Transférer le modèle Marvel Studios du grand au petit écran, offrir une continuité aux monstres de box-office que sont Avengers et Iron Man, faire revenir l’agent Coulson sur le devant de la scène, offrir une dose hebdomadaire d’univers Marvel à des millions de spectateurs et j’en passe, la promesse Agents of S.H.I.E.L.D avait de quoi séduire.
Plus d’un an après son annonce et quelques heures après son coup d’envoi événement sur ABC , que reste-t-il de la dernière production du Joss Whedon Crew ? Beaucoup de belles choses, quelques inquiétudes et un modèle diablement efficace, qui cache énormément de richesses derrière une apparence souvent trop factice… Revenons ensemble, le temps d’un bilan, sur une série qui pourrait bien changer la donne et lancer officieusement la phase 2 de Marvel Studios.
Dès les premiers instants, le ton est donné : « Réalisé par Joss Whedon ». Si l’on sait que le petit génie préféré des geeks, maintenant maître d’œuvre du colossal chantier Marvel Studios, ne sera pas le véritable showrunner d’Agents of S.H.I.E.L.D, celui-ci annonce la couleur en l’espace de 45 minutes : la première série de son nouvel employeur est le bébé d’un seul homme.
Brillant en matière d’écriture de la première à la dernière minute, le réalisateur d’Avengers offre une orgie de dialogues ciselés, de clins d’oeils délicieux à l’univers Marvel et à la culture Geek, parfois presque sur la brèche du 4ème mur. Il faut bien dire que le gros malin s’est mâché le travail avec l’invasion de New York. Reprenant directement les bases de son propre film, tout en déplaçant l’action sur la côte Ouest des USA en passant par Paris (sacré détour !), le divin chauve joue également avec les deux long-métrages frappés du seau de 2013 chez Marvel Studios : Iron Man 3 et Thor. Si le premier sert véritablement de leitmotiv à sa première intrigue, le second est évoqué de manière plus subtile, et devrait être au centre d’épisodes à venir fin Octobre, où Kevin Feige et ses amis producteurs ne manqueront pas de faire des ponts entre le S.H.I.E.L.D et le royaume d’Asgard.
Ce respect de l’univers de tous les instants offre un véritable intérêt à la série, qui pourrait toutefois fonctionner seule, pour les quelques spectateurs du fond qui auraient déserté les salles obscures ces dernières années. Et si les guest-stars ne sont pas (encore) légion, nul doute les lignes devraient bouger d’ici la fin d’une première saison bien lancée, où la belle Cobie Smulders est venue prêter à main forte à Phil Coulson et son club des 5.
C’est d’ailleurs cette impression de voir une version 2.0 du club des 5 (où Dagobert est remplacé par Lola, une voiture bonne à faire rougir James Bond) qui dessert la série, qui ne parvient pas à sortir de ce format qui semble imposé par ABC, où tout semble aussi lisse que convenu.
Terriblement classique, ce pilote pêche par une réalisation ô combien formatée pour le petit écran, sans l’ambition des séries starifiées aux Emmy Awards il y a quelques jours par exemple. Que Joss Whedon ne soit pas le meilleur metteur en scène d’Hollywood est un fait établi depuis des années, mais ça ne corrige en rien le fait qu’une série faite avec autant d’amour et aussi riche dans le détail mérite mieux qu’un traitement qui rappelle terriblement celui de la CW avec Arrow et ses mannequins doués de parole.
C’est précisément là qu’Agents of S.H.I.E.L.D trébuche : son casting n’est pour l’instant pas à la hauteur. Si les personnages fleurent bon l’âge d’or de Joss Whedon et son talent inné à créer des équipes (Firefly, Buffy…), les interprètes de l’équipe du fils de Coul passent dans l’ensemble à côté de leur prestation, à l’exception de l’agaçante mais adorable Chloe Bennet (Skye) et du « ténébreux » Brett Dalton (Grant Ward). Bien évidemment, ce n’est pas suffisant pour tirer la sonnette d’alarme mais il faudra faire attention à ne pas brûler plus de jokers pour ne pas créer un rapport amour/haine dangereux avec le spectateur dans les semaines à venir…
Que l’on se rassure, les enjeux sont suffisamment importants et les portes tellement ouvertes après un pilote conforme à nos attentes, que Jed Whedon et son équipe (qui comptera toujours son omnipotent de frère) ne peuvent que nous offrir une série agréable à suivre semaine après semaine, sans tutoyer les sommets du genre à priori. Promesse tenue, donc.
Premier passage réussi pour Agents of S.H.I.E.L.D. Avec un pilote qui offre une vision globale de ce que sont en droit d’attendre les spectateurs pour les années à venir, la dernière création de Joss Whedon pourrait viser encore plus haut, en se débarrassant de ce terrible « cachet ABC », qui fait perdre en sincérité une création pourtant menée à bien avec passion. Débordante de clins d’oeils, d’humour et de fan-service, la série devrait enchanter les amoureux de l’univers Marvel au cinéma, à défaut de convaincre les éternels septiques.
Enfin, traiter l’univers Marvel d’un point de vue plus humain, où les civils deviennent le centre névralgique d’un monde qui compte des milliardaires en armure, des dieux et des aliens est une excellente initiative, que l’on espère voir perdurer de longues années, pour mieux accompagner les titans d’Hollywood actuellement en production !