Une toute nouvelle rubrique ouvre ses portes, une rubrique où nous lèverons le voile toutes les trois semaines sur une série indé (dans la mesure où l'on admet que ce qui est indé est un comics qui n'est pas édité par les deux majors). Véritable terreau fertile aux bonnes histoires, il nous a paru essentiel de présenter des œuvres qui sont peut-être passées à la trappe alors que leur qualité est indéniable.
Éditeur : Image Comics
Premier numéro : Mai 2014
Nombre de numéros parus : 8
Genre : Science-fiction politique sous acide
Warren Ellis a toujours aimé voyager d'éditeur en éditeur, posant souvent ses valises où l'on voulait bien de lui. S'il n'est jamais contre une petite pige chez Marvel, où il peut s'amuser à faire des petits chefs-d'œuvre d'expérimentation séquentielle comme sur Moon Knight, c'est du côté des indés qu'il peut s'épanouir pleinement. Pourtant, ces dernières années l'ont beaucoup vu travailler avec Avatar Press qui seuls acceptaient encore les scripts hauts-perchés du Britannique.
Pourtant, le changement de ligne édito opéré par Image Comics ces dernières années a permis aux éditeurs de laisser un espace d'expression à Ellis, sans lui coller un dessinateur qu'il ne connait pas dans les pattes (Avatar a un système de fonctionnement bien étrange où le scénariste envoie son script qui est ensuite transmis au dessinateur, jamais les deux artistes ne se parlent). Pour cette nouvelle série, le créateur de Planetary a donc pu faire appel à son ami Jason Howard pour illustrer (de très belle manière !) une histoire azimutée.
Warren Ellis nous présente donc une invasion alien, mais il va bien prendre soin d'enlever tout l'aspect climatique de celle-ci. Déjà, il place l'action dix ans après leur arrivée, évitant ainsi le scénario catastrophe et pouvant se focaliser sur les conséquences plutôt que l'aspect émotionnel qu'aurait un tel événement. Surtout, ces aliens qui ressemblent à d'immenses troncs uniques ne font rien, ils restent plantés là sans se soucier des humains ou de la nature environnante.
Il va donc déployer une intrigue, ou plutôt une multiplicité d'intrigues. Prenant le parti de livrer une histoire mondial, un peu à la manière de son Global Frequency, il nous transporte de Rio de Janeiro à Mogadiscio en passant par le cercle arctique et la Grèce. On suit l'existence de plusieurs personnes que la présence de ces "Trees" a affecté, sans rapport les uns aux autres, ils jouent tous un rôle minuscule mais qui agit selon le principe du "tout-est-lié".
Surtout, l'auteur de Transmetropolitan va en profiter pour livrer une analyse politique et environnementale toute en douceur. On est loin des propos véhéments de Spider Jerusalem. Ici, Warren Ellis nous laisse regarder et tirer nos propres conclusions. Il ne s'épargne rien, et s'amuse même à faire d'un membre de l'Aube Dorée, le parti fasciste grec, un des personnages principaux de sa série.
Cette série a reçu un accueil critique plus que favorable, si bien qu'une seconde saison a été annoncée alors que la première a pris fin avec le Trees #8 paru plus tôt ce mois-ci. Pour ceux qui voudraient une bonne occasion de mettre leur pied à l'étrier, Image Comics va publier le premier recueil de Trees en février. Une occasion qu'il serait dommage de manquer.