La
New York Comic Con vient de fermer ses portes après quatre jours d'annonces qui nous ont permis de dormir peu mais surtout de faire le plein de nouveautés du côté des éditeurs de comic-books et mettre le doigt sur les tendances des prochains mois et les événements qu'il faudra surveiller pour tous les amateurs de super-héros. Si l'autre convention à ne pas manquer aux USA se déroule au début de l'été à San Diego en étant le terrain parfait des annonces liées au cinéma, celle de New York se concentre principalement sur les sorties papier.
Juste après la rentrée, les yeux sont alors tournés sur toute l'industrie qui devra prouver au monde ce qu'elle a dans le ventre. Et si j'écris ces lignes aujourd'hui, c'est pour faire un focus sur la Maison des Idées, qui rend malheureusement l'une de ses pires copies de ces dernières années. Évidemment, des annonces fortes sont toujours le signe d'une santé éditoriale saine et si l'éditeur historique a beaucoup d'actualité en ce moment avec Marvel Legacy, il faut avouer qu'il est difficile d'être serein quant à l'avenir proche de ses séries.
Tout est affaire de communication et d'image à la
New York Comic Con et
Marvel a d'ailleurs commencé cette édition dans la douleur avec une première rencontre qui a été organisée entre les revendeurs et
Tom Brevoort,
Nick Lowe (tous deux éditeurs),
Charles Soule mais aussi le vice président des ventes,
David Gabriel. Après une séance de questions/réponses, la foule a commencé à s'échauffer concernant la renumérotation des titres pour Legacy qui avait créé un beau bordel dans les commandes, tout comme les couvertures lenticulaires, dont la distribution avait aussi provoqué un tollé. Rapidement les voix se sont levées et le débat a dérivé à propos de la représentation des personnages historiques de
Marvel ayant changé de genre (comme
Thor) ou de couleur de peau (comme
Captain America avec
Falcon). Évidemment, tout cela a créé un vive foire d'empoigne qui montre l'omniprésence des tensions idéologiques aux USA actuellement. Si cette cacophonie n'a pas donné lieu à des débordements autres que verbaux (avec des termes assez intolérables tout de même), ce n'était que le premier coup d'un
bad buzz qui a suivi l'éditeur tout le weekend.
En effet, dès le lendemain, Marvel s'est vu être au centre d'une autre polémique. En effet, il n'est pas rare que les éditeurs de comics s'offrent des partenariats avec entreprises tierces pour proposer des formats de communication papiers, qui profitent évidemment de la popularité de nos chers héros en collant - on pense notamment à
DC Comics et
KFC. La Maison des Idées devait donc profiter de l'événement pour présenter un
deal avec
Northrop Grumman par le biais d'un
comic-book mettant en avant les technologies de l'entreprise tout en impliquant
Tony Stark et d'autres Vengeurs. Sans surprises, les dents se sont mises à grincer dès cette annonce puisque l'entreprise est la cinquième mondiale dans la fabrication d'armes, notamment de missiles.
En plein cœur de vifs débats sur la vente d'armes après le massacre de
Las Vegas, Marvel s'est donc retrouvé devant une armée de boucliers venant de lecteurs en colère, qui ont vu, et à raison, une ingérence claire de l'éditeur en voulant faire de la propagande détournée pour une entreprise qui fait le plus gros de son chiffre d'affaire sur la guerre. Rapidement,
Marvel a donc réagi en annulant purement et simplement le panel des deux entreprises mais aussi le
comic-book écrit par
Fabian Nicieza.
À tout cela, il faut d'ailleurs ajouter
la disparition de The Punisher, qui devait dévoiler sa date de diffusion (visiblement prévue pour le 13 octobre) mais qui a préféré éviter toute communication, repoussant même le lancement de la série à une date ultérieure, principalement pour ne pas débarquer comme un pet pendant que les américains s'arrachent les cheveux sur le sujet de la distribution des armes dans leurs frontières (Frank Castle n'étant pas le dernier sur l'arsenal).
Toutes ces polémiques, du fait de l'éditeur ou non, ont donc participé à véhiculer une image assez terne de Marvel. Et évidemment, si elles sont importantes à mettre en exergue, c'est qu'elles ont presque fait office de seule communication sur place puisque la Maison des Idées n'avait finalement pas grand chose à annoncer non plus pour ses lecteurs.
Nous n'avons eu de cesse de le répéter ces derniers mois, Marvel Legacy est un non-événement de la maison d'édition qui a annoncé un relaunch sans véritable préparation éditoriale et émulation créative de la part de ses artistes star, qui commencent à disparaître comme neige au soleil. En effet, l'éditeur pensait pouvoir se reposer sur sa "révolution" éditoriale, un retour à des thèmes, des arcs et des personnages historiques, et jouer sur le vent de nouveauté qui l'entourait pour traverser cette convention.
C'était malheureusement sans compter sur un
DC Comics, plus conscient que jamais de sa position de force, allant même, grâce à
Dark Nights : Metal, jusqu'à marcher en totale opposition de Marvel avec son
New Age of DC Heroes (ancien
Dark Matter). Le titre sonne évidemment comme une carresse envers la concurrence qui a les yeux tournés vers le passé, là où DC Comics regarde devant. À croire que les exécutifs de la Maison des Idées n'ont même pas regardé
Luke Cage et on déjà oublié la seule leçon à retenir de la série
Netflix :
"Always forward."
En face, Marvel a une nouvelle fois démontré sa dépendance à sa branche cinéma en annonçant seulement
un titre sur Black Panther, tout de même alléchant, mais qui sent trop l'arrivée du film de
Ryan Coogler (en février 2018) ainsi qu'un
titre Rogue & Gambit, alors que le métrage sur
Remy Lebeau fait actuellement reparler de lui, et un comicbook
Legion, dont la deuxième saison arrivera aussi en 2018. Des annonces donc finalement pas très pertinentes qui semblent démontrer du manque d'ambition éditorial de Marvel.
Triste, mais finalement pas plus que les seules autres annonces que nous avons pu grapiller comme
une série Weapon H, très peu engageante étant donné le peu d'intérêt qu'il existe pour le personnage qui sent déjà le concept bien étiré chez l'éditeur mais aussi
le crossover Poison X entre les titres
X-Men (qui peinent à trouver un public) et
Venom, qui n'arrêtera jamais de déchaîner les passions, en témoigne l'incroyable score, dans
les ventes comics du mois de septembre de
Venomverse #1, qui cartonne malgré la piètre qualité de ce crossover.
Marvel était donc le triste absent de cette convention et a dû essuyer de plein fouet des controverses qui ont malheureusement pris le pas sur la communication très légère de l'éditeur autour du futur de ses titres, déjà pas très engageant après le début d'un Marvel Legacy qui s'est révélé être un pétard mouillé (malgré des qualités à gratter), encore plus face à un DC Comics en forme qui a profité de la faiblesse apparente de son principal concurrent pour proposer une tétra-tonnes d'annonces. Pour poursuivre notre analyse, je vous invite d'ailleurs demain sur COMICSBLOG.fr puisque nous vous proposerons un podcast récap' de l'événement qui s'est tenu tout le weekend !