Bientôt, nous retrouverons les Avengers, encore plus nombreux et puissants qu'auparavant. Brillants de mille feux, ils paveront la route pour le retour au cinéma des Fantastic Four qui devront sûrement sauver l'univers une nouvelle fois avant que l'on ne découvre un combat au sommet entre Batman et Superman l'année prochaine.
Des super-héros au sommet de leur gloire et de leur puissance. Pourtant, si ces personnages combattent dans la première ligue des aventures à super-pouvoir, d'autres raclent les restes et essaient de se faire une place au soleil malgré leur statut d'éternels losers. Morceaux choisis.
En 1999, alors que le genre super-héroïque n'a pas encore envahi Hollywood et que les personnages de comics sont encore vus par le grand public comme une bande d'encapés qui ne savent même pas mettre leur caleçon de la bonne façon, Kinka Usher décide pour son premier long-métrage de s'inspirer d'un comics obscur de Dark Horse (mais qui avait commencé en autopublication) : The Flaming Carrot Comics.
Il va en tirer Mystery Men, l'histoire d'une équipe de super-héros un peu complexés par Captain Amazing, le plus grand héros de tous les temps, défenseur de la veuve et de l'orphelin et véritable objet de culte parmi les habitants de Champion City. Il est grand, beau, fort et a quasiment éradiqué le crime de sa ville. Seul problème, il s'ennuie et décide de relâcher son plus grand ennemi : Casanova Frankenstein. Mauvaise idée puisque ce dernier s'empresse alors de le capturer et de menacer la ville d'extinction.
Le sort des habitants repose alors sur les épaules de ces sous-fifres que personne ne considérait jusqu'alors. Une bande de losers qui arrive difficilement à avoir assez à la fin du mois pour repriser leurs costumes. Parmi eux, on retrouve le Fakir Bleu, interprété par Hank Azaria, dont le pouvoir consiste à envoyer des couverts avec une grande précision, Mr. Furieux, joué par un Ben Stiller pas encore reconnu comme aujourd'hui, et qui a la faculté de rentrer dans une rage folle ou encore La Pelle, porté par le merveilleux William H. Macy, qui se bat avec... une pelle !
Ce sera à ces héros que même les vilains n'accordent aucune importance, qu'il reviendra d'être les sauveurs du jour. Cela n'ira pas sans une grosse couche d'humour bien gras (l'un des héros a la capacité de faire s'évanouir ses ennemis en pétant) et des gags qui se suivent à la chaîne. Avec la meilleure volonté du monde, et le soutien d'un scientifique fou joué par un Tom Waits toujours aussi impérial, des joyeux lurons partiront au combat bien décidés à ne plus être les dindons de la farce.
Cette comédie à l'humour volontairement bas du front (mais pas tant) était porteur d'une morale un peu désuète mais pas ridicule. Il fut même bien accueilli par la critique. Il fit cependant un four comme rarement, ne rentrant même pas dans ses frais alors que le budget de production n'est pas bien élevé (moins de 70 millions de dollars). Ce premier film sera donc aussi le dernier pour Kinka Usher, qui doit se dire que s'il avait attendu quelques années et les succès successifs de Bryan Singer et Sam Raimi, les choses auraient sans doute tourné autrement. Comme quoi, mieux vaut éviter de sortir la parodie avant le canon.
En 2008, les choses ont bien changé depuis la sortie de Mystery Men. Les super-héros sont le nouveau cool, d'ailleurs tous les studios veulent le leur et sortent films sur films avec des encapés. La parodie de super-héros est donc devenue totalement d'actualité et Akiva Goldsman, l'homme derrière Batman Forever et Batman & Robin (ne le remerciez pas, vraiment), se dit qu'il serait de bon ton de sortir une comédie super-héroïque qui pourrait si possible devenir une nouvelle franchise.
Pour cela, il va voir Vince Gilligan. Oui, celui à qui l'on doit Breaking Bad et Better Call Saul, ce génie aujourd'hui unanimement reconnu mais qui a l'époque a bien du mal à trouver un second souffle après X-Files. Il va alors accepter de lui écrire Hancock (scénario qui passera ensuite entre les mains de "script doctors"), où il met en scène un super-héros d'un nouveau genre. Un héros dont les pouvoirs sont une telle plaie qu'il en est devenu alcoolique et hautement dépressif.
