L'homme sans peur est là, et il n'a rien à craindre de nous après ce premier trailer qui a mis toute la rédaction en émoi. Il faut dire que la première bande-annonce pour la série Daredevil a su saisir l'essence même du personnage en seulement 90 secondes. On s'y croirait déjà, dans les rues sombres et dangereuses d'Hell's Kitchen, mais il faudra attendre le 10 avril prochain pour poser nos petits yeux sur la co-production Marvel Studios/Netflix. Pour patienter, je vous propose donc de passer le trailer de Daredevil à la loupe, pour en déduire quelques pistes qui mettent l'eau à la bouche.
Encore une fois, gardez à l'esprit que nos analyses pourraient déboucher sur des spoilers involontaires. Mais il ne s'agit là que de suppositions, bien entendu.
Une fois n'est pas coutume, commençons par les pouvoirs de notre héros urbain. Il se trouve qu'ils apparaissent plutôt subtilement dans ce trailer, comme pour nous rappeler que nous n'avons pas affaire à un dieu nordique ou un milliardaire en armure.
L'emphase faite sur ses capacités nous indique une chose : on sait quel Daredevil trouvera sa place à l'écran, et ce Daredevil est assurément celui de Frank Miller. Outre le costume, sur lequel nous reviendrons dans le détail, on note ici des caractéristiques typiques du personnage imaginées ou réinventées par Miller. Pour rappel, c'est le créateur de Sin City qui avait ramené les pouvoirs de l'homme sans peur à un niveau raisonnable dans les années 1980, les regroupant sous la forme d'un sonar, comme peuvent en avoir les créatures marines. Et ce sonar est bien présent dans le trailer, au moins dans sa dernière partie, où on entend son balayage sonore distinctif grâce à un sound design qui donne de magnifiques indices sur le soin apporté au show, sans parler de la mise au point qui se fait sur les remous de son ouïe, à défaut de l'être au travers de ses yeux.
• Ninja catholique
C'est également à Frank Miller qu'on doit l'aspect ninja du personnage. Le scénariste de The Dark Knight Returns, passionné par un Japon fantasmé, avait en effet donné à Matt Murdock un senseï, en la personne de Stick, qu'on aperçoit dans le trailer à 0'28, et un style très furtif, qui semble être souligné par des mouvements très rapides lors de plusieurs scènes de la bande-annonce.
Et malgré cette influence toute orientale, Miller avait également ramené son personnage dans un milieu gothique et austère que sont les sombres églises de Hell's Kitchen, où Matt Murdock, fervent catholique, tente de réaffirmer sa foi. Et puisque c'est le sujet de la voix-off de la bande-annonce on peut imaginer que Steven S.DeKnight, le showrunner, a puisé son inspiration dans cette époque de la vie éditoriale du personnage.
• Un baptême par la pluie et le sang
Enfin, le dernier plan du trailer, où l'eau se mélange au sang, évoque assez largement une imagerie Millerienne, avec un héros aussi vulnérable que déterminé, et des conséquences brutales. Ce n'est pas forcément ce qui évoque le plus Daredevil par Frank Miller, mais cela renvoie incontestablement au travail de l'auteur sur Batman, qui fut tout aussi transformé par son contact avec le scénariste.
Dans tous les cas, nombreuses sont les images qui reprennent les cases iconiques de Frank Miller pour en emprunter la force.
Chapitre suivant >La forme au service du fond
Nous le disions, le son semble avoir fait l'objet d'un vrai travail dans la série Daredevil, ce qui est plutôt bienvenu quand on s'intéresse à un personnage aveugle. Outre le fameux sonar, on entend également de nombreuses voix déformées dans la bande-annonce, qui sont sans aucun doute les différentes voix qui se bousculent dans la tête de notre héros.
• Juste une mise au point
Mais l'image n'est pas en reste pour autant, comme nous le prouve le plan très spécifique à 0'19 dans le trailer. C'est sans doute l'une des images les plus importantes et les plus bavardes de la bande-annonce, car elle en dit long sur la réalisation qui accompagnera le personnage. Ici, la mise en scène souligne les pouvoirs de Daredevil, en imitant le trait ou les astuces de certains dessinateurs comme le fondateur Alex Maleev.
Sur ce plan, notre cher Matt Murdock dirige son attention vers les deux SUV noirs, véhicules officiels des méchants depuis les années 2000. On comprend cette action à l'aide d'un jeu sur la mise au point : seuls les deux engins sont à peu près nets, quand le reste est flou voire trouble.
