9 Novembre 1989 : après 28 ans à diviser Berlin, et le reste du monde, le « Mur de la honte » finit par céder sous la pression des manifestants et d’une nouvelle génération qui refuse le statu quo imposé par la Guerre Froide. Mais personne ne se doute que se trame à Berlin même un jeu d’espions qui pourrait mettre en péril le sort de nombreux agents secrets, et des nations qu’ils représentent. Quelques jours plus tard en Angleterre, l’agent du MI6 Lorraine Broughton débriefe auprès de ses supérieurs sa mission qui a mal tourné.
Avant que Charlize Theron ne tienne l’affiche du nouveau film de David Leitch, l’Atomic Blonde Lorraine Broughton était créée sur le papier en 2012, chez Oni Press, par Antony Johnston (Wasteland) et Sam Hart (Judge Dredd). Mais même si les bases du scénario sont les mêmes que celles de son adaptation cinématographique, ne vous attendez pas à y retrouver quoi que ce soit d’atomique, ni de blonde d’ailleurs.
Agent émérite du MI6, Lorraine Broughton n’en demeure pas moins hors de son élément lorsqu’elle est envoyée en mission à Berlin Ouest, ville qu’elle ne connait pas, et dont elle ne parle pas la langue. Mais un agent local a été tué, alors qu’il devait récupérer une liste sensible d’un agent de la Stasi sur le point de changer de bord. Quant au partenaire de Gascoine, l’agent décédé, rien ne dit qu’on peut lui faire confiance.
Un ensemble de raisons suffisantes pour envoyer Broughton dans une ville infestée d’agents de tous bords, dans laquelle elle se retrouve confrontée aux faux semblants qu’implique sa profession. Dans l’ensemble, Antony Johnston nous fournit un bon point de départ pour une histoire d’espionnage classique mais efficace, où il n’y a nul besoin d’action et de rebondissements en tout genre pour donner de l’intérêt à l’intrigue. Une histoire dans laquelle les combats ne sont pas légions, et où la barrière des langues est réelle. Ainsi, plongée dans Berlin, Broughton est entourée de gens qui ne parlent pas sa langue et qu’elle ne comprend pas forcément, tout comme nous qui n’avons pas de traduction pour nous y retrouver.
Un rendu probablement plus proche du métier dans une époque pré-Internet et gadgets ultra-perfectionnés, qui trouve sa saveur et sa tension dans le storytelling, entrecoupé des scènes d’interrogatoires, puisque tout nous est raconté par l’agent Broughton lors de son débrief avec ses supérieurs. Un procédé qui permet à l’auteur de montrer ce qu’il veut quand il veut, à l’instar de son personnage, pour garder ses secrets sous le coude, et ainsi de mieux apprécier le défilement d’une histoire bien moins funky que ce qu’on pourrait attendre d’un nid d’espions.
Au dessin, Sam Hart offre un style minimaliste en noir et blanc, usant notamment de nombreux aplats de noirs et du contraste qu’il en obtient, faisant jouer certaines scènes entièrement sur des silhouettes, sans détail. Un style qui fonctionne bien avec la thématique, mais qui a ses limites quand on peine parfois à différencier les différents personnages les uns des autres.
Au final, The Coldest City s’avère être une histoire d’espionnage à l’ancienne plutôt efficace pour le grand public, mais qui souffre globalement de ne pas être plus longue, et surtout d’un manque d’originalité qui peinera probablement à convaincre les plus aguerris au genre.