Après avoir lancé comme il se doit son event Infinity avec un premier numéro plutôt convaincant, Marvel se devait d'assurer derrière en dehors de la série principale. Pour ça, quoi de mieux que de laisser faire le même scénariste que le titre principal et de le laisser continuer à écrire la série dont il s'occupe depuis presque un an maintenant ?
C'est donc avec une certaine cohérence que l'on aborde ce crossover. Ils semblent avoir compris que mettre cinq scénaristes sur un event et rajouter brutalement plusieurs séries à celui-ci sans qu'elles n'aient forcément de rapport ne pouvait guère servir la trame scénaristique. Ainsi, puisque Infinity est le prolongement de ce que Jonathan Hickman a réalisé depuis son arrivée sur Avengers, autant lui laisser toutes les clés. Il faut d'ailleurs comprendre que la série Avengers est presque obligatoire dans le développement de l'histoire, lire Infinity seul risque de paraître assez rapide en besogne et les séries annexes sont là pour développer le propos. Ce qui tombe plutôt bien ici, c'est que Hickman assure toujours autant dans le souffle épique qu'il a insuffler lors du début de l'event.
En effet, il y a une vraie notion de menace qui est mise en place, avec en réponse un franc héroïsme. La collision des deux donne un ensemble réellement épique, avec une vrai implication et des enjeux clairement énoncés. Le seul problème ici, c'est que le scénariste semble considérer que épique veut forcément dire ampoulé et un peu prétentieux, du coup les rares blagues tombent à plat et les dialogues nous mettent parfois à distance du récit. La caractérisation verbale n'est toujours pas l'une de ses forces, on admet mal que Captain America prenne des airs aussi pompeux, lui qui est quand même militaire de carrière. Il suffirait à Hickman de s'allouer les services d'un dialoguiste et il serait sans plus reconnu à sa juste valeur. Et d'arrêter avec ce chapitrage qui se veut expérimental et classe mais qui découpe juste le récit de manière artificielle.
Après, ce qui est vraiment très appréciable, c'est que cette bataille dans l'espace prends des dimensions vraiment imposantes. On a pas juste les Vengeurs qui vont se taper avec une bande d'extra-terrestres et rentrer siroter des mojitos à côté de la piscine. Ils ne sont ici que les représentants d'une petite planète, certes remuante mais qui n'a pas la dimension des empires interstellaires Krees ou Shia'r. Ils ne font ici que suivre les ordres d'un conseil impressionnant. La bataille qui s'en suit est dantesque et utilise vraiment les caractéristiques de l'espace. Si bien que cela rajoute à la dimension dramatique de l'histoire. Une tension qui est d'ailleurs finement menée par Hickman puisque le lecteur sait, contrairement aux héros, que la menace qu'ils affrontent est moindre comparée à celle qui se profile par derrière. C'est un ressort tragique certes connu mais ici très bien maîtrisé et parfaitement mis en scène. Quant on a en plus un Leinil Yu qui est de base ultra talentueux et qui s'éclate et donc donne le meilleur de lui-même, il nous tarde de mettre la main sur le prochain chapitre que sera New Avengers #9.
C'est donc encore une réussite pour Jonathan Hickman sur ce chapitre d'un event qu'il veut dantesque et dramatique. Ici pas d'effet d'annonce façon : "l'univers Marvel sera changé à jamais". Il préfère mettre en avant l'histoire, ce qui est à mettre à son crédit. Il suffirait juste qu'il se retire ce balai qu'il a très bas pour devenir un grand scénariste qui compte vraiment. Son ascension est inversement proportionnelle à la prétention de son écriture.
