Vous le savez, nous aimons suivre nos auteurs favoris dans toutes leurs aventures. À ce titre, j'ai ouvert le premier numéro de The Sheriff of Babylon, nouvelle série Vertigo, avec l'espoir de retrouver tout ce que j'aime dans le dessin de Mitch Gerads, que vous connaissez sans doute pour son travail sur The Punisher ou The Activity. Et le bougre ne m'a pas déçu.
Nous sommes en février 2004, 10 mois après la chute de Bagdad. La ville est en proie à une instabilité indéniable, et le gouvernement américain décide de maximiser ses chances en entraînant ses soutiens locaux. C'est la mission qui est confiée à Chris Henry, un ancien officier de police spécialisé dans ce genre de formations qui est devenu l'un de ses private-contractors (des mercenaires, en gros).
On le comprend dès le pitch, même si le scénario n'est pas assuré par un certain Nathan Edmondson (compagnon régulier de Gerads), mais bien par Tom King, l'idée est de faire de cette série un titre plutôt très réaliste. Et en l'occurrence, ce premier numéro, très introductif, prendra soin de poser les bases techniques, politiques et narratives de cette histoire, quitte à ralentir le rythme. Mais les amateurs de thriller militaro-politique devraient vitre retrouver leurs repères, et apprécier les détails mis en place par le scénariste.
D'autant plus que Tom King, dans plusieurs de ses jolis dialogues, développe un propos assez intéressant, tout droit sorti de l'esprit de son personnage principal, américain certes, mais apparemment désabusé face à la situation qui règne en Irak à l'époque. Une sorte de repère humain dans tout ce que cela peut avoir de fascinant, dans cette atmosphère ultra-violente. On notera notamment une scène assez cruelle mais très juste ou notre protagoniste tente de sauver ce qui pourrait - à défaut de preuves - être une femme kamikaze.
Que les sceptiques se rassurent, toutefois, puisque les personnages de cette histoire ne sont pas que des énièmes gentils américains blancs assez critiques sur les décisions prises par leur pays. Après tout, on parle d'un mercenaire, et il devra faire face - c'est l'un des bons points de cette série - à une menace d'une identifiable, de deux, loin d'être cliché, puisque l'antagoniste promis par ce premier numéro est une femme, ex-héritière du pouvoir Irakien avant que Saddam Hussein n'ait décidé de s'en emparer des années plus tôt. Je trouve l'idée assez intéressante, et je vous invite à jeter un œil au numéro pour vous y confronter.
Me reste à évoquer ce qui m'a fait venir ici en premier lieu, les dessins de Mitch Gerads. Sans surprises, c'est superbe : l'artiste est toujours aussi doué quant il s'agit de poser des ambiances dans un style qui n'est pas forcément réaliste, mais qui est assez détaillé sur des points très précis - comme les armes, les bâtiments, les tenues etc - pour faire mouche (chez les amateurs de thrillers et autres films de guerre). Très en forme, le dessinateur se perd toutefois un peu dans un découpage hyper-strict, qui participe certes à l'ambiance anxiogène du titre, mais qui a tendance à être ennuyeux à l'œil.
The Sheriff of Babylon se dévoile peu dans ce premier numéro plutôt introductif qui servira de fondations solides à la suite, c'est certain. En attendant, les idées de Tom King, au sein même de sujets plus que jamais difficiles à traiter, semble être suffisamment originales et subtiles pour nous tenir en haleine, tandis que les dessins de Mitch Gerads, expert du fait militaire, sont toujours aussi appréciables.