Goldsman va remettre ce script dans les mains de Peter Berg, qui peut être considéré comme l'un des "faiseurs" d'Hollywood, un homme que l'on retrouve derrière des films comme The Kingdom ou Battleship (même si on lui doit aussi le film Friday Night Lights). De l'aveu de Vince Gilligan même, ce qu'il rendra comme script à Michael Mann (qui co-produit le film) est bien différent de ce que les spectateurs ont pu voir à l'écran. Il s'est rendu compte de ce que pouvait devenir un film quand il était considéré comme un produit plus que comme une œuvre.
Pourtant, tout n'est pas à jeter dans ce long-métrage où le sous-texte de Gilligan transparait encore ça et là, surtout dans la première moitié de la pellicule. Aussi, et ce n'est pas anodin dans une industrie qui semble avoir du mal à évoluer sur la question, le super-héros en question est un Noir, interprété par Will Smith. Avec Blade qui voyait Wesley Snipes découper du vampire, c'était alors le seul film dans ce cas. Il montrait aussi un héros au temps de la surmédiatisation, qui doit affronter le monde des opinions.
Mais ce n'était pas vraiment ce que voulait Sony, qui produit le film et qui sait depuis la sortie de Spider-Man 3 qu'ils n'ont plus de licence pour contrer les autres studios. Pas question alors de trop dégrader l'image du héros, il lui faut un final épique et démentiel, quitte à nager en pleine incohérence assumée. Le film sera bien entendu un succès, mais pas suffisant pour lancer une franchise derrière. Surtout qu'entretemps, quelqu'un a dû leur apprendre un concept familier aux comics : le reboot. C'est alors que rentre en scène Marc Webb, mais c'est une autre histoire.
Plus proche de l'idée qu'avait eu Vince Gilligan, sort en 2009 le premier film de Peter Stebbings, acteur à qui est venu l'idée de Defendor. Il imagine en effet un héros qui n'en est pas vraiment un, cet homme brisé qui se réinvente une nouvelle personnalité pour vaincre ce qui lui semble être l'incarnation du Mal, Captain Industry, un super-vilain qui n'est autre que la projection qu'il a créé quand il fut désemparé par la mort par overdose de sa mère.
Le sujet est sensible, surtout que dans l'histoire qui suit, il ne sera fait aucune concession au personnage qui va traverser épreuves sordides et douloureuses. Stebbings va alors voir les portes se fermer devant les unes après les autres, faisant la tournée des studios hollywoodiens qui vont tour à tour, ne sachant comment vendre le film, refuser de produire ce script. Il trouvera enfin son salut chez Darius Films, une maison de production canadienne.
Nicholas Tabarrok, le président de Darius, est tellement séduit par ce scénario qu'il décide d'investir massivement dedans, à l'échelle de sa boîte de prod' qui était alors restée cantonnée à la télé. Il va alors mettre quatre millions de dollars sur la table pour produire ce long-métrage. On est bien loin des standards hollywoodiens pour qui cela représente le budget touillette, mais c'est une grosse prise de risque pour eux.
Elle sera récompensée quand Woody Harrelson acceptera de diminuer son cachet pour jouer le rôle principal de Arthur Poppington dans le film. Accompagné de l'actrice Kat Dennings, il va jouer dans un film de super-héros qui montre sans fard la prostitution, la drogue et la corruption. D'ailleurs, sur bien des aspects, le film est plus proche d'un polar que d'un film de super-héros. Le marketing faisant les films, celui-ci ne va pas trouver son public.
Ce sera un échec plus que cuisant, le film ne rapportera que 50.000 dollars sur le territoire américain et ne trouvera pas de distributeur pour l'exporter dans les salles étrangères. C'est donc directement en DVD qu'il arrivera chez nous, et qu'il se fera oublier. Même s'il était loin d'être le meilleur film de tous les temps, il mérite d'être vu. Pourtant, ce triste destin va faire que Darius va avoir bien du mal à s'en relever et que Stabbings va mettre un terme à sa carrière de réalisateur.
