Puisque
Lucasfilm et
Marvel Studios partagent la même maison, il existe clairement quelques similarités dans les façons de travailler de
Kevin Feige et
Kathleen Kennedy qui cherchent, un peu paradoxalement, à mettre en avant une nouvelle génération de réalisateurs à l'identité forte tout en gardant un contrôle important sur leurs films, dans le but de conserver la cohérence d'un univers.
Le départ forcé de Phil Lord et Chris Miller du film Han Solo a d'ailleurs réveillé un traumatisme que quelques fans de
Marvel Studios n'ont pas encore digéré, le départ d'
Edgar Wright du projet
Ant-Man. Si les circonstances sont différentes - le réalisateur n'étant pas en tournage lors de son départ - les deux affaires sont tout de même assez proches puisqu'elles sont la conséquence d'une opposition de visions entre des réalisateurs au style et à la méthode de travail bien démarqués face à des productions qui cherchent tout de même à pouvoir intervenir dans le processus créatif à tout moment.
En pleine promotion de son nouveau film,
Baby Driver, Edgar Wright est ainsi revenu chez
Variety sur les "différends créatifs" qui ont obligé
Kevin Feige et lui-même à mettre fin à leur partenariat en 2014 :
"Je pense que la réponse la plus diplomatique est que je cherchais à faire un film Marvel mais je ne pense pas qu'ils étaient prêts à faire un film 'Edgar Wright'. Cela m'a brisé le cœur de prendre la décision de partir après avoir passé autant de temps sur le projet avec Joe Cornish - c'est marrant quand des gens disent "Oh, ils ont travaillé huit ans sur le film" et c'était un peu vrai, mais durant cette période, j'ai fait trois films donc je ne travaillais pas à temps plein dessus. Mais après The World's End, j'ai travaillé sur Ant-Man pendant un an, j'allais faire le film.
Mais à l'époque, j'étais scénariste et réalisateur sur le projet et ils ont voulu écrire un script sans moi, et puisque j'avais écrit tous mes films, c'était difficile de passer au-dessus l'idée de contrôler les deux aspects du film. Et d'un seul coup, devenir un réalisateur de commande (ndlr : il utilise un jeu de mot "director for hire" faisant référence à "guns for hire" qui veut dire mercenaire), c'est moins intime comme investissement et tu commences à te demander pourquoi tu es là, vraiment."
Une déclaration très honnête qui démontre de la difficulté à travailler pour un studio puissant comme
Marvel Studios lorsqu'un réalisateur cherche absolument à préserver son indépendance artistique. Les années ont passé mais la problématique est toujours bien présente à Hollywood, d'autant plus à l'heure où
Warner Bros. annonce ne plus vouloir travailler avec
des réalisateurs qui veulent avoir le fin mot sur leur montage. Ce qui démontre tristement la contamination du profit et par extension du capitalisme sur l'art.