Dissimulé derrière l'écran de fumée Guardians of the Galaxy, Captain America - The Winter Soldier est pourtant sans aucun doute la pièce la plus importante de la Phase 2 de Marvel Studios, qui se conclura l'année prochaine avec le dantesque Avengers : Age Of Ultron de Joss Whedon. Et avec la confiance affichée du studio (qui a renouvelé le contrat des frères Russo à la réalisation de Captain America 3), la seconde aventure solo de Steve Rogers n'avait pas besoin de faire beaucoup de bruit dans sa communication tant ses qualités parlent pour elle. Décryptage d'une belle réussite toute en maîtrise.
Kevin Feige le sait, l'humour des deux derniers films de sa firme (Iron Man 3, Thor : The Dark World) ont fait couler beaucoup d'encre. C'est la raison pour laquelle le nouvel opus solo de l'autre vengeur phare était attendu au tournant, après une promotion sérieuse et appliquée. Vendu comme un thriller politique, le film des frères Russo ne ment pas sur la marchandise. Tout en respectant les codes traditionnels du genre super-héroïque et de la maison Marvel Studios (l'humour est présent à petites doses bien senties), les ex-réalisateurs de Community s'appliquent à livrer un film qui se prend au sérieux et qui surfe sur la vague des films paranoïaques des années 2000. L'apport des super-pouvoirs ajoute ce qu'il faut de frais dans la recette des scénaristes, qui s'inspirent énormément, comme on pouvait l'imaginer, du travail d'Ed Brubaker sur le héros, avec sa galerie de vilains et de protagonistes issus de la plus pure tradition des Comics.
Il est bon de noter les réflexions soulevées au début du film, sur la question des vétérans et du poids qui pèse sur les épaules d'un homme que l'on a transposé dans une autre époque. La suite constitue un enchaînement d'action débridée (mention spéciale aux chorégraphes des combats et à la seconde équipe de réalisateurs qui a fourni un travail fabuleux sur la scène de poursuite de Nick Fury) et de dialogues rythmés, tout en posant ça et là tout ce qu'il faut à la fanbase de l'univers Marvel au cinéma. Les cameos sont également distillés pour faire sourire les connaisseurs, et l'intrigue prend forme à mesure que les minutes passent. Évidemment, les spectateurs du film en VOSTFR ne manqueront pas de sourire (jaune) devant les dialogues des acteurs Québécois présentés comme des terroristes Français au début du film, mais on préfère retenir le premier combat au corps à corps du film, entre un George St Pierre (Batroc) tout en puissance et un Chris Evans toujours plus parfait pour le rôle piégeux du héros bannière.
Parce qu'au delà de la copie impeccable rendue du côté des scènes d'action et du déroulement du scénario, la force de Captain America - The Winter Soldier est de se fondre parfaitement bien au sein de l'univers Marvel et d'être la première pierre d'Avengers : Age Of Ultron, comme son modèle d'aîné, The First Avenger. Le film de Joe Johnston est souvent évoqué, parfois montré, tandis que des scènes inédites sont issues directement de l'univers développé par l'ex-collègue de Spielberg et Lucas. Le temps qui passe y est montré jusqu'aux racines du S.H.I.E.L.D en passant par la formidable implication d'Hayley Atwell, qui aura bientôt sa propre série TV en tant qu'Agent Carter. On sent que la production aime et assume son premier bébé, qui divise pourtant de nombreux fans aujourd'hui encore.
Mais puisque regarder dans le passé ne ferait pas avancer le film, celui-ci construit également l'univers contemporain de Steve Rogers, prêt à être développé sur plusieurs films, que les frères Russo se chargeront une nouvelle fois de réaliser. Et sans pouvoir trop vous en dire, sachez que les conséquences du film sont colossales pour de nombreuses raisons, entre le nouveau statu quo qui engage de nombreuses artères de Marvel Studios et les deux scènes post-génériques qui engagent elles aussi le futur des Vengeurs et de leur leader.
Malheureusement, le bât blesse lorsqu'il s'agit d'évoquer le casting du film, pas toujours concerné. Ainsi, Scarlett Johansson (Black Widow) et Sebastian Stan (Bucky Barnes) sont les deux mauvais élèves de ce deuxième opus, tandis que les légendes Samuel L Jackson et Robert Redford se partagent beaucoup de temps à l'écran, dans des registres diamétralement opposés. Anthony Mackie (Le Faucon) est un apport excellent à l'univers cinématographique de Cap' et, malgré son absence dans Avengers : Age Of Ultron, il risque de revenir fort dès Mai 2016, avec son interprétation qui rappelle Pain & Gain de Michael Bay. Je vous laisse la surprise de découvrir les nombreux noms et visages parfois inédits qui se trouvent au sein du film, mais vous verrez que l'on pourrait parler d'autres interprètes, pendant de longs moments.
Captain America - The Winter Soldier est un très bon film Marvel Studios. Loin d'être parfait mais terriblement efficace autant dans son action que dans sa façon de se prendre au sérieux, tout en étant sans aucun doute l'élément le plus important de la phase 2 en termes de continuité. Et malgré quelques errements au casting, on retiendra la prestation de Chris Evans, une fois de plus impeccable dans la peau de Steve Rogers, que l'on retrouvera dès le printemps prochain avec Avengers : Age Of Ultron.
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• Ne manquez pas non plus le compte-rendu vidéo de la très belle avant-première Parisienne du film qui a eu lieu hier, à Paris !
ATTENTION ! LE FILM CONTIENT DEUX SCÈNES POST-GÉNÉRIQUE ET LES DEUX SONT IMPORTANTES, NE PARTEZ PAS TROP VITE !