• Où poser la caméra
Le cadrage est lui aussi très important, puisque la caméra est placée pour pointer non pas le personnage, mais bien les deux SUV, histoire de faire comprendre sur quoi se pose le "regard" de notre héros. C'est une technique finalement assez simple, mais très astucieuse, pour illustrer les pouvoirs du personnage. Charlie Cox s'exprimait d'ailleurs sur cette mise en scène il y a quelques jours, déclarant que les caméras pointeraient régulièrement les personnes, les objets ou tout autre détail qui intéresse Matt Murdock lors d'une scène le concernant.
Et quand la forme se met au service du fond, même avec des techniques simples, on ne peut qu'être rassurés quant aux ambitions de Steven S.DeKnight.
< Chapitre précédentMiller en héritageChapitre suivant >Le costumeL'habit ne fait pas le moine. Est pourtant, il y a beaucoup à dire sur la série Daredevil en s'intéressant de près au costume du héros. Vous l'avez tous remarqué, il ne s'agit pas de la tenue emblématique, faite de rouge et de cornes, que porte le plus souvent le héros.
• Black Mask
Ce costume noir est un nouvel héritage de Frank Miller, puisqu'il s'agit ni plus ni moins du costume que Matt Murdock porte dans le run The Man Without Fear, dessiné par John Romita Jr. Il est d'ailleurs très cohérent pour la série d'opter pour un costume de cet acabit, puisqu'il est, en quelque sorte, un costume initiatique, celui d'un Daredevil ninja qui débute.
Le costume n'en est pas moins intéressant à analyser. A plusieurs reprises dans le trailer, on peut notamment observer quelques liserets rouges (voir l'image éclaircie ci-dessous) se baladant sur la tenue, qui font office de rappel, si ce n'est de teaser, au costume emblématique du héros. Mais cette tenue semble être déjà différente de celle que nous avions pu voir sur les premières images de la série, où le héros porte un costume entièrement noir (voir galerie, avec cette image elle aussi très Miller dans l'âme). L'homme sans peur ne serait pas à un costume près, puisque les rumeurs nous disent que le héros pourrait terminer sa croisade dans une tenue similaire à celle de Secret War, dessiné par Gabriele Dell'otto, à admirer en galerie. De plus, on voit également Daredevil cogner du criminel avec deux bâtons, vraisemblablement blancs, et qui ne sont peut-être que les deux parties de sa canne blanche, qu'il utilise comme arme dans le run de Miller et Romita Jr.
• Le ski à Hell's Kitchen
Pour revenir sur le design du costume en lui-même, Steven S.DeKnight a d'ores-et-déjà évoqué une évolution de la tenue de Daredevil. Simplement, il voulait que ce costume reflète les débuts d'un personnage expérimenté, ceux d'un vigilante, et non d'un héros. Si le costume est un peu sombre, on a tout de même évité des associations d'idées plus loufoques, comme un masque de ski noir, teinté, qui aurait pu servir de couvre-chef au héros.
< Chapitre précédentLa forme au service du fondChapitre suivant >Se faire violenceSteven S. DeKnight l'avait promis, et jusqu'ici la promesse est tenue, Daredevil est une production sombre et violente, qui se distingue donc d'emblée des films de Marvel Studios. Cependant, la vie éditoriale du personnage est parsemée de meurtres et de destins particulièrement tragiques, qu'on ne voit pas forcément arriver dans l'univers des vengeurs.
• H.K Noire
D'après le trailer, il faut tout de même s'attendre à de l'hémoglobine, que nous ne voyons je crois jamais dans les films Marvel Studios. Mais au delà de quelques gouttes de sang, peut-on envisager des drogues, des meurtres, des viols ? On sait que Karen Page (Deborah Ann Woll) est notamment impliquée dans une carrière pornographique, où elle attrape le SIDA, pendant le run légendaire de Miller.
A priori, oui. La bande-annonce propose en effet un montage sans concessions (du moins pour le studio de Kevin Feige) pour illustrer la violence des rues de Hell's Kitchen : la série pourrait donc s'avérer particulièrement noire si on la compare aux autres productions Marvel Studios.
• Karen Page
Surtout si on étend la logique vers un personnage précis, celui de Karen Page, incarnée par Deborah Ann Woll. On ne la voit que très peu dans ce trailer, à la 25ème seconde, juste après un plan qui n'hésite pas à montrer des kilos entiers de cocaïne. Hasard improbable ou association d'idée ? On ne peut jurer de rien, mais vous en conviendrez, le seul gros plan sur Karen Page nous montre une jeune femme en mauvaise santé, qui est peut-être même en train de passer un sale quart d'heure dans un commissariat. Sans doute une conséquence du plan sur un cadavre ensanglanté (voir ci-dessus) qui semble incriminer le futur love interest de Matt Murdock. De là à imaginer un personnage complexe et déjà victime de la drogue, il n'y a qu'un pas.
