Alors que DC Comics a entamé depuis une bonne grosse année son relaunch Rebirth, relance menée tambours battants par un Geoff Johns bien décidé à rattraper les égarements de l’ère New 52/DC You, une autre entreprise de semi-relaunch a redonné signe de vies ces dernières semaines, alors qu’on se demandait décemment s’il fallait encore en attendre quelque chose, en témoignait ce tweet de J. Michael Straczynski de mai dernier.
DC put a pause on all the Earth One titles for a while to focus on other things. PS, please refrain from yelling at people in ALL CAPS.
— JMichael Straczynski (@straczynski) 16 mai 2017
Une pause, vraiment ? Il faudra savoir de quels projets on parle. Il est vrai qu’à l’été 2015, lors d’une édition très riche de la San Diego Comic Con, DC Comics avait annoncé la venue d’un Flash : Earth One par Straczynski (responsable déjà d’une trilogie Superman de la même collection) et d’un Aquaman : Earth One par Francis Manapul.
Las, le temps passe mais DC n’oublie pas cette gamme particulière. Si 2018 devrait voir arriver un ouvrage consacré à Green Lantern, c’est un second tome du Wonder Woman de Grant Morrison qui a été annoncé il y a quelques jours. À supposer qu’on n’attende pas de nouveau cinq ans pour en voir la teneur, on devrait se réjouir de ces annonces... si les deux autres projets listés avant n’étaient pas, encore et toujours, absents de tout planning.
Peut-on vraiment voir une ligne directrice pour Earth One ? Qu’attendre véritablement de cette proposition ? Pourquoi cette impression de semi-réussite seulement ? Remontons un peu dans le temps pour démêler le bon du moins bon.
Annoncée fin 2009 pour une sortie en 2010, soit un an avant le reboot/relaunch des New 52, la série de romans graphiques (original graphic novels) Earth One a pour but de proposer de nouvelles origines, modernisées, au lectorat du XXIe siècle par le biais d’une entreprise qualifiée d’inédite. Pas de mini ou maxi-série rééditée par la suite en album, mais la publication directement en librairie d’une série de graphic novels. Un pari audacieux pour l’éditeur car les ventes seraient forcément moins importantes que par la voie sacrée du single/réédition TPB avec un combo incentive variant cover Hip-Hop pour se mettre bien.
Mais DC fait appel à un fort argument de vente dans ses équipes créatives. Lorsque la gamme Earth One est annoncée, Superman et Batman sont en toute logique les premiers personnages à bénéficier de cet honneur. J. Michael Straczynski et Shane Davis pour l’Homme d’Acier ; Geoff Johns et Gary Frank pour le Chevalier Noir. Par la suite se rajouteront Jeff Lemire (Teen Titans) et Grant Morrison (Wonder Woman), et chacun conviendra qu’il n’y a pas de quoi se plaindre.
C’est le chef de DC de l’époque (toujours en place), Dan Didio, qui explique sa vision ambitieuse pour Earth One. Il souhaite produire un ensemble d’ongoings de graphic novels et en fait une envie de se rapprocher d’un système de publications d’albums à la franco-belge – avec un rythme soutenu au vu du nombre de pages qui dépasse le format de 48 pages standard par chez nous. Le but est de sortir deux ouvrages de cette collection par an. En 2010, cette initiative vient aussi d'une envie de dynamiser le marché du TPB face aux lecteurs qui pratiquent le trade-waiting sur les ongoings des éditeurs – c’est-à-dire, le fait d’attendre directement la sortie des réliés des séries que l’on suit. Certains parient même que la publication directement en format d’album pourrait être la nouvelle donne dans le domaine des comics – et vous aurez certainement un sourire ironique en lisant cette dernière phrase aujourd'hui.
Du côté créatif, l'objectif est de se démarquer du reste de la continuité DC Comics – qui à l'époque, est encore la « classique » qui n’a pas connu les joies des New 52. Des idées nouvelles pour des origines innovantes qui seraient abordables pour les nouveaux lecteurs comme les plus aguerris. Comme ça, même en étant un fan absolu de Batman, le lecteur pourra trouver des surprises et se placer en terre inconnue. Quant au nouvel arrivant, il aura droit à une porte d’entrée avec un récit auto-contenu.
