Si le film Suicide Squad est sorti hier en France, les américains le découvriront dès demain en salles, et c’est tout naturellement que DC Comics accompagne sa sortie de l’été avec un relaunch d’Harley Quinn aux 400 000 copies vendues, et la formule Rebirth appliquée à la célèbre équipe de vilains. Une série qui pourra venir accompagner les nouveaux lecteurs pris par le film.
À la différence des autres titres Rebirth de DC Comics, la Suicide Squad de Rob Williams a déjà eu le droit à une introduction il y a plusieurs mois, à l’occasion d’un numéro spécial pour le premier avril. Un numéro qui introduisait déjà quelques changements, notamment dans l’approche d’Amanda Waller, ainsi que le cœur de la nouvelle équipe, et l’intrigue avec laquelle la série allait débuter. Ironiquement, ce numéro nous était probablement plus fun et donnait plus d’indices que celui qui nous intéresse aujourd’hui, mais celui-ci n’en demeure pas moins très utile dans son rôle.
La première qualité de ce numéro est qu’il remplit parfaitement son rôle. En effet, on a été plus d’une fois dubitatifs face à certains numéros Rebirth de ce relaunch, dont l’objectif est de recadrer chaque univers vers ce qu’il sera désormais. Ce Suicide Squad est efficace dans le sens qu’il nous replace le principe de l’équipe, son positionnement gouvernemental et les problèmes qu’elle soulève, et surtout on retrouve vraiment la Amanda Waller d’antan, toujours à l’aise et intransigeante face à tout interlocuteur.
Waller est d’ailleurs le personnage central de ce numéro, qui insiste plus sur les tenants et les aboutissants du titre que sur ses personnages dans le détail. Pas besoin, on les connait ou on les connaitra via la série principale, laissons les évoluer ici des des situations over-the-top qui font le charme du titre. Pour les néophytes, ils connaitront au pire les personnages via le film ou sa promotion. Peu de chance que quelqu'un se lance dans ce relaunch sans avoir déjà fait un détour par la case ciné. Waller en profite d’ailleurs pour réintroduire Rick Flag (ou tout du moins une version du personnage) chez DC et justifier son absence ces dernières années. De quoi compléter un noyau dur semblable à celui du film (Flag est accompagné de Deadshot, Harley et Captain Boomerang), et qui a encore matière à évoluer.
Une mission lambda, à l’enjeu clair sans nécessité d’une longue introduction, nous permet de découvrir l’équipe sur le terrain, de voir comment elle fonctionne, et quelles sont les limites qu’elle se fixe. Ça nous permet aussi de juger des designs mis en place, dans la lignée des New 52 avec une mise à jour un peu lourdingue pour Deadshot. C’est un personnage qui gagnerait à conserver un design épuré, et qui se voit surchargé de détails.
Jusque dans son (faux) twist, ce numéro brille par son efficacité, mais soulève aussi quelques questions plus perturbantes. Notamment le fameux noyau de l’équipe. Fatalement destinés à gagner en popularité auprès du public, les personnages qui le composent ont très peu de chance de subir un funeste destin au cours d’une mission. Il reste évidemment de la place pour d’autres membres, qui y laisseront leur peau à un moment, mais cette idée d’un noyau dur pêche un peu avec l’idée de la Task Force X imaginée par John Ostrander. Cependant, Williams pourrait réellement s’amuser à nous surprendre en faisant éliminer des personnages importants (Deadshot ou Captain Boomerang par exemple, on oublie tout de suite Harley Quinn).
Côté graphisme, on sent que DC va rapidement se mordre les doigts pour avoir joué sa communication sur Jim Lee en tant que co-artiste principal. Jamais il n’aura le temps de rendre un numéro complet, et dans l’ensemble Philip Tan va forcément se récupérer une charge supplémentaire, qui se sent peut-être dès ce premier numéro dont il a la charge complète. Pour l’aider à boucler, et probablement aussi pour harmoniser son style avec celui de Jim Lee (ce qui permettra aussi à ce dernier d’harmoniser vers le bas la qualité du travail qu’il rendra), on lui a attribué pas moins de trois encreurs, et pas des moindres : Jonathan Glapion, Scott Hanna et Sandu Florea, avec Alex Sinclair s’occupant des couleurs. Compte tenu de tout ce monde, le numéro ne s’en sort pourtant pas mal dans l’ensemble mais laisse transparaitre un clair manque de cohérence globale.
Dans son ensemble, ce Suicide Squad Rebirth #1 est efficace, joue habilement de la sortie du film couplée au relaunch, et redonne au titre son esprit passé. C’est agréable de lire une série avec Harley Quinn qui n’est pas un Harley Quinn show, et qui remet au contraire Amanda Waller au centre des choses. Un bon point d’entrée ou de reprise pour ceux qui souhaiteraient tenter l’aventure, ou trouver une alternative à la version cinématographique.