Attention, cette review contient des spoilers sur l'event The Button et les éléments qui en découlent ! Passez votre chemin, surtout si vous êtes lecteurs VF, et revenez dans quelques mois !
Après le succès de
Before Watchmen,
DC Comics a eu l'ambition d'introduire dans son univers les héros du
comic-book culte à l'origine de la mini-série, au grand dam de son créateur,
Alan Moore, qui s'étrangle à chaque fois un peu plus dès qu'il est question de toucher à son œuvre. Ce changement majeur dans la ligne éditoriale de la Distinguée Concurrence avait été engagé l'année dernière avec le lancement de
DC Rebirth.
Pour replacer le contexte, l'événement qui est arrivé ce mois-ci dans les kiosques français, revient au
Flashpoint qui a engendré le début des
New 52, introduisant une nouvelle menace qui jouait avec les lignes temporelles et qui a fait perdre plus de dix ans de la vie de nos héros. Mais la révélation finale de
DC Universe Rebirth #1 amène à la conclusion que cette menace n'est autre que le
Docteur Manhattan qui manipule (ou qui a carrément donné naissance à) l'univers DC. Le seul indice menant à cette théorie a été laissé dans la
Batcave puisque le
Chevalier Noir met la main sur le badge ensanglanté du
Comédien.
Presqu'un an après ce chapitre introductif,
Tom King et
Joshua Williamson offrent donc un hiatus de quatre numéros dans leur séries respectives,
Batman et
The Flash, pour proposer la suite de cette trame narrative intitulée
The Button ("Le Badge" en français). Cette semaine sortait le dernier chapitre dans
The Flash #22, l'occasion pour nous de vous offrir un bilan du
crossover.
• Batman #21
Écrit par
Tom King, ce premier chapitre est de loin le plus expéditif de l'
event et se focalise sur le
Chevalier Noir qui décide de se pencher sur le cas du badge mystérieux qu'il a trouvé plus tôt et qui va être témoin d'une apparition des plus inattendues. Batman va donc demander de l'aide à
Barry Allen qui aura une minute pour rappliquer. Tom King s'impose un petit effet de style qui est celui d'écrire un numéro se déroulant sur quelques secondes seulement. Très peu expansif, ce Batman #21 est presque entièrement découpé en planches de neuf cases par
Jason Fabok, ce qui lui donne ce rythme véritablement soutenu.
Pourtant, cet épisode pose les bases des trois numéros suivants en introduisant notamment le retour d'un ennemi de
Flash qui rencontrera très rapidement (c'est le thème, donc) un destin tragique dans les dernières pages du numéro. Assez efficace, cette introduction menée tambour battant fait monter la tension d'un coup et promet quelques révélations dans le cours de ses trois prochaines suites.
• The Flash #21
Après un numéro introductif, c'est à Joshua Williamson de prendre le relai avec sa série sur Barry Allen. Il faut d'abord avouer qu'au fur et à mesure que l'event avance, nous comprenons d'ailleurs qu'il concerne indirectement Barry Allen, plus que son ami Bruce Wayne, qui semble être ici plus par prétexte. Beaucoup plus bavard que le premier chapitre, ce Flash #21 se focalise sur le Scarlet Speedster qui prend de plus en plus conscience qu'il est origine de la perte de ces dix années en voulant sauver sa mère et en engendrant les New 52.
Mais ce numéro s'avère finalement assez décevant puisqu'il fait péniblement avancer l'intrigue en se présentant comme une redite des événements du Flashpoint, mais aussi du numéro DC Rebirth Universe #1 qui permettait déjà de faire le constat que la naissance de l'ère des New 52 n'était pas le fruit du hasard mais bel et bien d'une manipulation extérieure. Pour autant, Batman et Flash décident de mener l'enquête en s'engageant dans une course à travers le continuum espace-temps. Heureusement, ce numéro est dessiné par un Howard Porter qui réussit à convaincre avec son trait très détaillé malgré un style graphique qui peut être assez déroutant, parfois à la croisée des chemins entre comic book et manga (notamment au niveau de ses visages).
