Lancé au début de l'été dans les comics shops, Rebirth voyait DC se tourner vers un nouveau relaunch, près de quatre ans après celui des New 52, et tout juste douze mois après une tentative manquée : l'initiative DC You, qui proposait une bonne dizaine de points d'entrée pour séduire de nouveaux lecteurs. Bousculé par cet échec et les remous de son univers au cinéma, l'éditeur aux deux lettres relançait il y a quelques mois de cela la machine avec Rebirth, un one-shot signé par Geoff Johns - désormais président de DC Films, ça ne s'invente pas - qui faisait un pont vers les cultissimes Watchmen et sentait en tous cas bon la nostalgie, sentiment qui semble être le nouveau leitmotiv des industries créatives.
Et après des dizaines de numéros et des séries diverses et variées, il est désormais temps de tirer un premier bilan de l'initiative Rebirth, qui rappelons-le avant toute chose, n'est pas figé, mais représente notre état d'esprit près de trois mois après le début de la dernière opération éditoriale en date de DC.
Avant de revenir sur les différentes séries introduites par Rebirth, il convient de faire un point sur le rythme bi-mensuel qui s'est généralisé chez DC avec ce nouveau relaunch. Économiquement, il a de bons côtés, pour l'éditeur - qui domine ces derniers mois les ventes mesurées en unités - comme pour les lecteurs, qui ne dépassent jamais les 3 dollars par single bi-mensuel. A moins de prendre toutes les séries DC chaque mois, le calcul est donc relativement intéressant pour votre bourse, mais il se fait hélas au détriment du rythme des histories proposées par les auteurs de la Distinguée Concurrence.
Si certains, comme Greg Rucka, en divisant sa série en deux intrigues (l'une dans le passé et l'autre dans le présent) y trouvent leur compte, ce rythme donne souvent une impression de rapidité aux titres de DC. Et pas seulement parce qu'on en consomme deux fois plus par mois, mais surtout parce que les styles de narration employés par les auteurs ont tendance à être très, trop compressés. Ce qui est assez ironique, d'ailleurs, puisqu'avec deux fois plus de pages à leur disposition, on s'attendait à ce que les titres DC prennent un peu plus leur temps. Le meilleur exemple de ce style d'écriture reste le Batman de Tom King, qui nous laisse à peine le temps de respirer ou de faire connaissance avec ses personnages. Difficile de savoir si les sorties rapprochées entre deux numéros génèrent cet effet de vitesse seules, ou si la volonté de DC était bel et bien de démarrer sur les chapeaux de roues, mais dans tous les cas, le style adopté par la plupart des titres Rebirth peut dérouter, voire user très vite le potentiel des séries, et donc, l'intérêt de leurs lecteurs.
Résultat, la plus grande réussite de DC Rebirth est peut-être à trouver du côté de la diversité des équipes créatives et des styles graphiques proposés par l'éditeur aux deux lettres ces derniers temps. Un vent frais souffle sur un catalogue qui était trop souvent emprisonné par le spectre de Jim Lee et de dessins trop grandiloquents ou trop labellisés 90's. Avec Rebirth, place à la diversité visuelle, et c'est pourquoi on posera nos yeux sur (presque) autant de titres cartoony que photo-réalistes et/ou totalement inscrits dans les canons de l'anatomie super-héroïque. Mine de rien, cette variété nous invite à revenir chaque semaine en comics shop, et a tendance à guérir les défauts du rythme bi-mensuel. Car disons-le clairement : si toutes les séries sortant deux fois le mois avaient la même patte, on en aurait déjà marre.
