Home Brèves News Reviews Previews Dossiers Podcasts Interviews WebTV chroniques
ConnexionInscription
The Last Contract #1, la review

The Last Contract #1, la review

ReviewIndé
On a aimé• Un comics qu'aimera lire Quentin Tarantino
• Un héros inhabituel
• Superbement mis en scène
On a moins aimé• On aurait aimé avoir plus que quatre numéros
Notre note

Un petit mois après la sortie du premier numéro de The Violent, le lettreur devenu scénariste, Ed Brisson, lance une nouvelle série. Sauf que cette fois-ci, ce n'est pas chez Image Comics qu'il pose ses valises, mais chez BOOM! Studios, confirmant la tendance de ces derniers d'emprunter la voie pavée par le troisième plus gros éditeur de comics. Ce que l'on pourra difficilement leur reprocher.

"No one's got any sense of duty anymore."

Ed Brisson est probablement l'un des lettreurs les plus connus et respectés de l'industrie, mais rien ne prouvait que sa reconversion en scénariste serait aussi auréolée de succès. Cependant, force est de constater au fur et à mesure qu'il dévoile de nouveaux projets, The Violent donc, mais aussi Sheltered auparavant, que le Canadien a un talent certain pour l'écriture. Pour son premier projet hors du giron d'Image, il continue de tracer son chemin en compagnie des laissés-pour-compte de l'humanité. Mais là où dans The Violent on suivait un couple de quidams finalement assez ordinaires, on le voit ici revenir à ses premiers amours, le polar, avec pour personnage principal un ancien tueur à gage. Pas le hitman bad-ass et classieux qu'Hollywood aime bien nous présenter assez régulièrement, plutôt un pauvre hère qui n'a pas grand chose d'effrayant à première vue, si ce n'est qu'il a une certaine expérience dans le meurtre.

Ce tueur, dont Brisson va bien se garder de nous donner le nom (renouant avec une tradition du cinéma d'exploitation), s'est retiré dans une bicoque insalubre du fin fond de la Colombie Britannique et n'a plus eu à faire avec le monde du crime organisé depuis plus de vingt ans. Si l'on ne connait pas son passé, on peut le prendre pour un petit vieux qui se traîne une mémoire qui commence à lui faire défaut et Harv, son chien incontinent. D'ailleurs, Brisson est très bien aidé par l'installation de son ambiance par le dessinateur Lisandro Estherren, qui fait des débuts plus que prometteurs en montrant un réel talent pour la composition, et surtout le coloriste Niko Guardia. Ce dernier travaille habilement ses contrastes en couleurs détonantes et aplats sombres, pour nous plonger dans une atmosphère qui encore une fois nous rappelle le cinéma des années 70. Ici, l'Ontario ressemble au New Jersey en pleine récession économique et offre un théâtre des plus adaptés au chemin violent qu'emprunte le "héros".

"I'm gonna get killed by a guy can't remember to get dressed before leaving the house."

Nous avons donc cet ancien tueur à gages qui s'est retiré des affaires et compte bien le rester. Bien sûr, cela ne pouvait rester comme ça et quand des hommes de main de seconde zone vont tenter de l'assassiner chez lui, ils vont découvrir que le meurtre, c'est comme le vélo, ça revient vite. Brisson semble vouloir dans cette mini-série en quatre épisodes faire son hommage aux revenge movies et en respecte tous les codes en lançant son héros sur une voie violente et riche en hémoglobine. Le vieil homme a visiblement encore de beaux restes en ce qui concerne le meurtre, la torture et les interrogatoires musclés. Il va donc chercher à savoir qui veut sa peau, lui qui est sorti de ce monde interlope depuis plus de deux décennies.

Avec cette nouvelle série, une tendance se dégage dans l'œuvre d'Ed Brisson. Il aime raconter la lutte de ceux qui sont en bas de l'échelle contre les affronts de ceux qui sont en haut. Ici, le personnage principal serait bien resté tranquille dans son coin, mais il a fallu que l'on vienne le chercher. Ce qui rétrospectivement semble être une très mauvaise idée puisqu'il n'a pas du tout l'intention de se laisser tuer. Surtout que Brisson va habilement donner une nouvelle motivation à son héros dans une dernière page qui rappelle que les cliffhangers peuvent être utiles et intelligents, que l'on avait pas forcément vu venir mais qui était déjà présente dès le premier dialogue de ce numéro, dans un élément auquel on ne prête pas forcément attention mais qui prend son importance une fois que tous les pièces sont en place. Parce que oui, Brisson gagne en virtuosité et prouve qu'il n'est pas devenu scénariste parce qu'il était bien en place dans l'industrie, mais parce qu'il a un réel talent pour l'écriture.

Véritable hommage à ce cinéma qui obsède Quentin Tarantino depuis Reservoir Dogs, The Last Contract est un polar âpre, crasseux et plein d'un humour noir délicieux. C'est aussi la preuve définitive qu'il faudra compter sur Ed Brisson comme un auteur à suivre, lui qui était déjà l'un des meilleurs dans sa partie rajoute une belle corde à son arc.

Alfro
à lire également
Commentaires (0)
Vous devez être connecté pour participer