< Chapitre précédentLe costumeChapitre suivant >Vilains et alliés
Pour terminer, il nous faut revenir sur les amis et les ennemis furtivement aperçus dans ce trailer.
• Le chauve et le plumé
Vous n'êtes pas sans savoir que c'est le génial Vincent D'Onofrio (resté légendaire pour son rôle de "Baleine" dans Full Metal Jacket) qui incarne le Caïd, que la bande-annonce nous montre de dos, dans une galerie d'art. Car c'est bien connu, les vilains apprécient les jolies choses :
Juste avant cela, on le voyait piocher dans une vaste collection de boutons de manchettes, et dévoiler un méchant tic à la main droite, qui sera sans doute un des éléments de la personnalité inventée pour le Caïd dans cette série. Il ne sera d'ailleurs pas le seul vilain de la bande, puisqu'on aperçoit également l'acteur Bon Gunton, de dos, à 0.31, qui a officiellement été recruté pour incarner un certain Leland Owlsey, qu'on connaît mieux sous le titre du Hibou.
• Les croisés
Bien heureusement, dans sa croisade, Matt Murdock pourra compter sur des alliés. Le premier à apparaître n'est autre que Foggy Nelson, incarné par Elden Helson qu'on aperçoit face à Karen Page. Cela pourrait impliquer que la belle soit l'une des premières personnes défendues par les deux avocats, qui lui donneront peut-être une seconde chance en l'engageant comme secrétaire. On découvre également Rosario Dawson dans le rôle de Claire Temple, pressentie pour être l'Infirmière de Nuit, la confidente de Daredevil.
Tous les extraits du trailer sont la propriété de Netflix.
Une fois n'est pas coutume, commençons par les pouvoirs de notre héros urbain. Il se trouve qu'ils apparaissent plutôt subtilement dans ce trailer, comme pour nous rappeler que nous n'avons pas affaire à un dieu nordique ou un milliardaire en armure.
L'emphase faite sur ses capacités nous indique une chose : on sait quel Daredevil trouvera sa place à l'écran, et ce Daredevil est assurément celui de Frank Miller. Outre le costume, sur lequel nous reviendrons dans le détail, on note ici des caractéristiques typiques du personnage imaginées ou réinventées par Miller. Pour rappel, c'est le créateur de Sin City qui avait ramené les pouvoirs de l'homme sans peur à un niveau raisonnable dans les années 1980, les regroupant sous la forme d'un sonar, comme peuvent en avoir les créatures marines. Et ce sonar est bien présent dans le trailer, au moins dans sa dernière partie, où on entend son balayage sonore distinctif grâce à un sound design qui donne de magnifiques indices sur le soin apporté au show, sans parler de la mise au point qui se fait sur les remous de son ouïe, à défaut de l'être au travers de ses yeux.
• Ninja catholique
C'est également à Frank Miller qu'on doit l'aspect ninja du personnage. Le scénariste de The Dark Knight Returns, passionné par un Japon fantasmé, avait en effet donné à Matt Murdock un senseï, en la personne de Stick, qu'on aperçoit dans le trailer à 0'28, et un style très furtif, qui semble être souligné par des mouvements très rapides lors de plusieurs scènes de la bande-annonce.
Et malgré cette influence toute orientale, Miller avait également ramené son personnage dans un milieu gothique et austère que sont les sombres églises de Hell's Kitchen, où Matt Murdock, fervent catholique, tente de réaffirmer sa foi. Et puisque c'est le sujet de la voix-off de la bande-annonce on peut imaginer que Steven S.DeKnight, le showrunner, a puisé son inspiration dans cette époque de la vie éditoriale du personnage.
• Un baptême par la pluie et le sang
Enfin, le dernier plan du trailer, où l'eau se mélange au sang, évoque assez largement une imagerie Millerienne, avec un héros aussi vulnérable que déterminé, et des conséquences brutales. Ce n'est pas forcément ce qui évoque le plus Daredevil par Frank Miller, mais cela renvoie incontestablement au travail de l'auteur sur Batman, qui fut tout aussi transformé par son contact avec le scénariste.
Dans tous les cas, nombreuses sont les images qui reprennent les cases iconiques de Frank Miller pour en emprunter la force.
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