En début de semaine, Mark Millar a créé l'événement avec Netflix en annonçant le rachat de sa société, Millarworld, par la plateforme de streaming qui s'ouvre les portes de nombreuses œuvres à adapter. Avec des concurrents directs qui sont maintenant Marvel Studios, Warner Bros., la Fox et Sony, la société de Reed Hastings a cependant les moyens d'entrer dans la guerre super-héroïque avec quelques arguments dans son sac.
Avec ses nombreux formats (films, séries, animation), Netflix a clairement l'embarras du choix pour porter à l'écran les différentes séries engendrées par l'auteur écossais. L'occasion ou jamais pour nous, avant les annonces officielles, de fantasmer le futur du Millarworld sur les écrans connectés au net.
Mark Millar aime jouer avec les codes super-héroiques et les figures emblématiques d'une industrie riche d'une longue histoire. C'est donc en voulant s'amuser avec les affinités des lecteurs de DC Comics que l'écossais lance en mai 2010 avec Steve McNiven, Nemesis. Toujours grande gueule, le scénariste a d'ailleurs présenté le concept par deux punchlines bien efficaces : "Et si Batman était le Joker" ou - ma préférée - "Et si Batman était un trou du cul ?".
Malheureusement, la série qui s'est finalement terminée en quatre numéros n'atteint clairement pas les promesses de ce bon vieux Mark, qui avait d'ailleurs annoncé en 2012 une suite (Nemesis 2, tout simplement) pour corriger le tir. Elle est finalement restée dans les limbes du comic-book, ou dans un entrepôt avec tous les projets abandonnés du gaillard. Clairement, la série n'a rien d'incroyable mais avec ce pitch assez extrême et alléchant, il faut avouer que le potentiel d'une adaptation est assez fou. Évidemment, Mark Millar y avait pensé avant nous puisque le projet était sur pattes depuis 2010 chez la Fox avant d'être repris en 2015 par Warner Bros., qui n'a pas donné de mise à jour depuis.
Mark Millar n'a jamais cherché bien loin les concepts de ses séries et son talent vient probablement de sa facilité à retravailler un concept bien connu pour le moderniser et l'ancrer dans notre société actuelle avec des héros plus humains, et moins caricaturaux que les porteurs de costumes de Marvel ou DC Comics, qui sont souvent l'incarnation d'une valeur morale. Série éditée sous le label Icons de Marvel entre 2010 et 2012 avec les dessins de Leinil Francis Yu, Superior s'est notamment inspiré de Superman mais aussi (et surtout) de ce bon vieux Shazam.
En effet, le comic-book se focalise sur l'histoire du jeune Simon Pooni, qui a tout pour réussir alors qu'il est déjà reconnu pour être un basketteur en herbe au futur prometteur. Malheureusement pour notre ami, le destin va s'en mêler et alors qu'il est atteint de sclérose en plaques, il doit dire adieu à ses rêves. C'est alors qu'apparaît un singe extra-terrestre qui va offrir la possibilité au jeune Simon de devenir le héros de ses rêves, Superior. Mais évidemment, tout a un prix et il va rapidement le découvrir...
Probablement l'un des projets les plus ambitieux et les plus longs à avoir vu le jour dans le Millarworld, Jupiter's Legacy est une série de comic-book qui s'est étendue sur deux volumes de cinq numéros et par le biais d'une préquelle, Jupiter's Circle - de la même longueur. Incroyablement dense, l'œuvre est un terrain d'expression pour l'auteur écossais qui aborde ici beaucoup de thèmes à travers un conflit générationnel au sein d'une famille de super-héros. En effet, avec cette univers, et appuyé par l'incroyable talent de Frank Quitely (et Wilfredo Torres pour Circle), Mark Millar réussit à brasser énormément de questionnements et de réflexions sur notre société, mais pas que...
En effet, à première vue une simple histoire familiale, Jupiter's Legacy est l'occasion de retracer l'histoire du comic-book avec des héros de l'ancienne génération, représentatifs de l'idéologie du Golden Age et des valeurs morales fortes et arrêtées, alors que la jeune génération, à l'image de l'âge moderne des comics, est beaucoup plus ancrée sur les problèmes de notre époque, notamment l'individualisme grandissant, ironiquement, avec internet. Clairement, le capitalisme en prend aussi pour son grade dans la série qui permet finalement d'introduire un nombre incroyable de concepts qui méritent d'être étayés pour former l'une des meilleures œuvres du Millarworld.
Contrairement aux deux premières œuvres du bonhomme citées ici, Jupiter's Legacy est clairement le candidat de choix pour étaler sa longue intrigue avec un format de série TV, qui pourrait d'ailleurs s'approcher du rythme de publication du comic-book en proposant une saison sur une dizaine d'épisodes de 50 minutes. Avec son nombre de personnages importants, son intrigue qui s'étale sur plusieurs époques et les thèmes qui sont abordés dans son développement, c'est clairement une évidence que n'a pas saisi le producteur Lorenzo Di Bonaventura, qui avait annoncé gérer la production d'un film, l'année dernière.
D'autant plus qu'avec, Jupiter's Circle, Mark Millar offre sur un plateau d'argent une série spin-off à Legacy, qui à la manière de la publication papier, pourrait jouer avec le lecteur en proposant une intrigue construite sur deux époques et avec deux tons différents.
