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Spider-Man : Homecoming, la critique

Spider-Man : Homecoming, la critique

ReviewCinéma
On a aimé• Tom Holland en Spidey adolescent
• Un teen-movie sincère
• L'impression du temps qui passe chez Marvel Studios
• L'humour (souvent) méta
On a moins aimé• Longueurs et problèmes de rythme
• Watts et la mise en scène de l'action
• Encore un poil trop codifié
Notre note

Jon Watts sur Spider-Man, un réalisateur indé' et un personnage qui s'était perdu dans la machine des franchises, autant de raisons d'espérer. Homecoming se place haut dans l'échelle des attentes, pour le public qui attendait la reprise de ce héros ultra populaire, et pour le MCU jusqu'ici orphelin de son personnage le plus célèbre. À bien des égards, le film est une réussite qui ne tope pas la perfection, un coup de cÅ“ur pour les Spider-Fans avec des défauts propres à l'exécution du "Marvel Studios Movie" - cette fois, sans la mention average, parce que de réels efforts sont faits pour donner à l'ensemble, depuis l'ambiance jusqu'à la tonalité, une vraie personnalité. Un million de choses à dire, donc pourquoi ne pas commencer ?

— CRITIQUE GARANTIE SANS SPOILERS —



Homecoming
affiche depuis son titre jusqu'à son générique de fin une couleur de fiction méta. Le métrage présente d'emblée Peter Parker comme un fan des Vengeurs qui aura connu toutes les étapes de la construction du MCU depuis la fenêtre de sa chambre, et choisit volontairement de traiter cet aspect comme un de ses enjeux principaux en filigrane : important pour l'ADN de la série comme pour son public, il s'affiche comme un regard rétrospectif sur le chemin parcouru. Tony Stark, présenté dans les trailers comme une figure de mentor, assume en fait directement l'image du père - son statut de concepteur du costume aura aussi son rôle à jouer dans ce que la critique appelle déjà le "Spidey 2.0". 

Stark, modèle et le fondateur de la saga Marvel au cinéma, hérite d'une présence finalement pas si importante, mais symbolique : nombreuses sont les références au premier Iron Man et à l'année 2008, où tout commençait. On place différents moments passés du film sur l'après Avengers (premier du nom) ou la scène de combat de l'aéroport dans Civil War, et même à la fin continuent de se greffer plusieurs références à l'univers de fiction dans lequel les Peter Parker du monde réel ont grandi, et vu s'élever devant eux les nouveaux géants de la pop-culture de super-héros. Un chemin qui justifie d'autant plus l'aspect générationnel du film, avec son héros de 15 ans.


Parce que Parker est ici un véritable adolescent. C'est cet aspect que Watts développait en parlant de John Hughes en interview, réalisateur central sur le dilemme de l'ado' et son rapport au monde compliqué des adultes. Là encore, les références seront nombreuses (voire trop appuyées), avec en particulier le rôle joué par Zendaya, reprise évidente de la jeune Ally Sheedy dans The Breakfast Club. Les enjeux seront reposés à cette hauteur de gosse paumé, enclavé dans le petit monde du Queens, les couloirs de son lycée et loin des grands plans panoramiques d'un Spidey entre deux gratte-ciels chers à Sam Raimi

La thématique posée par ce héros est ici celle de l'adolescent qui veut grandir trop vite et accumule les erreurs en cherchant à bien faire. Un Peter débutant et maladroit auquel on s'attache immédiatement, et la grande réussite du film sera d'avoir réussi à cerner le personnage (ce que d'aucuns auront eu plus de mal à réaliser). Quelque part, la sobriété de ces enjeux et l'aspect naïf du héros font beaucoup pour l'investissement du spectateur, à plus forte raison avec Spider-Man, un personnage fan-favorite auquel chacun peut s'identifier.



Sur le plan du récit, le film s'appuie sur une construction encore très codifiée. Un choix qui rebutera peut-être ceux qui espéraient que la venue de Watts et Coogler seraient le symptôme d'un Marvel vraiment différent - c'est le cas à bien des égards, mais la formule "super-héroïque" n'est pas complètement bouleversée. On s'amuse en revanche à voir le réalisateur doser avec beaucoup de justesse les moments de vie de Peter au lycée sous un angle teen-movie qui renouvelle bien l'usage de l'humour dans le MCU

Pour aller plus loin, le Vautour de Michael Keaton profite aussi d'un effort supplémentaire par rapport au modèle du vilain épisodique classique : plus intéressant, bien interprété, il ouvre et clôture le film avec la même hauteur d'enjeux que son adversaire en collants. Plus humain, ramené à des enjeux compréhensibles qui ne sont pas ceux d'un énième fou mégalo, il participe aussi à l'identité du film en étant en plus suffisamment peu important pour laisser aux suites des visages de plus grande envergure. Michael Keaton est très à l'aise dans le rôle, à ce point qu'on aurait presque aimé voir ce qu'il aurait fait d'un Bouffon Vert, si le choix lui avait été donné.



Homecoming
n'est cependant pas exempt de défauts. Des erreurs de raccord ou de mise en scène dans les phases d'actions entachent l'ensemble, ainsi qu'une certaine redondance dans le rythme - ce qui se présente comme un mal de plus en plus répandu dans les blockbusters d'aujourd'hui. Tous les acteurs ne donnent pas le meilleur d'eux mêmes, et on peut regretter que le film ne soit pas plus généreux sur la construction d'une petite mythologie Spider-Man séparée du gargantuesque MCU - ou rassuré, si Sony vous a déjà gonflé sur leurs déclarations récentes. Sont cependant présents des indices çà et là pour la suite, et une intégration sporadique aux autres films qui justifieront d'autant mieux l'absence du Tisseur dans l'univers partagé, si celle-ci doit se faire. Mention spéciale à Chris Evans au passage, qui récupère une seconde fois l'oscar du meilleur caméo après la scène des colonnes dans Thor : The Dark World.

Dans l'ensemble, on peut surtout regretter que le film ne se démarque pas d'avantage dans sa scénographie (connaissant le style du réalisateur), et puisse n'être perçu que comme un mélange de teen-movie et de super-héros - comme Ant-Man avait pu tenter de mélanger le film de braquage avec le genre costumé. Homecoming va un peu plus loin : c'est un film sincère qui aime ses personnages. Un Spider-Man moins solitaire que ceux de Webb et Raimi, et moins drivé par la recherche de son idéal amoureux. Sans Oncle Ben, et pratiquement sans Manhattan, un héros enraciné dans son quartier qui revient à l'idéal du "friendly neighborhood guy", avec une vibe de films années '80 nourri aux dialogues Bendis, une réussite d'ensemble qui se laisse apprécier jusqu'au générique de fin (vraiment super cool).


Homecoming, ou : le retour à la maison. S'il est encore trop tôt pour savoir si celui-ci sera définitif, on peut en tout cas dire que le film porte bien son nom. Mélangé aux codes de Marvel, le style de Jon Watts et l'ADN essentielle du Spidey des comics (surtout Ultimate), il respire d'une identité pleine de naïveté comme un bon film pour ados, avec un affect immédiat sur son personnage principal. Assez différent sur cette approche des deux sagas précédentes, le film semble fait pour la génération des Spider-fans de Miles Morales ou des productions Marvel de ces dix dernières années tout en essayant de renouveler le genre, un essai réussi qui sent l'amour du Tisseur et inspire confiance pour de prochaines aventures.

Corentin
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