Retour aux basiques en 2010, quitte à parler de super-héros, autant laisser ceux qui savent mieux le faire s'en charger. Ainsi, Kick-Ass est l'adaptation du comics de Mark Millar et John Romita Jr. qui sort au sein du label Icon de Marvel. Cependant, il n'en est pas la retranscription exacte puisque la production a commencé avant que le scénariste écossais n'ait fini d'écrire sa série.
En effet, Millar connait bien Matthew Vaughn, qui a l'honneur de lire avant tout le monde ce que son ami écrit sur Kick-Ass. Il est alors convaincu qu'il doit en faire un film. Il va alors toquer à de nombreuses portes qui ne semblent pas plus intéressées que ça. Cependant, Vaughn sait comment fonctionne la machine hollywoodienne puisqu'il a été producteur (de Guy Ritchie notamment) avant de passer lui-même derrière la caméra. Il organise donc un diner pour récolter des fonds, qui va si bien marcher qu'Universal va alors revenir vers lui en lui proposant bien plus que ce qu'il demandait la première fois.
Celui qui a commencé à se faire un nom en tant que réalisateur avec Layer Cake et Stardust va alors montrer ce que freak control signifie. Il sera présent sur tous les aspects de son film, écrivant le scénario, assurant lui-même le montage et ayant un œil sur le casting. Si les jeunes héros du film ne sont alors pas encore connus, il engage son ami Mark Strong pour camper le grand mafioso et Nicolas Cage pour interpréter Big Daddy. Quand on sait que Daniel Craig et Mark Wahlberg ont tous deux passé des tests pour le rôle, on se dit que le film aurait pu être tout autre.
Un film qui va alors déployer une centaine de minutes coup de poing. Avalanche pop générationnelle et colorée, il redéfinit sur plein d'aspects la relation qu'entretient le public au super-héros. Dave Lizewski est un ado désœuvré qui décide d'enfiler lui-même un costume pour combattre le crime, tant pis si l'on est dans le monde réel. Hit-Girl est une gamine qui a perdu le sens des réalités et qui a été embrigadée par son père dans sa lutte contre la mafia.
Surtout le film va être l'avatar d'une nouvelle tendance, une popularisation de la "culture geek". Le long-métrage est l'occasion pour Millar et Vaughn de placer une douzaine de références à la minute. Quelque chose qu'avait déjà fait Clerks mais à une autre époque. Ici, cela fait mouche car cette culture n'est plus une culture de niche et qu'elle touche désormais un large public qui va se jeter sur ce film qui partage un langage commun avec lui.
Les deux personnages en marge et attachants seront portés par une réalisation fracassante d'un Matthew Vaughn en constante exploration de comment retranscrire le mouvement à l'écran. Le film va alors devenir un succès que n'avaient pas prévu les producteurs, ces derniers triplant leur mise. Encore une fois, on est loin des résultats des blockbusters, mais ils ne jouent pas dans la même catégorie, et Vaughn ne cherchait de toute façon pas à aller sur ce terrain.
Pour James Gunn, apprendre l'existence de Kick-Ass de la bouche même de Mark Millar fut assez terrible. En effet, il découvrit l'idée du scénariste écossais alors qu'il était lui-même en train de commencer la production de Super, un film où un homme ordinaire décide d'enfiler un costume pour aller combattre le crime avec ses propres moyens. Pourtant, ce film sorti en 2011 est très différent de celui que Matthew Vaughn a dévoilé un an auparavant.
En effet, ici le héros, Frank d'Arbo, qui est joué par Rainn Wilson, décide de partir en croisade contre le crime quand sa femme ex-toxicomane le quitte pour aller s'acoquiner avec Jacques, un malfrat qui traine dans tout ce qu'il peut y avoir de louche et qui est interprété par Kevin Bacon. Pour affronter cette rupture, il va alors décider d'enfiler un costume rouge vif et de déboiter des gens à la clé à molette.
