Fervent défenseur de la viabilité des adaptations de Comics au cinéma [face aux films dits "classiques"], Tom Hiddleston a semble-t-il beaucoup aimé travailler aux côtés de Joss Whedon, qui lui a offert un rôle à la mesure de son talent d'acteur avec le personnage de Loki.
La lettre ci-dessous a été intégralement traduite pour vous donner les clés d'une relation aussi belle que rare et pleine de respect, et pourra être retrouvée en V.O dans (l'énième) Joss Whedon : The Biography, dont la préface est signée par Nathan Fillion.
"Joss,
Je suis si excité que j'arrive à peine à parler.
La première fois que j'ai lu le script, j'étais comme Charlie Bucket devant un golden ticket planqué derrière une barre chocolatée Wonka. Je ne savais pas par où commencer. Comme le plus classique des acteurs, j'ai foncé sur le script pour trouver Loki sur toutes les pages, faisant des allers-retours, lisant les mots sans véritable ordre en particulier, ses interventions s'imprimant en moi comme des flashs nés de gros titres de journaux : "real menace"; "field of obeisance"; "discontented, nothing is enough"; "his smile is nothing but a glimpse of his skull"; "Puny god"...
Merci de m'avoir écrit comme Hans Gruber [NDT : Le méchant terroriste de Die Hard - Piège de Cristal]. Un Hans Gruber avec des pouvoirs. Comme s'il était joué par James Mason. Sa façon de mener des plans d'envergure avec cette ironie détachée, en plus de la "menace réelle" et de toute la peine qu'il transporte avec lui. C'est aussi immense, épique, majestueux, poétique, lyrique, malfaisant, riche et bad-ass que possible et c'est le rôle le plus glorieusement fun que j'ai jamais eu la chance de jouer. C'est tellement "juteux".
J'aime la façon que tu as de toujours mettre Loki sur un piédestal de splendeur royale avant de mieux le faire redescendre. Il se fait battre, frapper, ébranler, hurler dessus, mais il se relève toujours avec son sourire et sa méchanceté, sans jamais perdre sa verve, son style, sa grandeur, sans que tu ne remettes jamais en cause sa réelle intelligence. Le fait qu'il adore faire des entrées fracassantes, qu'il aime les grands gestes, les grands discours, le spectacle. J'ai peut-être un point de vue biaisé, mais j'ai l'impression d'avoir hérité du meilleur rôle.
... Mais bref, je t'envoie juste une dédicace et un check transatlantique, chose que les acteurs britanniques ne font probablement jamais. C'est épique."
Évidemment, parce que la fin de l'histoire n'est pas tout à fait arrivée, voici la courte réponse du très intérieur Joss Whedon, qui semble touché par le mail de son vilain favori :
"Tom, c'est l'une de ses lettres que l'on garde toute la vie. Merci beaucoup. C'est mieux écrit et construit (peut-être même plus long) que le script. Je ne pourrais pas être plus ravi par ta réaction, mais je t'assure que j'y travaille. Merci encore. Je suis tellement fier que ça te plaise. La suite ne sera que fun et absurde.
Amicalement, (incluant le check peu orthodoxe), Joss."
On espère que James Spader manie bien la plume, parce que pour voir un vilain rendre un si vibrant hommage à son réalisateur, il risque de falloir attendre un moment maintenant !