BIEN. Ça fait une présentation un peu coporate talk alors on va regarder si les promesses des annonces ont été tenues (spoiler : non) et dans quelle mesure Earth One a pu vivre à la hauteur de ses ambitions de départ.
Chapitre suivant >Ventes vs RetardsPour commencer par le plus simple, regardons Earth One d’un côté purement logistique et économique. À raison de deux OGN (original graphic novel) par an, la gamme étant lancée depuis 2010, on devrait avoir une collection de 14 ouvrages cette année. Pourtant, nous n’en sommes qu’à… huit, soit quasi moitié moins. On aurait pu s'en douter dès le départ puisque si Batman était lui aussi prévu pour 2010, le premier tome n’est arrivé qu’en 2012. Et comme sur COMICBLOG.fr, on fait les choses bien, cette superbe figure permettra d’illustrer mon propos.
En somme, jusqu’à présent, on alterne avec des années à deux ouvrages et des années sans rien, grosso modo. Faut-il croire que l’envie du rythme de publication était trop gourmande ? Il faut bien se dire que la préparation d’un OGN de 128 pages, admettons qu’elle se fasse au même rythme qu’un single, équivaut à minimum six mois de boulot en continu à raison de 20 pages par mois – qui est le rythme de travail de beaucoup d’artistes, étant donné qu’on va considérer ici le dessinateur comme facteur limitant. Le manque à gagner est assez flagrant. L’artiste ne touche rien de toute cette durée (exception faite d’avances sur contrat) comparé à six paies de singles – et c’est bien pour ça, par exemple, qu’on a observé Gary Frank faire du Shazam avec Johns ainsi que des couvertures, et ce qui a forcément retardé son Earth One. Les équipes créatives, pour tenir les délais, auraient sûrement dû se consacrer uniquement à ce genre de projet - ce qui n’est évidemment pas concevable dans cette industrie.
@Buddyguy_jojo Most likely 2017. Trinity will take up most of if not all of my time in 2016.
— Francis Manapul (@FrancisManapul) 16 avril 2016
La
preuve avec Manapul qui était bien plus pris par son Trinity pour Rebirth (et
qui visiblement, ne livrera pas son Aquaman : Earth One en 2017 non plus.)
Dans un second temps, il aurait aussi fallu multiplier les projets dès le départ pour s’assurer d’avoir quelque chose à proposer chaque année. Là où la Trinité était forcement le trio de démarrage absolu, on se demande en revanche ce qui a pris à DC de lancer les Teen Titans, même si Dan Didio rappelait qu’il ne voulait rien précipiter et entamer les projets quand il le pouvait. Dans le cas de ce dernier, on peut penser que Lemire était simplement dispo’ à ce moment là et jouer sur son ascension fulgurante à l’époque.
D’un point de vue créatif, on aurait pu espérer mieux – mais on y revient dans quelques instants. On peut comprendre le fait de vouloir prendre son temps car Didio pensait aussi en terme d’objet, avec une certaine volonté de présenter de beaux livres de collection. Soit. On sait ce qu’on dit des bonnes intentions. En soi peut-on vraiment reprocher à Didio et DC de s’être heurtés à la réalité des conditions de réalisation d’OGNs « à la chaîne » ? Oui. Parce que ce sont des éditeurs, ils sont censés connaître ça, tant pis pour eux.
La consolation pourra alors venir du côté des rentrées d’argent, car le pognon reste le nerf de la guerre dans le secteur des comics – qui n’est, rappelons le, qu’une vaste industrie qui veut vendre du papier. Blagues à part, pour « révolutionner » la façon de vendre des BDs, en passant directement au format album, il fallait s’attendre à une forte adhérence du public. Et ce qui est amusant quand on regarde le listing ci-dessous, c'est qu'on voit en effet que la curiosité (au bas mot) a piqué l’intérêt des lecteurs pour la venue du premier Superman Earth One.
Note : les chiffres retenus sont ceux enregistrés par Diamond Comics sur le mois de sortie de l'ouvrage concerné.
