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Daredevil Saison 2 : l'interview de Charlie Cox (Matt Murdock)

Daredevil Saison 2 : l'interview de Charlie Cox (Matt Murdock)

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De passage à Paris pour les besoins de la promotion Européenne de Daredevil, Charlie Cox, Jon Bernthal et Elodie Yung nous ont d'abord donné rendez-vous du côté des Champs-Élysées pour une soirée d'avant-première organisée par Netflix, où se trouvaient notamment 3 lecteurs chanceux de COMICSBLOG.fr.

Le lendemain, c'est dans un luxueux palace Parisien que nous avons eu l'honneur de les rencontrer dans le cadre d'une longue table ronde, que nous proposons aujourd'hui de découvrir à l'écrit, et à l'audio. 

Et pour mieux vous accompagner jusqu'à la sortie tant attendue de vendredi, nous vous concoctons une petite semaine spéciale placée sous les signes du Diable et du Punisher, entre dossiers, édito', interviews du casting et du crew de la série, retours sur leurs rencontres cultes en Comics et j'en passe. Quant à moi, je vous donne rendez-vous dès demain, pour la très belle interview de Jon Bernthal, qui nous parle d'Alain Chabat. Oui, vous avez bien lu. 

— Charlie Cox, l'interview —

 
 

• Aujourd’hui marque la journée internationale du droit des femmes ; « Oh, cool ! » ; pensez-vous que ce sont elles qui volent la vedette dans cette Saison 2, qu’il s’agisse de Deborah Ann Woll, Rosario Dawson ou Elodie Yung ? 

 C’est vrai qu’il y a beaucoup de personnages féminins dans la série cette année, et une des choses que les scénaristes ont vraiment réussi, dans la délicatesse, c’est le triangle qui s’impose entre Karen, Matt et Elektra. Deborah et Elodie interprètent deux personnages très riches et ça aurait été facile de les stéréotyper mais ils ne l’ont pas fait et leur donnent toute l’importance qu’elles méritent. 

Je pense que Deborah a fait un boulot formidable sur la série depuis 2 ans, notamment parce qu’elle s’assure elle-même que Karen ne soit pas une « demoiselle en danger », c’est très important pour elle que Karen soit aussi courageuse que Foggy et Matt. Elle ne fonce pas dans des situations trop dangereuses pour le simple plaisir d’être sauvée, et sur plein de points, je pense que Karen est le personnage le courageux de la série. Elle n’a ni super-pouvoirs, ni sens-radar, pourtant sa capacité à aller au devant des choses est presque plus présente chez elle que chez Matt. 

• Avec l’arrivée du Punisher, verrons-nous un Daredevil plus tourmenté par ses propres démons ? 

C’est piégeux de répondre à ça parce que je pense que c’était le rôle de la Saison 1 de présenter un Matt tourmenté. Évidemment, ces démons ne sont pas loin de lui et il n’a pas réussi à tous les chasser, mais cette année il n’a pas foncièrement le temps de s’attarder sur ces questions. La traque de Wilson Fisk lui laissait plus de temps tant il ne savait plus vers qui et vers quoi se tourner. La Saison 2 lui oppose trop d’ennemis, singuliers ou organisés, pour vraiment lui laisser le temps de se questionner. Et c’est presque un avantage pour lui : il est tellement occupé qu’il n’a pas le temps de s’appesantir sur certaines questions. Même si celles-ci ne sont pas loin, il est catholique (rires) ! 

• La série contient de plus en plus de types de héros différents les uns des autres, vous sentez-vous proche en tant que personne de l’évolution et du chemin tracé par Matt Murdock, comparé au Punisher et à Elektra notamment ? 