Débarquée dans notre galaxie en 2014, Starlight est une série d'aventure et de science-fiction du Millarworld qui puise clairement ses inspirations dans les plus grandes œuvres cinématographiques du genre dont évidemment Flash Gordon mais aussi Star Wars. Dessinée brillamment par le talentueux Goran Parlov, la série raconte l'histoire de Duke McQueen, un retraité qui se retrouve seul face à lui-même après le décès de sa femme. Mais avant d'avoir une vie bien rangée, le bonhomme s'est retrouvé pris dans un conflit lors de ses jeunes années et a utilisé ses compétences de pilote pour libérer la planète Tantale.
Si personne ne le croit, Duke va être confronté à son passé par la force des choses alors qu'il est ramené sur la fameuse planète, qui a encore besoin de ses services. Mark Millar offrait ici un récit encore une fois assez fort qui permettait une réinterprétation plutôt originale du mythe du héros, ici totalement inversé, avec un personnage en fin de parcours au début de l'œuvre, qui va redevenir un héros et un libérateur.
Série qui avait énormément fait parler d'elle à sa sortie grâce à l'artiste avec lequel s'est allié Mark Millar pour la réaliser, Sean Gordon Murphy, Chrononauts est l'une des dernières productions du Millarworld est probablement celle dont l'attractivité au grand écran est la plus évidente.
Publiée en quatre chapitres, le comic-book fonctionnait autour de la formule hautement efficace du buddy-movie dans lequel l'équipe composée de Corbin Quinn et Danny Reilly réussit à mettre en place un moyen de voyager dans le temps (qui permettra de glisser rapidement quelques belles références à Retour vers le Futur) qui ouvre les portes d'une aventure complètement décomplexée et incroyablement nerveuse. Notamment à cause de son faible nombre d'issues. Pour autant, Chrononauts est un titre complètement barré qui mérite clairement sa place dans le Millarworld, et qui permet de constater une nouvelle fois l'amour de Sean Murphy pour tout ce qui a un moteur et des roues.
Clairement, ce projet serait le plus ambitieux à mettre sur pied, de part son univers développé sur plusieurs époques (et ses bagnoles) masi aussi avec les noms qui tournent autour du projet et en particulier celui de Chris Morgan, producteur bien connu pour avoir dépensé ses deniers dans une des licences les plus lucratives du grand écran, Fast & Furious. Contrairement aux autres projets d'adaptations du Millarworld, celui-ci est le plus récent et il n'est donc pas impossible que le long-métrage soit encore en développement puisqu'un réalisateur a été annoncé il y a quelques semaines, alors que Mark Millar était déjà en pourparlers avec Netflix.
De part son caractère assez engageant et très grand public, Chrononauts pourrait d'ailleurs et sans surprise être le fer de lance du Millarworld et l'un des premiers films à voir le jour dans ce nouveau deal qui lie l'auteur écossais à la société de diffusion de contenu.
Reborn est la plus récente des créations de Mark Millar et du Millarworld. Et il combine aux moins deux idées qui fascinent les auteurs depuis la nuit des temps. La première correspond à l'envie de créer une univers complet. Et l'artiste écossais s'en est ici donné à cœur joie en inventant tout un nouveau territoire à explorer, l'ensemble baignant dans un mélange de Fantasy et de science-fiction à l'européenne.
La deuxième idée fascinante n'est autre que l'invention d'une vie après la mort. On en rêve tous, et bien Mark Millar nous a donné sa vision des choses avec Reborn, non sans un certain humour, puisque tout notre entourage, y compris les animaux domestiques reviennent dans ce royaume sous des formes parfois très amusantes - on vous laisse découvrir comment en lisant le bouquin, qui devrait sortir bientôt chez Panini Comics en France, et qui est déjà disponible chez Image Comics.
Ajoutez à cela les dessins de Greg Capullo et vous obtenez une lecture plus que divertissante, qui manque toutefois de concentration et se perd dans des petits détails, aussi amusant soient-ils. Mais qui sait, une adaptation pourrait résoudre ce problème.
Techniquement, une adaptation live de Reborn semble bien complexe à gérer étant donnés les genres que l'œuvre de Millar convoque et les designs assez dingues imaginés par Greg Capullo. Une adaptation animée sous la forme d'une série télévisée semble donc plus plausible, d'autant que le format feuilletonant permettrait à Netflix d'explorer un peu plus l'univers parfois trop vite survolé par Millar. Et puis, la puissance du concept, à savoir une vie de Fantasy après la mort, donnera sans doute de belles idées aux scénaristes impliqués. Ne reste plus qu'à trouver un joli studio d'animation, en somme !
Malgré tout, on ne peut s'empêcher d'imaginer une série live. Elle aurait le même avantage du côté du feuilletonant, tout en étant peut-être plus alléchante pour le (très) grand public. Si Netflix est prêt à mettre les moyens, Reborn pourrait en effet faire office de Game of Thrones plus turbo-débile !
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Malheureusement, la série qui s'est finalement terminée en quatre numéros n'atteint clairement pas les promesses de ce bon vieux Mark, qui avait d'ailleurs annoncé en 2012 une suite (Nemesis 2, tout simplement) pour corriger le tir. Elle est finalement restée dans les limbes du comic-book, ou dans un entrepôt avec tous les projets abandonnés du gaillard. Clairement, la série n'a rien d'incroyable mais avec ce pitch assez extrême et alléchant, il faut avouer que le potentiel d'une adaptation est assez fou. Évidemment, Mark Millar y avait pensé avant nous puisque le projet était sur pattes depuis 2010 chez la Fox avant d'être repris en 2015 par Warner Bros., qui n'a pas donné de mise à jour depuis.