Pour la suite, les ventes suivent une pente descendante qui rappelle ce qu’on peut retrouver pour certaines ongoings. Il est facile d'annuler une série en cours pour fautes de ventes, la donne n’est pas la même pour un bouquin de 120 pages en préparation. Outre la lassitude de l’attente (deux à trois ans entre chaque tome), il faut reconnaître que ça n’a rien d’engageant. Surtout dans un marché où on a l’habitude de lire la suite des aventures de ses héros chaque mois. Avoir l’envie de changer les habitudes de lecteur, c’est bien, se donner les moyens de les réaliser, c’est mieux.
Mais ne soyons pas trop négatifs, car il faut mettre ces chiffres en perspective avec les ventes habituelles de TPBs, qui trônent généralement aux alentours des 3k exemplaires dans le mois de sortie, pour un album qui fonctionne bien. Cette donnée permet de voir que même les très faibles scores de Teen Titans peuvent paraître suffisant bien que l’investissement et le temps de production fassent relativiser aussi la chose.
Le score phénoménal de Superman : Earth One Vol. 1 démontre de l’intérêt que les lecteurs ont porté à cette initiative, mais on voit aussi à quel point l’espacement des sorties joue contre son camp. On en revient donc à ce problème de rythme, qui fait qu’on a du mal à considérer Earth One comme une véritable « série d’OGN ». Et je suis persuadé que beaucoup d’entre vous en viennent souvent à oublier son existence avant qu’une annonce soudaine ne vienne vous rappeler à elle.
Toujours est-il que : ça se vend pas trop mal, Teen Titans mis à part (en même temps, c’est aussi l’œuvre la plus faible du lot), mais si je vous parle d’un manque d’ambition pour Earth One, ce n’est pas seulement dans les moyens techniques de la mise en place de cette gamme, mais aussi dans son contenu. Quoi ? Comment ? Ce n’est pas assez créatif ? C’est un peu plus complexe que ça.
< Chapitre précédentAu départ, un beau projetChapitre suivant >Relaunches vs continuitéLes titres Earth One accusent plusieurs problèmes également du côté créatif et éditorial. Il n’est pas question de parler que de la qualité des œuvres (même si on s’accordera à dire que Wonder Woman par Morrison est largement au dessus des autres), mais de la difficulté à avoir les idées pour bosser sur ce genre de titre, et d'abord comment l’aborder du côté du lecteur.
Vers quel public se tourne vraiment cette collection ? Dan Didio nous dirait « à tout le monde » avec l’argument du récit auto-contenu. À vrai dire, les lecteurs aguerris pourront en effet s’amuser à remarquer les différences dans ce qui est proposé par rapport au canon habituel, mais le nouveaux n’auront pas droit à cette double lecture, et peut tout aussi bien prendre Earth One comme ce qu’ils considèreront la continuité principale (si tant est bien qu’ils aient déjà appréhendés le concept de continuité).
D’ailleurs à propos de continuité, une autre erreur serait de croire que « Earth One », en plus de la collection, implique que tout se passe sur la même planète. Oui, Multiversity a mis en place un guide du Multivers et y fait figurer cette planète en question. Mais à lire tous les titres parus, il n’y a aucun appel à d’autre héros dans un bouquin comme dans l’autre. Et on est même pas certains que les histoires se passent à la même époque, puisque Teen Titans fait écho d’un monde qui n’a jamais connu de super-héros adultes. Donc soit tout est bien déconnecté, soit les moyens de communications et médias sur Earth One sont très particuliers.
Si l’idée était de faire in fine un titre crossover Justice League : Earth One, ça va devenir très difficile de s’accorder sur les bouquins restant (spoiler : ça ne se fera de toute façon pas). En vrai, la continuité est absente parce qu’Earth One se destine surtout comme une collection d’essais sur les personnages DC, et qu’on les a regroupés sous un même titre parce que le concept « d’origines revisitées » s’applique à chaque fois. Mais la logique d’univers partagé est ici inexistante. Une autre impression d’ailleurs qui est donnée : les titres vont en vérité se limiter à des trilogies pour chaque personnage – ce qui est bien loin de l’image de « l’ongoing d’OGN » qui avait été vendue. Superman n’a pas droit, en tout cas pour le moment, à un volume 4, et Johns et Morrison ont tous deux parlé de leur troisième tome comme du dernier. Dfficile de développer quoi que ce soit dans un format limité ainsi.
