Depuis son annonce, la série Death of Wolverine ne ment pas trop sur ce qu'elle va nous présenter, la mort d'un personnage qui est bien connu pour être immortel. Si la fin semble définie par avance, Marvel nous rappelle que ce qui est important ce n'est pas la destination mais le voyage, et que donc ce qu'il nous faut savoir, c'est comment Wolverine va mourir et comment seront ses derniers instants.
Cela fait un moment que Paul Cornell nous préparait à cet instant dans la série Wolverine. Il avait tout simplement ôté ses pouvoirs régénérants à Logan et les choses allaient forcément mal tourner pour le X-Man. Après avoir écrit son run qui menait vers ce point, le Britannique à tout simplement cédé sa place à Charles Soule, le tout nouveau scénariste exclusif à la Maison des Idées. Le petit nouveau récupérait donc la série-événement et avait la lourde tâche de rendre une copie impeccable alors qu'il n'avait plus de cliffhanger à vendre puisqu'il était annoncé dès le titre. Alors, il s'est appliqué à savoir comment raconter cette histoire, à narrer les derniers instants d'un homme qui se bat depuis plus d'un siècle, pour sa survie, pour les siens, parce qu'il est fait comme ça. D'ailleurs, dès le début, un petit échange avec Red Richards permet de resituer les événements et de mettre en face du lecteur toute la problématique de l'intrigue. Logan ne doit plus se battre, sous peine de mourir, sauf que toutes les organisations criminelles de la planète vont vouloir lui faire la peau. Un siècle qu'elles ne rêvent que de cela, elles ne vont pas laisser passer la minuscule fenêtre qui s'offre à elles. Et bien sûr, le mutant canadien n'est pas vraiment connu pour se laisser marcher dessus, si bien que même les prédictions de Richards ne pourront l'empêcher de répondre à sa nature, il n'est définitivement pas la proie mais le chasseur.
Le prétexte tout trouvé par Soule pour déchainer les foudres, d'un combat pur et brutal. Son écriture colle à la peau de Wolverine, une esthétique de la mort se dégage. Ici, les combats vont à l'essentiel, le mutant ne se battant pas pour le combat mais seulement pour l'emporter sur l'ennemi. Froid, brutal, mais aussi retranché dans sa volonté d'acier et conscient de sa mort inéluctable, le griffu transpire de charisme dans ces pages. Il a pleinement accepté sa mortalité, comme si toutes ces années passées lui avaient ouvert l'esprit et qu'il se satisferait de ce que le monde peut lui offrir sans changer de route pour autant. Charles Soule va alors convoquer Nuke et faire un premier clin d'œil aux personnages qui habitent l'histoire de Wolverine. D'ailleurs, d'autres viendront et on se dit que celui qui a fait ses débuts en combattant Hulk va avoir le droit à un baroud d'honneur où il va recroiser plusieurs têtes connues.
Pour appuyer son récit, Soule peut compter sur un Steve McNiven au top de sa forme. Le dessinateur retrouve sa précision et son œil affuté, et si son découpage est des plus classiques, son trait virevolte entre un dynamisme violent et une tendance naturiste à couper le souffle. Peut-être inspiré par le fait de dessiner un personnage canadien, McNiven donne le meilleur de lui-même et nous fait espérer qu'il restera sur le titre jusqu'à la fin et que son dos le laissera tranquille. Surtout que pour une fois, Marvel fait bien les choses et justifie le prix de son comic-book par de nombreuses pages de bonus, entre le dessinateur qui commente dans le détail ses planches et ses recherches, ou une interview de Len Wein, le créateur de Wolverine. Une initiative louable qui permet de se rendre compte de la minutie presque maniaque avec laquelle dessine McNiven et de voir que l'encreur Jay Leisten et le coloriste Justin Ponsor n'ont pas dû chômer avec des planches aussi remplies.
Ce premier numéro de Death of Wolverine lance une histoire qui s'annonce être un nouveau sommet de violence brutale pour un Logan qui semble arrivé au bout du chemin et qui va emporter avec lui tous ceux qui se mettront sur son chemin. L'écriture de Charles Soule se veut crue et froide à l'image de la détermination du personnage à qui Steve McNiven et lui ont décidé d'offrir un dernier tour de gala.