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Punisher Platoon #1, la review

Punisher Platoon #1, la review

ReviewMarvel
On a aimé• La légèreté du trait de Goran Parlov
• Un récit sobre bien exécuté
• Le soldat américain selon Garth Ennis
On a moins aimé• Plus pour les fans de l'auteur que du personnage
Notre note

Comme tout auteur au style marqué, on sait ce qu'on attend quand on lit du Garth Ennis. Le scénariste a son style, ses tics, ses thèmes de prédilection, et c'est sans se cacher que le bonhomme récupère Frank Castle pour servir un de ce ses genres préférés : la guerre. Si Ennis est au Punisher ce que Frank Miller a été à Daredevil, ne vous attendez pas à retrouver le briseurs de cartels fanatique de café allongé sans fioritures de certains volumes précédents. Parce que Garth Ennis a beau être un auteur irlandais, son Frank Castle, lui, est américain.


C'est donc avec cette fascination pour la nation étoilée, son obsession pour le héros taiseux et bon à la John Wayne que l'auteur s'empare du personnage pour raconter ses origines sur les champs de batailles vietnamiens. Ici le Punisher n'a pas eu son origine réactualisée pour coller aux différentes Guerres du Golfe, c'est un héros dans un décor d'Oliver Stone, un soldat valeureux dans une guerre pessimiste. Le numéro est écrit avec beaucoup de sobriété, comme la plupart de ses récits de guerre, et on sent un certain respect pour les hommes qui ont trimé sur le terrain, plus que pour un propos idéologique sur la guerre elle-même. 
 
Le numéro raconte a posteriori comment un auteur (en quelque sorte, Garth Ennis qui se met lui-même en scène dans les cases) veut comprendre l'histoire du Punisher depuis ses origines. Le personnage en lui-même est donc traité comme le héros d'une biographie qui s'écrit à mesure que les vétérans qui l'ont côtoyé partagent leur récit, et la distance prise sur Castle est donc plutôt intéressante. On n'est pas ici devant ce qu'avait pu faire le scénariste quand il lui a fallu expliquer la moralité ambiguë du justicier, il n'est ici qu'un personnage qui s'apprête à vivre son premier traumatisme martial, et revenir en Amérique déjà un peu plus transformé.
 

 
En ça le numéro est efficace, sobrement raconté et se lit avec plaisir. Attention cependant, la retenue d'Ennis n'amène pas le côté défouloir ou polar de certains de ses autres travaux, on le conseillera plutôt aux fans du scénariste sur ce genre de boulots historiques et martiaux, qui en général ont tendance à se ressembler. Assorti aux dessins de Goran Parlov, certaines cases prennent presque une touche poétique, ou de BD à l'européenne. L'artiste est très très fort, dans sa capacité à rendre vivant ses personnages en quelques coups de crayons, et le décor du Vietnam d'une simplicité agréable à l'oeil.
 
C'est d'ailleurs le constat général : un bon numéro qui s'accorde bien avec l'oeuvre de Garth Ennis sur le personnage en général, et ne fait pas doublon avec certaines autres origin stories. Sans être renversante, la série devrait se lire avec plaisir comme un bon récit de guerre où l'auteur déroule tout ce qu'il aime. Son propos sur l'humanité qui se terre au cœur des treillis et au bout des gâchettes de fusils automatiques, sa vision de Castle en homme droit et juste dont le sens commun sera fauché par l'horreur des combats et le contact permanent avec la violence, l'idée de récit dans le récit et un réalisme sans emballage qui ne transforme pas l'horreur de la guerre en foyers à stress post-traumatiques.
 

 
Le seul reproche que l'on puisse faire est que la série n'ira sans doute pas plus loin. On a déjà eu suffisamment d'histoires racontant la dérive du Punisher, il faudra plutôt voir celle-ci comme un cadeau fait à Garth Ennis pour continuer son long chemin de petits soldats. A ne pas forcément conseiller aux amoureux d'un Castle défouraillant du vilain, ou remontant la piste de criminels tortueux, et plus compartimenté dans l'idée d'une bonne série qui fera le job sans bouleverser tout ce qu'on sait ou pense du héros au M16.
 
Punisher : the Platoon #1 est donc un bon moment de lecture, loin d'être cependant une sortie majeure de ce mois très chargé. On en attendait un Garth Ennis efficace qui renoue avec ce qu'il aime, et le contrat est rempli, ni plus ni moins. Pour les amoureux du genre et pour le trait de Goran Parlov, la série faut largement le prix que vous pouriez y investir, si la qualité suit sur les prochains numéros.
Corentin
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