DC entend d'ailleurs insister sur cette diversité, en signant de nombreux artistes sous contrat exclusif. Avant Rebirth, on pouvait ainsi noter l'excellent Mitch Gerads (The Punisher), et depuis, Otto Shmidt (Green Arrow), Robson Rocha (Green Lanterns) et Rafa Sandoval (Catwoman), ce qui a tendance à nous rassurer quant à l'intérêt visuel de DC, sur la durée. Enfin, on notera que la variété ne se limite pas aux planches puisque plusieurs équipes créatives sont issues des minorités, et que l'éditeur emboîte le pas à Marvel pour une approche plus égalitaire, en témoigne l'annonce récente de Supergirl : Being Super. Des efforts qu'on ne pouvait que saluer.
Après l'échec de l'initiative "DC You" l'année dernière, une rumeur laissait entendre que l'éditeur voulait revenir aux "meat and patatoes" (à la "viande et aux patates" donc), une expression qui tentait de résumer la situation de DC, pressé de revenir à ses personnages les plus cultes et de les présenter dans une approche plus (en vérité trop) classique. Les titres les plus ambitieux, girly ou progressites auraient donc dû sauter. En vérité il n'en est rien, puisque Rebirth, comme on le disait, possède une certaine diversité. Maintenant, on ne peut pas s'empêcher de remarquer que DC est tout de même revenu à la source, à de rares exceptions près.
Tous les arcs narratifs des séries proposées par le relaunch, ou presque, évoquent ainsi directement un âge d'or précis de l'éditeur. Pour reprendre l'exemple de Batman, le run de Tom King s'inspire directement de l'époque John Ostrander de la Suicide Squad. Or, cette approche très "historique" du matériau qu'est DC a des bons comme des mauvais côtés. Certes, on retrouve vite nos marques, les classiques sont respectés et compris, mais si on connaît un temps soit peu l'univers, difficile de trouver, chaque semaine, la nouveauté nécessaire à la lecture. La nostalgie ne peut pas, et ne doit pas, se subsister à la créativité, et quelques titres de Rebirth, à l'heure où j'écris ces lignes, on encore vraiment du mal à proposer quelque chose d'un minimum intrigant ; Ou du moins, ont a du mal à cacher leurs grosses ficelles. Et si on comprend l'intérêt, pour DC, de camper sur des bases solides, on espère vivement que l'éditeur osera prendre des risques à l'avenir.
Chapitre suivant >Les séries à lire ou à tenter• Batman — Tom King et David Finch
Si la série Batman de King et Finch est caractérisée par un rythme frénétique, elle n'en est pas moins divertissante, et nous propose, depuis quelques mois déjà, quelques promesses intéressantes. Un run qui pourrait se révéler très intéressant sur la durée, et qui on l'espère, pourra profiter de son hybridation avec les aventures de la Suicide Squad. Les dessins de Finch (dépanné par Ivan Reis) font le reste, lui qui gravite depuis longtemps autour d'un gros titre consacré au chevalier noir.
• All-Star Batman — Scott Snyder et John Romita Jr
Batman toujours, cette fois avec Scott Snyder, qui n'est pas parti très loin. Si le premier numéro de cette série conçue comme un recueil d'histoires fortes entre Batman et ses adversaires avait du mal à convaincre, du beau monde arrive (Jock et Sean Murphy pour ne citer qu'eux) et on sait qu'un Snyder gagne toujours à la relecture. Serait-ce la marque des grands ? Ce sera à vérifier, mensuellement cette fois, en comics shops.
• Nightwing — Tim Seeley et Javier Fernandez
Mélange assez osé d'un Nightwing classique et de sa période en tant qu'agent secret, la nouvelle série consacrée à Dick Grayson le voit infiltrer la Cour des Hiboux pour mieux la faire tomber, dans une ambiance assez savoureuse et de jolies planches dynamiques signées par Javier Fernandez (Red Hood / Arsenal). Une intrigue qu'on aime suivre grâce aux talents de conteur de Tim Seeley, ici plus inspiré que sur Grayson ou Batman & Robin Eternal.