Vient aussi la question de ces origines ré-imaginées, qui dans l’intention, est toujours louable. Encore faut-il avoir des idées. Et encore faut-il qu’elles soient bonnes. Ce qui est proposé au final dans les Earth One n’est pas non plus renversant, et on ne peut se contenter de mettre la femme/sœur d’un personnage bien connu dans le rôle dudit personnage pour crier au génie de suite. On peut imaginer aussi que certains auteurs seront plus à l’aise avec ce genre de concept, mais outre la différence du travail sur un OGN plutôt qu’uneongoing, l’affranchissement de la continuité de DC peut aussi être une source d’ennuis. Parce qu’un auteur peut très bien s’y sentir à l’aise, ou n’a pas envie de chercher à faire de fausses inventions ; et que d’être dans le canon, ça permet de piocher à foison dans de multiples personnages disponibles, sans besoin d’établir quoique ce soit. Jeff Lemire expliquait son choix pour Teen Titans de mettre une équipe sans sidekick (pas de Robin ou de Kid Flash) puisqu’il ne pouvait pas parler des sidekicks sans aborder leurs mentors, et ainsi de suite. On comprendra alors d’une part que les auteurs n’ont pas forcément envie de s’éloigner d’une certaine zone de confort malgré l’attrait prestigieux de se réapproprier des personnages dès leurs débuts. Ou que DC est aussi très frileux et ne veut pas mettre n’importe qui sur ses personnages, dans cette optique là.
Mais le vrai problème d’Earth One ne se situe pas dans la gamme elle même, mais dans ce qu’a fait DC Comics tout autour ces dernières années ; en 2010, le projet semblait avoir du sens. L’éditeur avait un univers qui n’avait pas connu de reboot depuis 25 ans avec Crisis on Infinite Earths et croulait sous le poids d’une continuité imposante. L’idée de faire de nouvelles origines, modernes, semblait être une bonne idée alors pour attirer du nouveau lectorat, ou pour simplement se faire une petite cure de jeunisme. Sauf qu’un an après, l’univers DC est rebooté/relaunché. Encore quatre ans après s’opère un soft-relaunch. Et enfin, une remise à plat totale, Rebirth, débarque l’année suivante. Au rythme de 3 initiatives éditoriales de la sorte en cinq ans, quelle place pouvait donc bien occuper Earth One ? Comment ne pas s’y perdre alors, puisque beaucoup ne se sont pas privés de refaire aussi de grandes fresques d’origine, ne serait-ce qu’en opposant Batman : Earth One au Zero Year de Snyder ? Chose amusante d’ailleurs, parce que ce n’est pas la première fois, ni la dernière, qu’on voit que les projets de Snyder et Johns s’opposent (j’vous en reparlerai, une autre fois).
Et si Earth One n’était perdue qu’au milieu de trois relaunches, ça pourrait encore passer. Mais à côté de ça DC Comics a publié ces derniers temps une quantité de récits d’origines « modernes » qui auraient tout aussi bien pu correspondre à ce format, si ce n’est qu’elles respectent plus la continuité générale sans pour autant s’y inscrire. Ainsi Max Landis nous a proposé Superman : American Alien, Wonder Woman a eu The True Amazon de Jill Thompson – et on peut aussi compter le Legend of Wonder Woman de Renae De Liz. La ligne Earth One se voit donc concurrencée dans son propos mais aussi dans ses formats de publication. Difficile pour le lecteur de savoir quelle devrait alors être la bonne « origine revisitée pour un public du XXIe siècle » alors que chaque année voit arriver sa nouvelle origin story, en OGN ou dans les publications mensuelles de l’éditeur. On s’étonnera donc moins de voir Earth One disparaître régulièrement des projecteurs pour revenir, par intermittence, rappeler qu’elle existe. On peut tout autant se demander pourquoi DC souhaite maintenir ce label au lieu de simplement proposer des OGN séparés, sans trop planifier à l’avance, dans des collections d’auteur qui correspondraient déjà plus à ce que la gamme propose réellement.
