Elle ne sera pas disponible avant vendredi prochain, et pourtant, la série de Daredevil est déjà propulsée par un accueil chaleureux. La presse est unanime : les chanceux (dont nous faisons partie) qui ont pu poser leurs yeux sur la série de Netflix n'ont pas manqué de saluer ce que l'on considère déjà comme l'une des productions les plus abouties de Marvel Studios. Pourtant, atteindre un tel niveau d'excellence était loin d'être chose facile. Retour sur la genèse d'un projet qui risque fort de faire rentrer les adaptations de comic books dans une nouvelle ère.
Nous sommes le 10 octobre 2012, et faute d'un second film qui lui permettrait de poursuivre son exploitation du personnage, la Fox perd les droits d'adaptation de Daredevil, qui reviennent au bercail, chez le désormais très influent Marvel Studios. Mais ce n'est qu'en avril 2013 que Kevin Feige, big boss de la firme, confirmera la nouvelle, étouffée dans les news du moment. En octobre de la même année, Deadline se permet tout de même d'annoncer que le studio planche sur pas moins de quatre séries et une mini-série, pour un total de 60 épisodes. Les fans imaginent alors le retour de l'homme sans peur sur les écrans, après le film de Mark Steven Johnson et la série avortée d'ABC, qui avait tenté de mettre sur pied un show dans les années 1980.
La nouvelle prend dans l'ampleur, et on apprend que Kevin Feige a l'intention de présenter le projet à plusieurs services de vidéo à la demande, dont Amazon et Netflix. Ce sera finalement l'entreprise qui a donné naissance à House of Cards qui sera choisie par Marvel Studios pour supporter ce nouveau plan de bataille. Les choses s'accélèrent, et le line-up est présenté à New-York dans un événement a priori anodin mais ô combien stratégique pour la firme : Daredevil, Jessica Jones, Luke Cage, Iron Fist et The Defenders sont présentés par ce triumvirat composé de de Marvel Studios, Netflix et la mairie de grosse pomme.
Une alliance qui se met en quête de ses équipes créatives. Pour mener le navire Daredevil, qui inaugurera cette entreprise, on recrute Drew Goddard, scénariste de Cloverfield et réalisateur de The Cabin in the Woods, qui est un élève de l'école Whedon, dont le maître à fait ses preuves chez Marvel Studios avec le premier Avengers. Mais au delà de l'effet miroir, la nomination rassure les fans : Drew Goddard est apparemment un très grand fan de l'homme sans peur. Il écrira le pilote et un premier squelette pour la série, avant de quitter le projet, rappelé par ses obligations contractuelles avec Sony et son film Sinister Six. On le remplace par Steven DeKnight, le showrunner de Spartacus, qui fait lui aussi partie de la bande à Joss Whedon. En effet, Goddard et DeKnight ont débuté leur carrière dans la société de production du créateur de Buffy, Mutant Ennemy. Et les deux hommes reprennent du service côte à côte, Drew Goddard restant attaché à la série en tant que consultant très spécial et producteur.
Le processus d'écriture débute, encadré par les habitués de l'écurie Marvel, dont Joe Quesada, qui avait redonné à Daredevil ses lettres de noblesses dans les années 1990, et Jeph Loeb, qui suit de très près toutes les productions télévisées de la firme. Durant ces longs mois de travail, les équipes créatives se montrent très confiantes, expliquant à qui veut bien l'entendre que Netflix et Marvel Studios se sont mis d'accord pour laisser carte blanche aux artisans derrière Dardevil. Jeph Loeb se permet même de livrer quelques détails sur le projet, expliquant qu'il relève plus du polar que du film de super-héros, en citant des classiques comme Taxi Driver ou French Connection.
Le casting suivra, avec une première annonce logiquement consacrée au rôle principal : Charlie Cox sera Matt Murdock, et devient ainsi le premier acteur britannique à incarner un héros américan dans le giron de Marvel Studios, quelques mois avant Benedict Cumberbatch en Docteur Strange. On apprendra ensuite, à quelques semaines d'intervalle, l'arrivée de Vincent D'Onofrio (le Caïd), le cultissime "Baleine" de Full Metal Jacket, de Rosario Dawson (Claire Temple), Elden Henson (Foggy Nelson) et Deborah Ann Woll (Karen Page) au casting. Une distribution mélangeant assez habilement des habitués du petit écran et des gros noms du septième art, et qui fit parler d'elle.
Tout ce petit monde est alors réuni à New York pour un tournage exceptionnel, qui débutera en juillet 2014. En posant ses caméras à Brooklyn et Long Island, l'équipe de Dardevil parviendra ainsi à ramener à la vie le vieux Hell's Kitchen, tel qu'il pouvait être dans les années 1970. DeKinght confirme alors que la série est inspirée de cette grosse pomme âgée de presque un demi-siècle. Les scènes qui composeront les treize épisodes de la série étant désormais sur pellicule, il était tant de passer à la promotion.
Les premières images de Daredevil seront ainsi dévoilées à la New York Comic Con : le personnage joue donc a domicile, et engendre un premier buzz lorsqu'il apparaît entièrement vêtu de noir dans un costume qui n'est pas sans rappeler celui de The Man Without Fear de Frank Miller. Il faudra ensuite attendre janvier pour découvrir un premier motion poster, un outil marketing assez douteux, mais qui a la chance de prendre la forme d'un fichier vidéo, et donc, d'être beaucoup plus viral. La première bande-annonce arrivera finalement le 4 février 2015, complétée par un second trailer le mois dernier. Outre ces deux annonces vidéo, on aura été gâtés en poster, animés ou nom, qui ont au moins eu le mérite de livrer de premières connexions entre la série de Netflix et le reste du Marvel Cinematic Universe.
Depuis quelques jours, la promotion du film s'intensifie de manière plutôt subtile, incitant son futur public de la série à la bingewatcher dès le 10 avril, et mettant l'accent sur le mot Defender, qui, rappelons-le, sera synonyme d'Avengers sur Netflix en 2017. Et c'est sans compter les déclarations de Charlie Cox et de Vincent d'Onofrio, qui pointent tous les deux leurs doigts vers Civil War. Une chose est sûre : Daredevil est de retour sur les écrans, et pour de bon.