• Superman — Peter J.Tomasi et Mick Gray, Patrick Gleason
Après avoir relaté longuement les relations de Bruce Wayne avec son fils, Peter Tomasi et Patrick Gleason sautent sur l'occasion de reproduire le même schéma avecSuperman et le jeune Jon. Mais qui dit héros différents dit traitement différent, et on prend plaisir à découvrir une relation toute différente dans les pages d'un Superman qui servira aussi à réintroduire proprement l'Homme d'Acier dans son rôle de héros deMetropolis et de l'Amérique. Si on nous avait dit il y a encore quelques mois que Superman redeviendrait une série phare de DCbComics, on n'y aurait pas cru, mais les faits sont là.
• Green Arrow — Benjamin Percy et Otto Schmidt
Ben Percy a failli faire sur Green Arrow la même erreur que Dan Abnett sur Aquaman, lançant une histoire qui vient chambouler la vie d'Oliver Queen comme l'avait fait Jeff Lemire il y a seulement trois ans. Mais la différence se joue sur un ensemble de détails. Le ton de la série, qui redonne un coup neuf au combat social du héros de Star City. La réintroduction de Black Canary dans la vie d'Oliver, et les magnifiques dessins d'Otto Schmidt et Juan Ferreyra qui font se démarquer la série de la plupart de ses consœurs. Pour l'instant, la série se place aisément parmi les meilleures lectures de l'éditeur.
Ici, on trouvera plus de fraîcheur. On s'éloigne des plus gros héros de l'écurie, encore que, Wonder Woman Green Lantern et Flash figurent dans la liste ci-dessous, mais on trouve en tous cas un peu d'originalité dans les traitements et les équipes créatives. Des séries qui méritent donc un petit coup d'œil.
• Batgirl — Hope Larson et Rafael Albuquerque
Ce sera peut-être un gros "pourquoi pas" pour ceux d'entre-vous qui n'aiment pas la direction artistique "girly" prise par le personnage depuis quelques années déjà. Si l'histoire de Hope Larson, qui délocalise Batgirl en Asie, a encore du mal à être claire, les planches de Rafael Albuquerque restent plaisantes et le titre reste fidèle aux influences que Babs Tarr et Cameron Stewart avaient utilisées au cours des New 52.
• Batgirl and the Birds of Prey — Shawna Benson, Julie Benson et Claire Roe
Plus classique que la série solo Batgirl, ce titre revient aux racines du groupe d'héroïnes sous la direction de Shawna Benson et Julie Benson, avec des dessins assez prenants signés Claire Roe. Une équipe créative féminine pour un groupe de personnage lui aussi féminin, mais peut-être plus urbain et orienté action. A suivre, éventuellement.
• The Flash — Joshua Williamson et Carmine Di Giandomenico
Campant elle aussi sur les canons de son personnage principal, Barry Allen, la nouvelle série The Flash nous montre un héros qui se laisse dépasser par le temps, et les événements. S'il faut accepter que toute une ville possède désormais ses pouvoirs - c'est le postulat de base - la série nous proposes des planches assez rafraîchissantes et une dynamique de (large) groupe plutôt intéressante.
• Supergirl — Steve Orlando et Brian Ching
Si cette série reprend la trinité instaurée par la série télévisée consacrée au personnage, qui voit ici sa vie divisée entre son identité civile, son rôle d'héroïne et les comptes qu'elle doit rendre à une organisation qui la surveille, Supergirl se révèle être un titre assez agréable à lire, et plutôt intrigant grâce aux dessins de Brian Ching. Reste à savoir quelle direction prendra la série sur la durée, puisque nous n'avons pour l'instant qu'un seul numéro à nous mettre sous la dent.