La ligne Earth One s’apparente donc plus à un melting pot d’histoires qui ne vont pas se croiser, et ce sera au lecteur de piocher parmi la maigre sélection. Non pas que les récits ne soient pas de qualité (ils le sont pour la plupart), mais le « gâchis » dans le titre se voit à la mesure de ce qui avait été annoncé à la base.
Earth One souffre d’un manque de moyens, d’un manque de soutien, et ses enjeux sont étouffés par ceux, bien plus importants, du marché des singles, qui n’aura pas été détrôné. Et qu'en 2017, la direction de DC, c'est de faire du Dark Multiverse et de lorgner du côté des Watchmen.
Qu’attendre alors de la suite ? Simplement de bonnes histoires qui viendront quand elles le voudront – la clé étant de plus avoir trop d’attentes. On est sans nouvelles du Batman : Earth One Vol. 3 de Johns, mais on sait qu’il viendra (admettons, d’ici 2-3 ans sachant que Doomsday Clock est sa priorité). On sait que Wonder Woman : Earth One Vol. 2 arrive aussi, et il pourrait être là dès 2019 puisque Yanick Paquette semble être déjà à l'œuvre dessus. Et pour l’année prochaine, on sait que le Green Lantern de Gabriel Hardman s’offrira à nous, et vu le talent du bonhomme, c’est déjà une raison de se réjouir. Quant à Flash ou Aquaman, on retiendra la meilleure leçon que nous a appris Earth One au fil des années : patience est mère de sûreté.
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Annoncée fin 2009 pour une sortie en 2010, soit un an avant le reboot/relaunch des New 52, la série de romans graphiques (original graphic novels) Earth One a pour but de proposer de nouvelles origines, modernisées, au lectorat du XXIe siècle par le biais d’une entreprise qualifiée d’inédite. Pas de mini ou maxi-série rééditée par la suite en album, mais la publication directement en librairie d’une série de graphic novels. Un pari audacieux pour l’éditeur car les ventes seraient forcément moins importantes que par la voie sacrée du single/réédition TPB avec un combo incentive variant cover Hip-Hop pour se mettre bien.
Mais DC fait appel à un fort argument de vente dans ses équipes créatives. Lorsque la gamme Earth One est annoncée, Superman et Batman sont en toute logique les premiers personnages à bénéficier de cet honneur. J. Michael Straczynski et Shane Davis pour l’Homme d’Acier ; Geoff Johns et Gary Frank pour le Chevalier Noir. Par la suite se rajouteront Jeff Lemire (Teen Titans) et Grant Morrison (Wonder Woman), et chacun conviendra qu’il n’y a pas de quoi se plaindre.
C’est le chef de DC de l’époque (toujours en place), Dan Didio, qui explique sa vision ambitieuse pour Earth One. Il souhaite produire un ensemble d’ongoings de graphic novels et en fait une envie de se rapprocher d’un système de publications d’albums à la franco-belge – avec un rythme soutenu au vu du nombre de pages qui dépasse le format de 48 pages standard par chez nous. Le but est de sortir deux ouvrages de cette collection par an. En 2010, cette initiative vient aussi d'une envie de dynamiser le marché du TPB face aux lecteurs qui pratiquent le trade-waiting sur les ongoings des éditeurs – c’est-à-dire, le fait d’attendre directement la sortie des réliés des séries que l’on suit. Certains parient même que la publication directement en format d’album pourrait être la nouvelle donne dans le domaine des comics – et vous aurez certainement un sourire ironique en lisant cette dernière phrase aujourd'hui.
Du côté créatif, l'objectif est de se démarquer du reste de la continuité DC Comics – qui à l'époque, est encore la « classique » qui n’a pas connu les joies des New 52. Des idées nouvelles pour des origines innovantes qui seraient abordables pour les nouveaux lecteurs comme les plus aguerris. Comme ça, même en étant un fan absolu de Batman, le lecteur pourra trouver des surprises et se placer en terre inconnue. Quant au nouvel arrivant, il aura droit à une porte d’entrée avec un récit auto-contenu.
BIEN. Ça fait une présentation un peu coporate talk alors on va regarder si les promesses des annonces ont été tenues (spoiler : non) et dans quelle mesure Earth One a pu vivre à la hauteur de ses ambitions de départ.
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