De retour sur les écrans d'ABC, Agents of S.H.E.L.D. a la lourde tâche d'être l'unique produit Marvel Studios du moment en attendant Jessica Jones. Tout un programme pour la série de Jed Whedon, qui doit assurer les arrières du MCU après un Avengers : Age of Ultron et un Ant-Man loin d'avoir fait l'unanimité.
Qu'à cela ne tienne, Agents of S.H.I.E.L.D a le mérite d'embrayer directement, pour le premier épisode de cette nouvelle saison, sur la question des Inhumains. Cela fait un bout de temps maintenant qu'elle est teasée par la série, mais la voilà enfin pro-active sur le sujet. Désormais, Phil Coulson et ses équipes sont chargés d'identifier et de placer ces êtres d'un nouveau genre sous bonne garde, histoire qu'ils évitent d'infliger de lourds dégâts à leurs proches, ou à eux-mêmes.
La scène d'introduction va dans ce sens, et si la réalisation manque toujours de moyens, l'idée n'est pas mauvaise. Mieux, quelques minutes plus tard, on effleure une critique des méthodes du S.H.I.E.L.D., qui en tentant de sauver les Inhumains d'eux-mêmes, n'est guère si éloigné des pratiques de l'Hydra ou d'autres agences concurrentes. Mais à peine effleuré, le sujet disparaît. De toute évidence, le label grand public de la série l'empêche de plonger dans l'envers du décor, le sombre reflet d'une agence gouvernementale, qui plus est désavouée.
Immédiatement, on retombe donc dans cette atmosphère plus proche d'un Club de Cinq que d'un X-Files, avec des répliques franchement au ras des pâquerettes : si vous ne saviez pas qu'une page Facebook peut vous apprendre de quelqu'un qu'il se soucie plus des autres que de lui-même, Agents of B.I.S.O.U.N.O.U.R.S. vous l'apprend. Mais qu'à cela ne tienne, c'est l'orientation créative de la série, et la critiquer après trois saisons ne serait guère constructif.
Ce qu'il est un peu plus, en revanche, c'est de souligner les gimmicks à répétition d'Agents of S.H.I.E.L.D. Attention, je ne veux pas parler de l'humour de la série : c'est peut-être ce qui me plaît le plus chez elle, et ce qui assure une continuité directe avec le MCU, qui est toujours maîtrisé et incisif, notamment grâce au personnage d'Hunter. En revanche, les situations, les dialogues et les enjeux sont souvent les mêmes.
Ainsi, au sein du même épisode, le nouveau personnage incarné par Constance Zimmer vient apporter un vent de fraîcheur au propos (en plus de poursuivre une certaine tradition du côté des personnages féminins de la série) pour finalement nous replonger dans les pires travers d'Agents of S.H.I.E.L.D. Une jolie scène dans un métro et un final grandiloquent plus tard, nous voilà à nouveau pris dans une guéguerre d'agences gouvernementales, dont les aboutissants se devinent à des kilomètres.
Pour le renouvellement des enjeux, il faudra plutôt se tourner du côté des personnages, du coup. Ici, l'épisode joue la carte de l'originalité en inversant radicalement les rôles : Fitz devient un homme d'action quand Bobbi reste au laboratoire, par exemple. Seulement, passé l'effet de surprise, le résultat est branlant. Les acteurs n'ont pas le talent pour assurer ce genre de changements, qui deviennent très vite risibles : si Adrianne Palicki n'est pas la meilleure des actrices, c'est une mini-action star (en témoigne John Wick où elle bossait sur une partie de ses cascades) et le show se contente de la laisser dans un coin.
Agents of S.H.I.E.L.D. ne parvient pas à se renouveler : du point de vue des enjeux comme des personnages, cette introduction est assez maladroite. Et c'est sans compter les erreurs de débutant (le desgin de Lash, vraiment ?) et les incohérences (un personnage demande ce qu'est le S.H.I.E.L.D. dans un épisode où les médias récapitulent les événements de la phase 2) assez crasses laissées ça et là. Quelques bons passages subsistent, et des idées intéressantes aussi (comme le parallèle entre l'homosexualité d'un protagoniste et l'apparition des Inhumains) mais dans l'ensemble, la série n'arrive toujours pas au niveau de fun et d'intérêt du Marvel Cinematic Universe.