• Wonder Woman — Greg Urcka et Liam Sharp
Il y a quelques personnages, comme Wonder Woman, sur lesquels n'importe quel auteur pourrait facilement se casser les dents. Un phénomène qu'on peut lier à la perception de ces personnages par les auteurs ou le public, qui accrocheront plus à une interprétation qu'à une autre, là où il est difficile de proposer des visions de Superman radicalement opposées par exemple. Greg Rucka, qui a déjà eu l'héroïne en charge il y a plusieurs années, met en exergue ce phénomène en nous proposant d'explorer alternativement deux histoires, et deux époques. Là où la partie Year One de son récit dessinée par Nicola Scott nous a convaincu, son pendant dans le présent peine gratté par Liam Sharp à nous intéresser, malgré le développement de la relation entre Diana et son ennemie Cheetah. On ne doute cependant pas que l'auteur a une vision en tête, et que ses différentes histoires se rejoindront quelque part, donc on persévère.
• The Hellblazer — Simon Oliver et Moritat
La série régulière n'a vu qu'un numéro sortir pour le moment, mais Simon Oliver et Moritat semblent sur le bon chemin pour réhabiliter John Constantine auprès d'un public qui ne retrouvait plus le personnage dans ses séries récentes. On coupe la poire en deux pour obtenir une série qui se veut accessible, un peu plus décomplexée qu'on a pu la voir dans les New 52, et surtout qui use d'un humour qui fonctionne, notamment avec le duo formé ici avec Swamp Thing.
• Titans — Dan
Abnett et Norm Rapmund, Brett Booth
Voici une série qui semble faite pour les fans des Titans pré-new 52, et qui réintroduit une partie des personnages disparus dans ce faux-reboot il y a quelques années. Mais si on s'attendait à ce qu'elle prenne de l'importance en ces débuts de Rebirth, en remettant notamment Wally West en avant, le résultat après trois numéros (le one-shot Rebirth et deux numéros de la série régulière) est pour le moment en demie-teinte, Dan Abnett n'ayant a priori pas le pouvoir de faire avancer l'intrigue trop rapidement. C'est peut-être cool, mais on en attendait plus.
• Green Lanterns — Sam Humphries et Robson Rocha
Si la série de Sam Humphries souffre un peu de son besoin à venir utiliser d'autres Corps de Lanterns, elle a le mérite de donner un coup de boost au développement des deux plus récents Green Lanterns terriens, Jessica Cruz et Simon Baz, en les forçant à créer un duo singulier, si ce n'est parfois un peu cliché dans l'opposition. Jusqu'ici la série parvient à conserver notre intérêt, mais il ne manquerait pas grand chose pour qu'elle passe sous la moyenne. A confirmer avec quelques numéros supplémentaires.
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• Hal Jordan and the Green Lantern Corps — Robert Venditti et Jordi Tarragona, Rafa Sandolval
Le Sinestro Corps dicte désormais sa loi à la galaxie, tandis que les Green Lantern qui ont survécu cherchent à résister. Isolé mais déterminé, Hal Jordan continue de lutter, encore est toujours, sous la plume de Robert Venditti. C'est assez décousu, mais plutôt joli, et dans la droite lignée de l'approche space-opera à la Geoff Johns. Restent des planches très bavardes, nuancées par des moments épiques bien saisis par le trait de Tarragona et Sandoval.
• New Super-Man — Gene Luen Yang et Richard Friend, Viktor Bogdanovic
L'histoire d'un Super-Man chinois inventé par une corporation locale cherchant à s'offrir ses propres héros. On ne sait pas trop où tout ça peut nous mener mais les planches sont assez plaisante à l'œil. Par ailleurs, après avoir assuré les aventures du Superman des New 52, Gene Luen Yang a peut-être de belles choses à nous proposer sur la durée. Un titre loufoque mais la curiosité n'est pas un vilain défaut, si jamais la promesse vous inspire.
