Celles et ceux qui nous lisent savent que j'entretiens une relation qui oscille entre l'amour et la haine avec le scénariste Scott Snyder. Un "je t'aime, moi non plus" qui m'a toujours réservé quelques surprises, mais la plus spectaculaire en date reste le second chapitre de son introduction à Dark Nights : Metal, événement estival qui se dessine lentement mais surement dans les pages de ce Dark Days : The Casting.
Surpris, je le suis à plus d'un titre, d'ailleurs. Car après avoir été piqué d'une certaine curiosité à la lecture de
Dark Days : The Forge, j'avais sincèrement hâte de me replonger dans cette introduction de
Metal et de la future gamme
Snydersque de
DC, qu'on surnomme déjà le
Dark Universe - plus subtil tu meurs. Il faut dire que j'avais su pardonner ce démarrage un peu forcé qui connectait ensemble tous les éléments du
run du scénariste sur
Batman pour me dévouer à la cause d'une aventure en forme de
Crisis, où un monde menaçait d'avaler son voisin.
Mais tout ce qu'on avale dans ce
Dark Days : The Casting, ce sont des phylactères et des monologues intérieurs toujours plus chargés, comme si
Scott Snyder, qui écrit de plus en plus en prose (un roman en préparation,
A.D : After Death,
All-Star Batman) ne savait plus faire la différence entre un scénario et un texte pur et simple. Une hésitation permanente qui influence énormément la lecture, que j'ai trouvé très pénible.
D'autant que le changement complètement aléatoire de dessinateur, d'une page à l'autre, qu'on déplorait déjà il y a quelques semaines, n'a évidemment pas été résolu, et ajoute une autre couche de pénibilité à l'ensemble, d'une lourdeur assez exceptionnelle. J'irais même jusqu'à dire que j'ai l'impression de lire les fragments d'un pitch beaucoup trop complexe collés les-uns aux autres sans véritable fil rouge. Certes, le contrat de base est de ne pas avoir toutes les réponses à nos questions sur ce Dark Universe et son fameux Neuvième Métal pour le moment. Mais quand la conspiration nuit à l'intrigue et à sa bonne compréhension là où elle devrait enrichir le récit et nous pousser à chercher des indices, je ne peux m'empêcher de me demander ce que DC compte faire de cette histoire.
Car il y a quelques mois encore, on aurait pu croire que l'intrigue établie ici par Snyder avait tout d'un événement majeur pour le reste de l'univers DC, depuis relancé sur des bases assez saines, qui permettent même de faire passer quelques grosses pilules, dont un lien encore plus étroit avec les Watchmen. Mais l'éditeur ne pouvait pas de passer des délires de l'ancien scénariste de Batman pour autant. Et on le comprend, d'abord parce que le bonhomme vend toujours bien, mais surtout parce que son histoire et pleine de promesses, derrière toutes les facilités qu'elle utilise.
Il faut dire que Snyder, même hyper bavard, se révèle toujours habile dans sa façon de mélanger l'ego-trip et les bonnes références, y compris à Grant Morrison, qu'on retrouve en filigrane de ce numéro. Mais est-ce que cela suffira à nous convaincre ? Pas tellement. Honnêtement, j'aurais vraiment préféré que l'auteur s'offre une série Metal dans laquelle un événement aurait été déclenché plutôt que de lire ce qui s'impose de plus en plus comme une bible d'univers en deux chapitres pour un event qui par ailleurs, s'annonce tout de même assez bas du front pour le moment.
Mais malgré les multiples égarements de ce numéro très, très bavard et anarchique dans ses dessins, on a tout de même envie de plonger dans le Dark Universe, qu'on espère plus ludique et intriguant que ce The Casting en forme de notice explicative. En attendant, on se contentera des promesses de Snyder, de l'écriture de Hawkman et des petites références qui feront plaisir aux fans. Un peu maigre, et surtout très pénible pour une introduction à l'event de l'été de la Distinguée Concurrence.