Introduit dans un Amazing Spider-Man #1 qui justifiait un prix exorbitant par quelques pages supplémentaires qui ne valaient le coup que dans l'histoire qui le mettait en scène, Spider-Man 2099 revient enfin sur le devant de la scène après de longues années où les fans ont réclamé à corps et à cris son retour. Il ne lui fallait donc pas manquer son retour !
Miguel O'Hara est un personnage qui doit beaucoup à son créateur Peter David, lui qui a réussi à en faire l'une des meilleures idées des années 90 (les mauvaises langues diront que ce n'était pas bien difficile, on ne saurait trop leur donner tort). C'est donc une très bonne nouvelle que ce soit ce même scénariste qui décide de reprendre les affaires en main pour sortir une nouvelle fois son héros de son terrier temporel. À l'aube de Spider-Verse, l'event qui va voir toutes les versions du Tisseur revenir, il fallait donc que le Spider-Man du futur tire son épingle du jeu pour montrer qu'il avait plus à offrir qu'être une simple version alternative de celui qui est écrit par Dan Slott. Ce que David a très bien compris et aussi bien appliqué. Ainsi, ce n'est pas Peter Parker que nous avons sous les yeux, mais bien un personnage à part entière qui, comme le fait remarquer Liz Allan, est beaucoup moins porté sur le jeu de mot facile.
Pourtant, le titre n'est pas dénué d'humour, bien au contraire. C'est par contre plus de l'humour de situation, de rythme, quelque chose que Peter David maîtrise à la perfection et qui permet à sa narration de bondir d'une situation à une autre avec beaucoup de facilité et de légèreté. D'ailleurs tout ce numéro d'introduction est construit sur ce mode, celui qui scénarise aussi All-New X-Factor s'échinant à introduire tous les éléments fondamentaux de la série qui suit sans alourdir pour autant la narration. Ces vingts pages se lisent très vite, passent facilement et agréablement au fil d'une lecture où l'on se surprend plusieurs fois à sourire. Pourtant, on se demande si tout cela n'est pas un peu vain, le numéro finissant sans que l'on se dise qu'il s'est passé quelque chose d'exceptionnel.
Tout dans ce numéro est assez convenu, de Miguel O'Hara achetant un appart' miteux où se retrouve comme par hasard la jeune femme qu'il a sauvé un peu plus tôt à la femme en col blanc qui, on le sait déjà, va poser bien des problèmes au Tisseur du futur en passant par ce vilain intertemporel et ses litanies sur le changement du destin qui n'étonnent plus personne. Tout ceci s'accumule ici et l'on attend désespérément d'être surpris. Si bien que l'on finit par suivre l'histoire pour les dialogues ciselés d'un Peter David qui n'a plus rien à prouver dans cet exercice où il excelle plus que pour les événements qui s'y déroulent. Surtout que le dessin de Will Sliney est d'un classicisme total, loin d'être mauvais, on ne voit pas vraiment la plus-value qu'il apporte au récit. Du trait au cadrage en passant par les designs, tout a déjà été vu des centaines de fois et l'on sent que la force de la série ne viendra pas du dessin. Au moins, celui-ci est loin d'être mauvais et accompagne sans l'enrayer la lecture.
Spider-Man 2099 ne démarre donc pas sur un numéro qui nous incite à suivre comme des morts de faim ce qui va suivre. Heureusement, Peter David peut s'appuyer sur ses dialogues de dialoguistes et sa science du rythme narratif pour nous tenir accrocher le temps que les choses démarrent vraiment. Pour le moment, la série se cherche encore une identité et, à vouloir être agréable, elle en a oublié d'être passionnante.