• Superwoman — Phil Jimenez et Matt Santorelli, Phil Jimenez
L'univers DC compte désormais deux Lois Lane. La première est la maman de Jon et la femme du Superman papa de la série éponyme. La seconde est l'ancienne compagne du défunt Superman des New 52, et elle possède désormais les pouvoir du kryptonien, et s'en sert pour poursuivre son héritage dans une série qui n'est franchement pas passionnante et un peu bavarde. Mais il faudra attendre quelques numéros supplémentaires pour juger définitivement de l'intérêt de la série de Phil Jimenez.
• Red Hood and the Outlaws — Scott Lobdell et Dexter Soy
Lobdell revient aux personnages qui avaient fait les belles premières heures des New 52 - et l'objet de nombreuses polémiques. Ici, Red Hood devient l'un des mercenaires de Black Mask, le tout sur fond de conspiration mafieuse un peu trop nébuleuse. Les planches de Dexter Soy ne sont pas forcément désagréables mais le titre souffre pour le moment de sa ressemblance avec son incarnation précédente. Il faudra attendre quelques numéros supplémentaires pour juger définitivement la série, mais en l'état, sa lecture est assez dispensable.
• Deathstroke — Christopher Priest et Jason Paz, Carlo Pagulayan
Le Terminator est de retour avec Rebirth, dans une nouvelle série, teintée d'une géo-politique à peine maîtrisée et d'apparitions de vilains loufoques. On a du mal à voir où tout ça nous mène, mais en attendant, rien de nouveau sous le soleil, le mercenaire continue ses aventures meurtrières aux quatre coins du monde.
• Justice League — Bryan Hitch et Sandu Florea, Tony S.Daniel
Une menace mondiale pourrait amener à la fin de l'humanité, et l'urgence se fait sentir. Ça ressemble à un job pour la Justice League ? Oui, mais on aurait préféré une autre version que celle de Bryan Hitch. Perdu au milieu de personnages qu'il ne sait qu'iconiser, Hitch nous livre une version lourde, surexposée et très artificielle de la plus grande équipe de DC Comics. On ne sait pas où il veut aller, et on n'a même plus envie de le savoir. On continuera à suivre la Justice League via ses interventions dans d'autres séries, et on vous conseille une nouvelle fois d'économiser ici vos précieux deniers.
• Suicide Squad — Rob Williams et Scott Williams, Jim Lee
Calquée sur le film de David Ayer, cette Suicide Squad est caractérisée par une approche too-much qui file très vite la nausée. Sans compter les planches de Scott Williams et du fantôme de Jim Lee, difficile à regarder. Ni intrigant ni divertissant, l'un des gros ratés de Rebirth, à notre sens.
• Harley Quinn — Jimmy Palmiotti, Amanda Conner et Chad Hardin
Prolongement de la série précédente, ce nouveau titre Harley Quinn ne propose pas assez de changements pour qu'on s'y intéresse. La formule Conner et Palmiotti, un temps amusante, s'essouffle un peu plus à chaque numéro, souvent bavards et chargés de blagues pas si drôles. On a vraiment hâte de voir du sang neuf arriver sur le personnage.
• Action Comics — Dan Jurgens et Patrick Zircher
Superman est mort : longue vie aux Supermen. Dan Jurgens fait suite à la fin tragique de l'Homme d'Acier version New 52, et au vide qu'il a laissé... pour très peu de temps. Alors que Lex Luthor décide de remplacer son ancien ennemi, le Superman pré-New 52 décide de se révéler au grand jour. Mais là où Jurgens avait l'occasion de redéfinir la relation de deux ennemis jurés qui doivent réapprendre à ce découvrir, il surcharge son récit de menaces et de twists lourds pour donner un tout indigeste. Dommage.
• Detective Comics — James Thynion IV et Eber Ferreira, Eddy Barrows
Oubliez les histoires de détective, la nouvelle série de James Thynion IV aurait visé plus juste en se nommant Batverse, mais passons. Suite spirituelle de son Batman & Robin Eternal, Detective Comics pousse au maximum le concept de la militarisation des différents sidekicks du Chevalier Noir. Malgré quelques éléments assez cool, dont une nouvelle utilisation deClayface et le développement de personnages qui nous avaient manqués, la série ne se montre pas convaincante et laisse un goût désagréable dans la bouche quand elle vient réécrire de façon profonde les motivations de certains personnages. On ne doute pas que la série et son style trouveront leur public, mais de notre côté, on ne pourra pas vous la conseiller.
