #1 a mis tout le monde d’accord. Même engouement quelques mois après pour Ultimate X-Men #1. Et la cerise sur le gâteau fut The Ultimates #1, soit le film Avengers avec dix ans d’avance et en encore mieux.
Le triomphe était complet. Il
dura longtemps. Plus qu’on ne l’aurait cru possible. Mais le déclin finit par
arriver. Il continue encore aujourd’hui. Quatre raisons principales semblent
pouvoir l’expliquer…
Tempus fugit
La première raison tient à ce qui est à la fois le plus grand rêve et le pire cauchemar de tout éditeur : l’enrichissement de son univers. En plus d’une décennie d’existence, l’univers Ultimate s’est développé, de plus en plus de personnages sont apparus, une Histoire (grand H intentionnel) de l’univers s’est mise en place. Bref une continuité s’est créée.
Or se débarrasser de la continuité accumulée était justement l’une des vocations premières de la ligne Ultimate. Mais plus cette ligne durait dans le temps, plus l’univers devenait inaccessible aux nouveaux lecteurs. Et en même temps, Marvel ne pouvait qu’espérer que sa ligne serait pérenne. Oh le beau cercle vicieux.
Cependant cet écueil fut sans doute celui dont la Maison des Idées s’est le mieux accommodé. Pas en relançant sans cesse des numéros un (même s’ils ont eu de plus en plus recours à cette astuce de plus en plus souvent au fil du temps). Plutôt en s’en tenant à une de ces idées de base : faire que la ligne Ultimate reste peu conséquente en termes de nombre de titres publiés. Trois séries régulières (Spider-Man, X-Men puis Fantastic Four), auxquelles on peut ajouter les divers volumes des Ultimates, et quelques mini-séries. Du coup il était toujours très facile de s’y retrouver et même de tout lire si on le souhaitait.
Et surtout Marvel a développé une
politique d’édition de trade paperbacks
redoutablement efficace. Tous les arcs de toutes les séries étaient rapidement
disponibles et très faciles à se procurer. Alors oui, au dixième ou quinzième
volume relié d’un titre ça faisait toujours beaucoup. Mais au moins on pouvait
toujours prendre le train en marche.
Les premiers ratés
Ça aussi c’était inévitable avec le temps. A force de publier des histoires, il est fatal que certaines soient moins bonnes que d’autres, voire franchement mauvaises. Et soyons justes, la ligne Ultimate s’en est là encore plutôt bien tirée et a longtemps préservé son aura de label cinq étoiles pour les comics de super-héros.
Cette aura résista à Ultimate Team-Up, une tentative un peu bancale de construire très vite un univers étendu en introduisant chaque mois ou presque de nouveaux héros « ultimisés ». En effet la pléthore de créateurs indépendants prestigieux qui voulut travailler sur ce titre lui évita le naufrage.
Le premier vrai raté fut plutôt Ultimate Fantastic Four, qui ne trouva jamais son public malgré des ventes décentes. En fait le principal défaut de cette série était sans doute de chercher à concilier l’inconciliable. L’essence des FF c’est la famille qu’ils forment. Mais dans l’univers Ultimate le quatuor était adolescent, rendant la restitution de la dynamique originale difficile ou peu crédible. Et Doom était raté, disons-le franchement.
Plus généralement la qualité globale finit par baisser, notamment sur Ultimate X-Men où la succession de Mark Millar fut difficile. Bendis en était à son premier essai sur une série mettant en scène une équipe (et tricha en partie avec un premier arc consacré exclusivement au duo Wolverine/Spider-Man). Brian Vaughan s’en tira mieux, mais Robert Kirkman s’avéra beaucoup moins inspiré par la suite (en même temps Ultimate Onslaught….). Et les diverses mini-séries ne remportèrent pas toutes l’adhésion (Ultimate Daredevil/Elektra…), malgré la qualité de certaines (la trilogie Ultimate Galactus…).
Bref l’aura de la ligne en prit un coup, et aux yeux du public le label Ultimate ne fut plus systématiquement synonyme de qualité indiscutable. Mais là encore c’était quasiment inévitable.
à suivre...