• Batman #22
Probablement et paradoxalement le meilleur numéro de l'
event pris en charge par
Joshua Williamson après que
Tom King lui ait laissé la main. Ce Batman #22 se focalise en effet principalement sur le
Chevalier Noir qui va être confronté à une figure de son passé, dans une forme inédite pour lui. Malheureusement, et tout comme le ressenti général de cet
event, on se demande si les révélations autour du personnage auront une véritable incidence sur la suite des événements. Pourtant, ce numéro est assez fort en mettant en scène cette rencontre qui pourrait totalement changer la psychologie du plus grand détective au monde. Les dialogues sont d'ailleurs assez justes et démontrent que l'ami Joshua Williamson (dont on vous conseille le très bon
Birthright chez
Image et
Delcourt) est un scénariste que DC Comics devrait garder sous le coude.
Heureusement, le propos du scénariste est appuyé par un
Jason Fabok encore une fois bien efficace même si le rythme l'oblige parfois à quelques concessions.
• The Flash #22
Prévu en quatre numéros,
The Button offre donc sa conclusion dans ce vingt-deuxième chapitre de
The Flash version DC Rebirth, une nouvelle fois signé de la plume de Joshua Williamson. Cet épisode confirme la direction prise depuis le début de l'événement en livrant une conclusion, qui n'est finalement qu'un prétexte pour préparer la publication du prochain bébé de
Geoff Johns et
Gary Frank,
Doomsday Clock. En effet, une fois la dernière page parcourue, il est difficile de ne pas sentir le léger enfumage de DC Comics qui a tenté de créer un mini-
event qui reste finalement trop avare et confidentiel au sein de l'univers Rebirth.
Heureusement, Howard Porter fait lui aussi son retour aux dessins de ce The Flash #22 et on sent que l'artiste est impliqué dans son œuvre, l'occasion de réaliser ses progrès les numéros consacrés au bolide écarlate qu'il avait déjà dessiné pour
Geoff Johns dans les années 2000. Il faut avouer qu'il devait avoir une petite pression sur les épaules puisqu'il a notamment eu l'opportunité de dessiner (en partie)
Doctor Manhattan, qui est teasé à la fin de l'
event.
• Conclusion
Plutôt agréable à parcourir, The Button n'est pourtant qu'un jeu de piste un peu trop simple qui dissémine des petits cailloux nous ramenant à notre point de départ : la supposition que le Doctor Manhattan est derrière toute cette affaire, que Flashpoint est son vrai point de départ et que les New 52 n'ont pas servi à grand chose dans toute cette histoire. L'event de Tom King et Joshua Williamson n'introduit à aucun moment de véritable bouleversement dans l'univers DC et ses personnages secondaires n'interagissent qu'avec Batman et The Flash, qui ne sont pas plus avancés que nous malgré la résolution de leur enquête. Il est donc difficile d'en ressortir pleinement satisfaits, au-delà de la qualité graphique au rendez-vous. Finalement, The Button n'est qu'un prétexte pour faire patienter le lecteur en attendant que Geoff Johns et Gary Frank terminent Doomsday Clock en darons, au mois de novembre prochain.
Mais la véritable interrogation qui se pose avec ces quatre numéros est la pertinence de faire interagir l'univers Watchmen à celui de DC. En effet, l'isolement de l'événement au sein de l'univers global de la Distinguée Concurrence ne concerne finalement que les titres Batman et The Flash et Geoff Johns a déjà annoncé que Doomsday Clock fonctionnerait principalement en stand-alone, sans jamais bouleverser les autres séries ou promettre des changements importants - comme si on commençait à sentir que l'idée entraîne avec elle un poids énorme. Pourtant, Bruce Wayne et Barry Allen pourraient tirer des enseignements beaucoup plus profonds de l'expérience et certaines scènes pourraient totalement redéfinir nos héros, surtout si l'on pense à la place du superbe personnage de Thomas Wayne.