• Aquaman — Dan Abnett et Andrew Hennessy, Bradley Walker
En voyant arriver Dan Abnett arriver sur le titre, on s'attendait à le voir explorer les facettes politiques et sociales du monde d'Arthur Cury. Malheureusement, on a rapidement la désagréable sensation de relire en boucle ce que tout le monde a fait sur le titre. Si vous aimez les conflitsTerre/Atlantis ou voir Black Manta tenter inlassablement de se venger d'Aquaman, la série est faite pour vous. Mais si vous voulez du neuf, passez votre chemin et économisez 6$ par mois. On retentera peut-être notre coup une fois le premier arc passé.
< Chapitre précédentLes séries à lire ou à tenterChapitre suivant >Les titres à venirAvec toutes les séries susnommées, vous avez déjà de quoi vous occuper. Mais l'initiative Rebirth ne s'arrête pas là pour autant, en témoigne toutes les séries d'ores et déjà annoncées, qui sortiront dans les 4 prochains mois dans les comics shops, à l'heure où nous écrivons ces lignes. Voici un bref aperçu de ce qui vous incitera à poursuivre l'aventure ou peut-être à y revenir !
• Gotham Academy : Second Semester — Karl Kerchl, Becky Cloonan et Brenden Flectcher et Sandra Hope, Adam Archer
L'équipe créative derrière la première série Gotham Academy reprend les armes pour un nouveau semestre, avec de nouveaux étudiants et une université toujours aussi mystérieuse. Le titre jeunesse du catalogue DC revient le 14 septembre prochain.
• Doom Patrol — Gerard Way et Nick Derington
Premier titre de la nouvelle collection de DC, qui répond au nom de Young Animals, Doom Patrol a assez de lien avec l'univers classique de l'éditeur aux deux lettres pour que nous en parlions ici. L'équipe classique de héros rencontre une certaine modernité, incarnée par le chanteur de My Chemical Romance et scénariste Gerard Way, chargé de relancer des héros comme Flex Mentallo ou Negative Man sur le devant la scène. Disponible cette semaine dans votre comics shop favori !
• Cyborg — John Semper Jr. et Will Conrad
Après l'échec de sa série du côté de DC You l'année dernière, Cyborg revient dans un nouveau titre dirigé par le scénariste John Semper Jr., qui a travaillé sur la série animée Spider-Man. L'occasion d'injecter un peu de sang neuf à un personnage qui brillera bientôt au cinéma. En attendant, rendez-vous le 21 septembre prochain pour le numéro #1.
• Trinity — Francis Manapul
L'excellent Francis Manapul revient dans un titre chargé de faire cohabiter Batman, Wonder Woman et Superman dans une seule aventure. L'intérêt sera sans doute de voir un tout nouvel homme d'acier s'intégrer au groupe, puisqu'on le rappelle, le Superman de Rebirth est issu d'un univers parallèle. Pour peu que les planches de Manapul soient belles, et nous seront conquis le 21 septembre prochain.
• Raven — Mark Wolfman et Alison Borges
De retour avec Rebirth, Raven fait un break pour sa série solo. Séparée des Titans, la jeune héroïne doit faire face à un nouveau challenge, le lycée, tout en apprenant plus sur sa partie humaine. Et bien sûr, un peu de mystique reviendra la chatouiller suite à la disparition de l'une de ses camarades. Enquête à suivre le 21 septembre prochain.
