On a aimé• Un système de combat solide
• La personnalisation marrante...
• Une durée de vie conséquente...
• Des ulti' qui tabassent
On a moins aimé• le charadesign catastrophique
• ... mais un peu limitée
• ... mais artificielle
• Le mode histoire peu passionnant
Notre note
En 2013, NetherRealm s'allie à Warner Bros. et DC Comics pour offrir un jeu de combat exclusif à la licence de super-héros, Injustice : Gods Among Us. Ce jeu de combat développé pour l'ère PS3/Xbox 360 est alors l'occasion de jouer avec les codes de l'univers DC Comics et de proposer une campagne solo dans un univers alternatif, dans lequel Superman a décidé qu'il était mieux de mettre en place un état totalitaire pour instaurer la paix dans le monde. Un point de vue que ne partageait pas Batman permettant aux deux héros et tous leurs alliés de se mettre joyeusement sur la tronche.
Quatre ans après, NetherRealm récidive avec un nouvel épisode sobrement nommé Injustice 2 qui compte bien réitérer la formule avec une philosophie créatrice précise : bigger, stronger, faster, sausager !
Une nouvelle fois, et il faut l'avouer, la plus-value du titre est cette réécriture de l'univers DC qui laisse au moins la voie libre au studio pour réfléchir sur des idées et proposer une trame scénaristique assez ambitieuse, du moins sur le papier. En effet, l'heure n'est pas aux surprises (ni aux gâteaux) et les jeux de combat, encore moins Mortal Kombat, n'ont jamais eu des histoire brillantes à proposer avec des approches intéressantes sur les relations entre les personnages. En même temps, le type de jeu limite forcément les envolées d'écriture puisque chaque dialogue ne sera finalement qu'un prétexte pour finir la conversation avec un bourre-pif bien calé.
Injustice 2 ne coupe donc pas à la tradition et si l'intérêt du premier épisode était de proposer une véritable scission entre la team Batman et celle de Superman, son scénario rendait au moins curieux de la place des autres héros DC au sein de ce conflit. Ici, tout cela est presque balayé par une histoire qui verra la Terre faire face à son plus grand conflit, l'arrivée de Brainiac. L'ennemi de l'Homme d'Acier compte bien raser la planète pour devenir le seul détenteur du savoir de l'Humanité qu'il compte absorber avant de tout faire péter. Rien de très excitant dans ce pitch, qui fait plus office d'écran de fumée et de prétexte. Les ficelles sont bien trop visibles et font de cet univers DC un cousin proche de celui de la CW. On pourra leur pardonner car ils doivent avoir perdu quelques neurones avec les milliers de patates qu'ils ont chacun encaissé.
Pourtant, on reconnaitra à Nether Realm un sens du spectacle dans la mise en scène de certains chapitres, d'autant plus que le jeu profite d'un moteur plus efficace que précédemment. Malheureusement, celui-ci n'est pas exploité à son plein potentiel, la faute à des héros aux allures complètement ignobles. Notamment, ce pauvre Damian Wayne ou encore Catwoman qui semblent souffrir physiquement de leurs rendus. On notera tout de même ce Green Arrow ressemblant comme deux gouttes d'eau à Ewan McGregor. Probablement un heureux hasard qui m'aura permis de me focaliser uniquement sur ce héros. Et si ce mode histoire est sans surprise, la curiosité des premiers chapitres s'estompe rapidement pour laisser place à l'ennui. Heureusement, il ne faudra que 4 à 5 heures pour le finir et ronger son frein sur les autres modes de jeu. Car évidemment, Injustice 2 n'est finalement qu'un jeu de combat et tout son intérêt vient de son système de combat qui ne bouleverse pourtant pas grand chose.
Qu'on se rassure tout de même, NetherRealm a de l'expérience dans le domaine et avec ses itérations de Mortal Kombat, le studio a appris à proposer un jeu assez équilibré. On saluera d'ailleurs un effort fait par rapport à son prédécesseur qui ne compte pas cette fois dans son roster des personnages totalement abusés comme Deathstroke ou Nightwing (qui ne sont plus présents). Certains héros seront toujours plus efficaces que d'autres mais le studio a travaillé pour que tous aient des gameplay et des habilités assez variées. On saluera une fois de plus la mise en scène des attaques ultimes toujours jouissives même si on pourrait finalement pester de n'en avoir qu'une seule par personnage. D'autant plus qu'il faudra subir celle de son personnage principal encore et encore quand il s'agira de le grinder pour l'emmener au niveau max.
En effet, une composante RPG légère a été implémentée dans le jeu puisqu'il sera possible de passer de niveau de joueur ainsi que de niveau pour chaque personnage. Toute cette approche a été cristallisée dans le mode Multiverse, qui est finalement l'équivalent de la Tour des Défis de Mortal Kombat. Il s'agira en fait de naviguer entre les planètes du multiverse, qui disparaissent au bout d'un certain temps, afin d'effectuer différentes missions prenant la forme de combats à contraintes. Outre le fait de passer des niveaux plus facilement, ce mode misera tout son intérêt dans la course au loot.
Oui, le mot est lâché. Injustice 2 a bien regardé ses petits concurrents de l'industrie et a décidé d'implémenter un système de loot qui permettra d'agrandir de façon drastique (et artificielle) la durée de vie du titre. Il sera possible de customiser entièrement ses personnages avec des pièces d'armures, de capacités et de couleurs trouvées au cours des duels acharnés. Partant d'une bonne idée sur le papier, qui pouvait permettre de contourner le design saucisse des héros, ce système se révèle assez limité puisque le joueur sera finalement tributaire (dans un premier temps) des statistiques des pièces trouvées. Il sera cependant possible, à haut niveau, d'utiliser la transmogrification pour ajuster le look final de son héros. Mais vous êtes prévenus, il faudra avoir un certain sens du second degré pour ne pas frissonner de terreur à chaque fois qu'un Chevalier Noir blanc ou rouge débarque dans l'arène.
Ce système soulève pourtant d'autres questions puisqu'on vient évidemment à comparer Injustice 2 aux autres jeux du genre et le constat est qu'il est déjà à la ramasse. Notamment dans la distribution de son contenu additionnel de personnages qui arrivera seulement sur votre galette en échange de vos deniers. Une décision complètement irrationnelle alors que le jeu veut jouer l'ambition de l'E-Sport et qu'un certain Street Fighter V a ouvert la voie de la gratuité l'année dernière en proposant aux joueurs l'ayant dosé de récupérer les nouveaux héros contre l'argent gagné en jeu. Cette vision est d'autant plus dommageable qu'elle viendra rapidement à bout de la communauté, scindée entre ceux qui ont sorti la carte bleue et les autres.
Injustice 2 joue sur la passion que les joueurs ont pour l'univers DC Comics mais ce n'est finalement pas assez. Malgré un contenu conséquent, des nouveautés intéressantes, le jeu laisse en bouche un goût d'expérience vide, sans véritable saveur, à l'image de la trogne de ses héros en somme. Si les intentions sont là, NetherRealm semble avoir mis du cœur dans son moteur et dans l'équilibrage de son jeu sans véritablement peaufiner le reste, comptant sur l'envie de loot facile des joueurs pour grossir artificiellement une durée de vie qui n'en a pas besoin. Sans être une véritable déception, ni un excellent jeu, Injustice 2 ne mérite clairement pas qu'on s'y attarde tout de suite. D'autant que vous le savez autant que moi, une version complète viendra pointer le bout de son Batarang dans les prochains mois.