C’est la question que pose fondamentalement cette saison 2 et je pense qu’il revient vraiment aux spectateurs de se faire un avis là-dessus. Je pense qu’au départ, Matt Murdock aimerait voir Frank Castle comme il voit Wilson Fisk. Une menace à la sécurité et à la loi qui mérite de finir ses jours derrière les barreaux. Très vite pourtant, il doit bien se rendre compte que tout n’est pas noir ou blanc, et qu’ils ont bien plus en commun qu’il ne voulait le voir. C’est quelque chose de pesant, voire effrayant pour Matt, de réaliser que s’ils sont faits du même bois, peut-être qu’il est lui même responsable du Punisher. Quelque chose qui pourrait le pousser jusqu’à raccrocher et abandonner sa carrière de Vigilante, ce qu’il se refuse. Il aime être Daredevil, si bien qu’on voit parfois un sourire sur son visage. Ces éléments nous permettent aussi de poser plusieurs questions : « Qu’est-ce qu’un héros ? » ; « Qui a le droit de décider ce qui fait de quelqu’un un héros ? » ; « Y-a-t-il toujours un retour de flamme avec ce genre d’héroïsme » etc. 

Pour revenir à la question maintenant, qui est toujours aussi piégeuse, je pense que si l’écriture et l’exécution sont à la hauteur, les spectateurs vont faire des va-et-vient entre les différentes façons de faire des personnages de cette saison 2. Il est possible de comprendre le point de vue de Frank, celui de Matt, et même celui d’Elektra. Si tu t’engages dans la voie qu’ils ont choisi, fais le complètement, mets y tout ton coeur. C’est ce que le Punisher dit d’ailleurs à Matt, qu’il est trop tendre et qu’il n’assume son rôle que jusqu’à un certain point. 

Évidemment, j’interprète Matt donc son point de vue est le mien, mais je reconnais qu’il y a un juste milieu très complexe à toucher du doigt avec cette question. 

Dans la première saison, la menace était celle d’un « Big Bad », le Kingpin. Désormais, nous avons le Punisher et Elektra, deux personnages qui sont presque des alliés de Daredevil. Qui est donc le vilain de cette saison 2 ? 

Je ne pense pas qu’il y ait un méchant à proprement parler. Frank Castle et Elektra sont plutôt des anti-héros et comme vous le savez, la relation entre Frank et Matt est particulièrement complexe. Ils sont fondamentalement en désaccord l’un et l’autre, à propos de leur méthodologie notamment. Pourtant, les deux chassent la même chose, se battent pour les mêmes idées. J’y pense maintenant, mais je me demande si le vilain n’est pas finalement plus abstrait dans cette saison 2, de l’ordre du concept, de l’idée. Le doute, le manque de confiance en soi, voilà une idée qui pourrait faire office de vilain, dans la mesure où ce sont ces choses qui t’empêchent de faire ce que tu crois juste. 

Peut-être aussi que parce que ce qu’on essaye de faire avec la série, c’est d’éviter les stéréotypes. Matt a beaucoup de défauts. Il est arrogant et têtu, il va parfois trop loin et c’est pour ça que je l’aime autant, en tant que héros. Il est plus facile de s’identifier à un tel personnage, et cette approche empêche un peu l’idée d’un « grand méchant ».  

• Daredevil est le premier show né du partenariat entre Marvel et Netflix. Personne ne savait à l’époque quel serait l’accueil qui serait réservé à l’arrivée des Super-Héros à la TV. Vous n’étiez pas trop nerveux à l’idée de ne pas être à la hauteur d’une telle pression ?

J’étais très nerveux au moment de la Saison 1, puis la réponse du public a été un soulagement pour moi. J’ai même été excité de cet accueil pendant un moment, mais ça n’a pas duré très longtemps puisqu’on m’a appris dans la foulée qu’on tournait une autre saison. J’étais là, « Oh shit, comment on va faire pour se dépasser aussi vite ? », d’autant que tourner une saison 2 est toujours un peu délicat, vous ne pouvez plus vous reposer sur la présentation des personnages, de l’ambiance et des dynamiques qui parcourent la série. L’histoire était donc obligée de se dépasser, d’être capable de faire ressentir cette menace pesante.

