Qui dit rentrée dit forcément nouvelles séries à dévorer et à l'heure où les Super-Héros et leurs déclinaisons dominent le monde, il est logique de voir les plus grands networks américains se battre à grands renforts de séries adaptées (plus ou moins directement) des Comics de Marvel et DC. Quelques heures à peine après avoir découvert le pilote de Gotham, et en attendant de voir la série de la FOX se ressaisir, c'est au tour d'Agents of S.H.I.E.L.D de faire son cartable et de se présenter à un public impatient d'en découdre de nouveau avec l'agent Coulson et son équipe après une saison 1 entre la catastrophe et la rédemption du dernier arc qui suivait Captain America : The Winter Soldier.
Après nous avoir scié les pattes à grands coups de médiocrité mal placée il y a tout juste un an, Agents of S.H.I.E.L.D fait son retour en catimini, sans que ni Marvel ni Disney ne poussent véritablement la production de la Whedon Fam'. C'est donc la peau de l'outsider d'une rentrée chargée que l'Agent Coulson fait son (énième) comeback, lui qui doit déjà composer avec la disparition du S.H.I.E.L.D et de son Bad MotherFucker de boss, parti se la couler douce en Europe avant Avengers : Age Of Ultron. Pas de problèmes pour le fils de Coul, celui-ci a su profiter de la période estivale pour opérer un mercato intelligent, et se retrouve désormais entouré d'autres acteurs à la hauteur des ambitions des scénaristes, à l'image de la tête connue ci-dessus, dont le rôle devient bien plus important que lors de la toute fin de saison 1.
Mais avant de revenir sur l'intégration réussie de ces deux vétérans d'Hollywood, revenons d'abord sur le rythme parfaitement géré de ce premier épisode, qui nous présente le nouveau quotidien du Club des 5 le plus badass de la télé, mais qui débute par toute autre chose. En effet, bien conscients de l'utilité de placer sa future production sur le devant de la scène, les scénaristes de ce premier épisode lancent leur saison par un flashback qui sent bon Captain America : First Avenger et le prochain film de Marvel Studios, puisqu'on y retrouve Hayley Atwell dans la peau de l'Agent Carter, accompagnée par son commando hurlant et aux prises avec d'affreux agents de l'Hydra. Je ne vous dévoilerai évidemment pas les tenants ni les aboutissants du pourquoi du comment, mais une fois de plus, c'est une décision stratégique mûrement réfléchie et franchement intelligente de la part des pontes de Marvel TV.
La suite, elle, se déroule bien dans le présent et nous offre un premier épisode lié à un vilain appelé à durer (eût égard à son statut pas totalement risible dans les Comics notamment), Absorbing Man, joué par Brian Patrick Wade (le Kurt de The Big Bang Theory). Plutôt bien mis en scène, cet épisode souffre en revanche toujours du même sentiment de montage stéréotypé pour la TV, mais offre cette fois un rythme haletant, qui permet au spectateur de ne pas regarder le temps qui passe à mesure que l'épisode avance, le principal reproche que l'on faisait à la série l'année dernière.
Du côté du casting, on notera la première réussie de Lucy Lawless, ainsi que le retour d'Adrian Pasdar, toujours aussi monolithique et efficace dans son rôle de Glenn Talbot (Message subliminal : regardez Profit).
Mais parce que tout n'est pas encore rose chez ABC, il nous est impossible de pardonner le niveau des dialogues, qui oscillent entre le très médiocre (ce qui se ressent dans le triste jeu des acteurs, la jeune équipe de Coulson en tête) et le plutôt bon, avec la même signature Whedon sur les punchlines depuis des années maintenant. Le problème, c'est qu'une ligne bien sentie de temps en temps ne rattrape pas le travail bâclé sur le reste de l'épisode, et que c'est l'ensemble de celui-ci qui se retrouve pénalisé par cette triste ambivalence, qui aurait pu être gommée avec un peu plus d'application à l'écriture.
Autre point noir : la réalisation de Vincent Misiano, pourtant déjà à l'oeuvre sur les épisodes 17 et 19 de la première saison, loin d'être les pires à ce niveau. Ici, tout est cheap, mal cadré, mal monté et terriblement desservi par des effets spéciaux parfois à la limite de l'acceptable (même si Absorbing Man ne s'en tire finalement pas si mal comparé aux explosions de grenades façon 32 bits dans le dernier tiers de l'épisode). C'est d'autant plus dommage qu'une fois ces défauts mis de côté, la série pourra nourrir de vraies ambitions artistiques, avec son décorum plutôt fun à développer.
Sans gommer les travers de sa première saison ô combien décriée, Agents of S.H.I.E.L.D redresse la barre très nettement et poursuit sur la lancée de ses derniers épisodes, en ajoutant un peu plus de sérieux et de contenu à une histoire dont on parvient désormais à saisir les véritables enjeux. Non, ce n'est toujours pas une très bonne série TV, mais c'est un parfait accompagnement à l'univers ciné' de Marvel Studios, qui profite de sa petite soeur pour nous offrir quelques nouveaux personnages forts et régler des conflits jugés indignes du grand écran, à l'image de l'antagoniste de ce premier épisode. Pas brillant, mais franchement encourageant.