• Blue Beetle — Keith Giffen et Scott Kolins
Dans cette nouvelle série consacrée à la version Jaime Reyes du personnage, Blue Beetle apprend que le symbiote avec qui il partage sa vie lui a menti, grâce à un certain Doctor Fate. Ambiance paranoïaque à découvrir le 28 septembre prochain, histoire de creuser un peu du côté de ce personnage méconnu.
• Batman Beyond — Dan Jurgens et Bernard Chang
Beyond n'a jamais vraiment été un bon titre du côté des comics, et on imagine que cela ne changera pas de sitôt. Malgré tout, avec son pitch qui voit le Joker original (ou presque, on s'attend à un twist) débarquer dans le futur pour inspirer le gang des Jokerz, Jurgens pique notre curiosité. A surveiller le 26 octobre prochain.
• Teen Titans — Benjamin Percy et Jonboy Meyers
Damian Wayne était amené à prendre de l'importance, et il le fait ici ! En prenant la tête des Teen Titans, le personnage enquête sur un passé qui entend bien le rattraper, celui de son grand-père, Ra's Al Ghul. A découvrir le 26 octobre prochain, comme la nouvelle étape dans la carrière prometteuse de Damian !
• Justice League vs Suicide Squad — Joshua Williamson et Jason Fabok
Suite à la rencontre de Batman et de la Suicide Squad, qui aura lieu dans les semaines à venir dans les deux titres, on s'offrira bientôt une mini-série qui verra la Task Force X cogner nos super-héros favoris, avec le chevalier noir en guise d'arbitre. Baston prévue sous forme de mini-série dès décembre prochain.
• Supergirl : Being Super — Mariko Tamaki et Joelle Jones
Aux côtés de la série principale paraîtra bientôt une mini-série consacrée aux origines de Kara Danvers et ses premiers pas sur Terre. Avec des dessins de la talentueuse Joelle Jones (Lady Killer) dedans. On à hâte d'être en décembre prochain.
• Super-Sons — Chris Burns, Dennis Culver et Jorge Jimenez
C'est assurément la série qu'on attendait le plus de tout ce relaunch. Elle a hélas été repoussée de ce mois de septembre au début de l'année prochaine. On espère pour le mieux, puisque le titre promet de réunir deux des personnages les plus intéressants depuis Rebirth, Damian Wayne et Jon, le fils de Superman. A suivre de très près en 2017.
• Justice League of America — pas d'équipe créative annoncée
On ne sait que bien peu de choses sur cette nouvelle itération de la JLA, si ce n'est qu'elle va naître des conséquences de l'affrontement entre la Justice League et la Suicide Squad, détaillé plus haut. A croire qu'un mélange loufoque des deux équipes est prévu, pour une ambiance des plus Black Ops. Le prochain titre de Mitch Gerads, nouvel artiste exclusif à DC, peut-être ?
< Chapitre précédentLes séries plus dispensablesAvant de revenir sur les différentes séries introduites par Rebirth, il convient de faire un point sur le rythme bi-mensuel qui s'est généralisé chez DC avec ce nouveau relaunch. Économiquement, il a de bons côtés, pour l'éditeur - qui domine ces derniers mois les ventes mesurées en unités - comme pour les lecteurs, qui ne dépassent jamais les 3 dollars par single bi-mensuel. A moins de prendre toutes les séries DC chaque mois, le calcul est donc relativement intéressant pour votre bourse, mais il se fait hélas au détriment du rythme des histories proposées par les auteurs de la Distinguée Concurrence.