Aidé dans son œuvre par une vendeuse de comics jouée par Ellen Page, il est vite considéré comme un désaxé dangereux. Il faut dire qu'il a du mal à discerner la gravité d'un crime : un dealer de drogue ou quelqu'un qui double dans une file, même tarif : un bon gros coup de clé à molette ! Pourtant à force de taper dans du menu fretin, il va remonter les échelons pour un final dantesque et so nineties dans l'antre de Jacques.
Ce que raconte le film et son ton sont résolument différents de ce que son ami Millar (qui diffusera Super pour la première fois en Europe lors de la Kapow!, convention qu'il organisait avec sa femme) a fait dans Kick-Ass. Il est bien plus sombre, malsain et gore. Une sorte de mauvaise blague dont la chute ne prête pas vraiment à rire. D'ailleurs, le film fut un échec conséquent, aussi parce qu'il connut une distribution à l'international proprement ridicule.
Pourtant, c'est un très bon long-métrage, dont le ton doux-amer cache une morale à fleur de peau. Et puis, rien que pour voir Rob Zombie en Dieu, cela vaut le visionnage. Après avoir infusé du super-héros dans la vie quotidienne, James Gunn bouclera la boucle en donnant à Marvel Studios des héros très humains alors même que ce sont des extraterrestres : Guardians of the Galaxy aura lui une toute autre carrière dans les salles et consacrera le réalisateur auprès du public.
En 1999, alors que le genre super-héroïque n'a pas encore envahi Hollywood et que les personnages de comics sont encore vus par le grand public comme une bande d'encapés qui ne savent même pas mettre leur caleçon de la bonne façon, Kinka Usher décide pour son premier long-métrage de s'inspirer d'un comics obscur de Dark Horse (mais qui avait commencé en autopublication) : The Flaming Carrot Comics.
Il va en tirer Mystery Men, l'histoire d'une équipe de super-héros un peu complexés par Captain Amazing, le plus grand héros de tous les temps, défenseur de la veuve et de l'orphelin et véritable objet de culte parmi les habitants de Champion City. Il est grand, beau, fort et a quasiment éradiqué le crime de sa ville. Seul problème, il s'ennuie et décide de relâcher son plus grand ennemi : Casanova Frankenstein. Mauvaise idée puisque ce dernier s'empresse alors de le capturer et de menacer la ville d'extinction.
Le sort des habitants repose alors sur les épaules de ces sous-fifres que personne ne considérait jusqu'alors. Une bande de losers qui arrive difficilement à avoir assez à la fin du mois pour repriser leurs costumes. Parmi eux, on retrouve le Fakir Bleu, interprété par Hank Azaria, dont le pouvoir consiste à envoyer des couverts avec une grande précision, Mr. Furieux, joué par un Ben Stiller pas encore reconnu comme aujourd'hui, et qui a la faculté de rentrer dans une rage folle ou encore La Pelle, porté par le merveilleux William H. Macy, qui se bat avec... une pelle !
Ce sera à ces héros que même les vilains n'accordent aucune importance, qu'il reviendra d'être les sauveurs du jour. Cela n'ira pas sans une grosse couche d'humour bien gras (l'un des héros a la capacité de faire s'évanouir ses ennemis en pétant) et des gags qui se suivent à la chaîne. Avec la meilleure volonté du monde, et le soutien d'un scientifique fou joué par un Tom Waits toujours aussi impérial, des joyeux lurons partiront au combat bien décidés à ne plus être les dindons de la farce.
Cette comédie à l'humour volontairement bas du front (mais pas tant) était porteur d'une morale un peu désuète mais pas ridicule. Il fut même bien accueilli par la critique. Il fit cependant un four comme rarement, ne rentrant même pas dans ses frais alors que le budget de production n'est pas bien élevé (moins de 70 millions de dollars). Ce premier film sera donc aussi le dernier pour Kinka Usher, qui doit se dire que s'il avait attendu quelques années et les succès successifs de Bryan Singer et Sam Raimi, les choses auraient sans doute tourné autrement. Comme quoi, mieux vaut éviter de sortir la parodie avant le canon.