• Historiquement, jouer un super-héros revenait à s’accrocher une cape et à tendre le poing, mais Daredevil a tout fait pour aller plus loin et proposer un contenu plus sombre, plus mâture. En tant qu’acteur, comment-avez vous approché le fait d’être aveugle, en termes de technique ? 

C’est toujours autant un challenge. Je pensais que ce serait facile puisqu’il s’agit de la Saison 2, mais il ne s’agit pas simplement de ne pas vous servir de vos yeux, il faut parvenir sans ça à vous connecter à d’autres gens, à les sentir émotionnellement. Quand tu joues face à quelqu’un, tu puises les émotions directement dans ses yeux. Quand tu ne peux pas le faire, tu dois faire plus attention à la voix, au langage du corps et à d’autres choses pour parvenir à retrouver cette émotion, c’est quelque chose qui demande du travail. 

Pour me fondre dans le rôle, j’ai parcouru quelques rues les yeux complètement bandés avec un ami qui est réellement aveugle, on s’est aidés tous les deux pour marcher dans la rue, même si en réalité, c’est lui qui m’a aidé. Dans un autre registre, j’essaie d’adapter tous les tâches ménagères à la vie d’aveugle, sans utiliser mes yeux pour attraper des objets, faire du thé etc (il mime plein de gestes du quotidien avec ses mains, le coup très droit.) Je m’entraîne à voir les choses dès qu’elles sortent de ma vision périphérique, ça m’aide à préparer le rôle. 

L’autre chose qui m’a permis de consolider le rôle, c’est de discuter avec Joe, mon ami aveugle. Quand il me parle, il regarde en direction de mon menton ou de mon épaule, en raison de la provenance du son, c’est quelque chose dont je me suis resservi pour le rôle.  Le problème, c’est qu’on a découvert en tournant la série qu’en vidéo, suivant l’angle de la caméra, on ne se rend pas compte du fait que je regarde ailleurs. On doit donc repenser le cadrage à chaque fois, et il y a des scènes où ça fonctionne mieux que d’autres, et vice-versa. 

• L’épisode 3 contient ce fabuleux hommage au plan séquence de l’épisode 2 de la Saison 1 qui est toujours dans les mémoires, qui nous amène plus loin encore en termes de folie et de progression dans la violence, mais aussi d’ambition artistique, avec un plan plus long, plus complexe etc. Était-ce un vrai challenge pour vous d’être à la hauteur de cette scène devenue mythique ?

Je me souviens avoir lu la scène en me disant « Oh, on va vraiment le faire, on va essayer de faire mieux que la saison dernière », puis quand on s’est retrouvé sur le tournage, il y avait vraiment cette idée d’hommage. J’aime bien y penser comme la même scène, mais sous crack, avec moins de limites. C’était un super moment, et ce qui est marrant, c’est qu’on l’a tournée très exactement un an plus tard, alors que je suis moi-même capable de faire beaucoup plus de choses en termes d’action, j’ai beaucoup appris pendant cette année. 

Contrairement à l’année dernière, j’ai pu m’impliquer énormément dans cette scène et en réaliser une partie. De plus, la série contient une scène d’action ou presque par épisode, donc l’idée était vraiment de marquer les esprits à ce moment là. La lumière est également très belle dans cette scène je trouve que Marvel fait vraiment un super travail sur l’ambiance de la série depuis le début. 

(Ndlr : vous pouvez écouter la version audio pour découvrir quelques éléments supplémentaires de cette scène, que nous avons choisi de ne pas traduire pour préserver toute la surprise vendredi prochain. Rien de bien méchant, mais nous préférions être prévenants.)

Merci à Netflix, Sarah et Marouane en particulier, pour cette belle opportunité. Demain, vous avez rendez-vous avec le Punisher.

Sullivan
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