Si certains, comme Greg Rucka, en divisant sa série en deux intrigues (l'une dans le passé et l'autre dans le présent) y trouvent leur compte, ce rythme donne souvent une impression de rapidité aux titres de DC. Et pas seulement parce qu'on en consomme deux fois plus par mois, mais surtout parce que les styles de narration employés par les auteurs ont tendance à être très, trop compressés. Ce qui est assez ironique, d'ailleurs, puisqu'avec deux fois plus de pages à leur disposition, on s'attendait à ce que les titres DC prennent un peu plus leur temps. Le meilleur exemple de ce style d'écriture reste le Batman de Tom King, qui nous laisse à peine le temps de respirer ou de faire connaissance avec ses personnages. Difficile de savoir si les sorties rapprochées entre deux numéros génèrent cet effet de vitesse seules, ou si la volonté de DC était bel et bien de démarrer sur les chapeaux de roues, mais dans tous les cas, le style adopté par la plupart des titres Rebirth peut dérouter, voire user très vite le potentiel des séries, et donc, l'intérêt de leurs lecteurs.
Résultat, la plus grande réussite de DC Rebirth est peut-être à trouver du côté de la diversité des équipes créatives et des styles graphiques proposés par l'éditeur aux deux lettres ces derniers temps. Un vent frais souffle sur un catalogue qui était trop souvent emprisonné par le spectre de Jim Lee et de dessins trop grandiloquents ou trop labellisés 90's. Avec Rebirth, place à la diversité visuelle, et c'est pourquoi on posera nos yeux sur (presque) autant de titres cartoony que photo-réalistes et/ou totalement inscrits dans les canons de l'anatomie super-héroïque. Mine de rien, cette variété nous invite à revenir chaque semaine en comics shop, et a tendance à guérir les défauts du rythme bi-mensuel. Car disons-le clairement : si toutes les séries sortant deux fois le mois avaient la même patte, on en aurait déjà marre.
DC entend d'ailleurs insister sur cette diversité, en signant de nombreux artistes sous contrat exclusif. Avant Rebirth, on pouvait ainsi noter l'excellent Mitch Gerads (The Punisher), et depuis, Otto Shmidt (Green Arrow), Robson Rocha (Green Lanterns) et Rafa Sandoval (Catwoman), ce qui a tendance à nous rassurer quant à l'intérêt visuel de DC, sur la durée. Enfin, on notera que la variété ne se limite pas aux planches puisque plusieurs équipes créatives sont issues des minorités, et que l'éditeur emboîte le pas à Marvel pour une approche plus égalitaire, en témoigne l'annonce récente de Supergirl : Being Super. Des efforts qu'on ne pouvait que saluer.
Après l'échec de l'initiative "DC You" l'année dernière, une rumeur laissait entendre que l'éditeur voulait revenir aux "meat and patatoes" (à la "viande et aux patates" donc), une expression qui tentait de résumer la situation de DC, pressé de revenir à ses personnages les plus cultes et de les présenter dans une approche plus (en vérité trop) classique. Les titres les plus ambitieux, girly ou progressites auraient donc dû sauter. En vérité il n'en est rien, puisque Rebirth, comme on le disait, possède une certaine diversité. Maintenant, on ne peut pas s'empêcher de remarquer que DC est tout de même revenu à la source, à de rares exceptions près.
Tous les arcs narratifs des séries proposées par le relaunch, ou presque, évoquent ainsi directement un âge d'or précis de l'éditeur. Pour reprendre l'exemple de Batman, le run de Tom King s'inspire directement de l'époque John Ostrander de la Suicide Squad. Or, cette approche très "historique" du matériau qu'est DC a des bons comme des mauvais côtés. Certes, on retrouve vite nos marques, les classiques sont respectés et compris, mais si on connaît un temps soit peu l'univers, difficile de trouver, chaque semaine, la nouveauté nécessaire à la lecture. La nostalgie ne peut pas, et ne doit pas, se subsister à la créativité, et quelques titres de Rebirth, à l'heure où j'écris ces lignes, on encore vraiment du mal à proposer quelque chose d'un minimum intrigant ; Ou du moins, ont a du mal à cacher leurs grosses ficelles. Et si on comprend l'intérêt, pour DC, de camper sur des bases solides, on espère vivement que l'éditeur osera prendre des risques à l'avenir.
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