Son dernier relaunch en date étant désormais bien installé dans les comics shops - on vous tirait d'ailleurs un premier bilan des titres fournis par ce dernier hier - DC passe maintenant la seconde avec Young Animal, sorte de label parallèle à son catalogue classique, qui sera orchestré par Gerard Way, un auteur qu'on connaît au moins tous pour être le chanteur de My Chemical Romance, et qui inaugure le bal cette semaine avec la sortie de Doom Patrol #1.
Ce premier numéro n'est donc pas qu'une simple réinvention contemporaine de la loufoque équipe de héros, mais bien les débuts d'une collection chargée d'amener un peu de fraîcheur au catalogue de DC. Et puisque nos super-héros favoris campent un petit peu sur leurs classiques ces derniers temps, les titres gérés par Way seront, d'emblée, plus originaux. Doom Patrol, mais aussi Mother Panic ou encore Cave Carson Has a Cybernetic Eye seront ainsi à surveiller de très près dans les semaines à venir.
Seulement, à trop vouloir camper sur des classiques d'un côté et vouloir faire du très original voire du loufoque (en témoigne les titres susnommés et ce premier numéro) de l'autre, DC creuse ici un écart assez terrifiant entre ces deux catalogues. Doom Patrol, qui s'inspire, on le sait depuis son annonce, du run culte de Grant Morrison sur l'équipe, qu'il avait récupérée dans les années 1990 part en effet très loin dans son délire.
On imagine que si vous êtes familiers avec les personnages du titre ou avec les écrits de Morrison, vous parviendrez à suivre cette suite officieuse, à peu près - les deux hommes étant d'ailleurs les meilleurs amis, on imagine que l'idée de suite n'est pas galvaudée. Dans le cas contraire, vous risquez tout simplement d'être largués, puisque Gerard Way passe volontairement et abusivement du coq à l'âne dans la trentaine de pages qui composent ce numéro. Ce qui n'empêche pas ses écrits d'avoir une certaine saveur, puisque les dialogues sont assez fins, plutôt biens conçus et plein d'indices quant au futur de ce titre, qui se fera avec des marchands de viande alien, de mondes microscopiques et bien d'autres réjouissances encore. Par ailleurs, le personnage principal, la jeune ambulancière Casey Brinke, pique déjà notre curiosité.
Autant d'atouts forgés en vraies qualités par les dessins de Nick Derington, qui déborde d'énergie et parvient à saisir les idées de Way dans leur charme fait de bizarrerie. C'est plutôt joli, et on a même droit à différents styles d'une page à l'autre, comme pour appuyer encore plus la confusion chez le lecteur. Mais qu'on se le dise, peu d'entre-nous aiment être à ce point malmenés par la narration et les promesses d'un titre, qu'on comprend, par bribes, notamment à la fin d'un numéro.
Ce premier de Doom Patrol n'est en soi pas un mauvais numéro. Il est peut-être juste un mauvais numéro #1, parce qu'il ne souhaite pas ménager sa folie. Certes, on ne cracherait pas sur plus d'énergie, d'originalité et de fougue chez DC, mais une petite entrée en matière ne serait pas de refus non plus. Ici, la lecture, conçue pour être difficilement abordable, pourrait bien se retourner contre les lecteurs qui en l'état, ne s'attendaient peut-ête pas à autant de folie sans préliminaires. N'enterrons pas le label Youg Animals pour autant car si ce numéro prouve bien une chose, c'est que DC ose chatouiller son image avec cette collection.