Assez ironiquement, nous terminons notre semaine consacrée à la Justice League avec le héros le plus rapide de l'équipe, qui arrive cependant en dernière place dans notre planning chargé. S'il a toujours été membre de la Justice League, c'est parce que Flash est finalement plus qu'un héros rapide, plus qu'un policier scientifique obsédé par le décès de sa mère. Le personnage a connu plusieurs itérations mais son pouvoir, puisant dans la Speed Force, ne cessera de servir de source à l'extension des frontières de son univers.
Commençons avec un petit point pour ceux qui ne seraient pas trop familiers avec le héros. Ici, nous nous focaliserons sur Barry Allen, version que le cinéma a retenue pour le DCEU. Tout petit, Barry va donc être témoin du meurtre de sa mère par l'un des ses plus grands ennemis, le Professor Zoom, capable de voyager à travers les époques grâce à des capacités similaires à celles de Flash. Malheureusement, c'est son père, Henry, qui va être accusé du meurtre, faute de preuves tangibles de l'implication du vilain. Barry va donc dédier sa vie à trouver un moyen de laver l'honneur de son père en travaillant pour la police criminelle en tant que scientifique. Il est alors touché par un éclair dans son laboratoire et découvre qu'il est capable de filer comme le vent (en plus d'une régénération et des réflexes améliorés, parmi d'autres...). L'opportunité ou jamais d'aider les habitants de Central City, de pouvoir innocenter son père et pourquoi pas sauver sa mère... Mais nous y reviendrons.
Barry n'est pas le seul porteur du costume et non plus le premier puisqu'il est historiquement précédé de Jay Garrick, personnage notamment connu pour avoir un genre de poêle sur la tête. Plus rapide qu'Usain Bolt pour sauver les faibles et les opprimés, ce bon vieux Jay n'est pourtant pas toujours lié à l'univers principal de DC Comics puisqu'il est rapidement présenté comme un héros de comics, dont Barry dévore les aventures et qui va l'inspirer dans sa propre quête. Pourtant, Gardner Fox va utiliser cet élément en 1961 en brisant une première fois les frontières de DC Comics avec Flash of Two Worlds, ouvrant la boîte de Pandore des histoires aux plusieurs univers qui vont suivre.
Dans cet arc qui débute dans les pages de The Flash #123, Barry se voit projeter sur ce qui est appelé Earth-2 et rencontre en chair et en os Jay Garrick. Cette aventure qui est pensée à la base comme un clin d'œil du Silver Age au Golden Age va pourtant fondamentalement bouleverser la vision globale des mondes de l'éditeur. En effet, le multivers DC vient d'ouvrir ses portes, ce qui posera évidemment la première pierre d'un futur parsemé de crises, à commencer par Crisis on Infinite Earths en 1985, qui signera malheureusement la mort de notre cher Barry Allen. S'il revient s'offrir quelques passages ici et là, le héros restera mort pendant 23 ans pour finalement seulement réapparaître en 2008, grâce à Grant Morrison et son Final Crisis, qui ne lui réservait pas un accueil beaucoup plus chaleureux.
Mais ce n'est pas la seule révolution à laquelle est attachée Barry, porteur du costume le plus influent, et il est notamment pointé du doigt comme le créateur de la Speed Force un an plus tard pour son véritable retour dans The Flash : Rebirth signé par Geoff Johns, qui nous offrira dès mercredi le nouvel acte de son épopée dans l'univers DC Comics, Doomsday Clock. Ironiquement, la Speed Force qui puise ses origines dans des concepts scientifiques comme la manipulation moléculaire sera souvent décrite de manière très spirituelle. Si Barry Allen meurt pendant 23 ans, son "âme" reste pourtant liée à la Force Véloce, tel un Viking ayant rejoint le Valhalla.
Et puisque nous parlons de Geoff Johns, évoquons le cas Flashpoint qui se contruit autour du désir de Barry à vouloir sauver sa mère, sans mesurer la conséquence de ses actes. En effet, le héros va se retrouver au centre de la dernière intrigue massive qui bouleversera une nouvelle fois DC Comics avec, à la clé, le relaunch des New 52 et l'arrivée d'un nouveau statu-quo qui fait table rase du passé, avec un retour à cinq ans plus tôt pour tout le monde. Mais avant cela, Barry se réveille dans une timeline altérée dans laquelle sa mère est encore en vie. Il conserve toujours ses souvenirs de son ancienne vie et comprend que quelque chose cloche. Sans entrer dans les détails, cette nouvelle timeline a finalement été créée par Barry alors qu'il poursuivait Zoom à travers le temps afin de l'empêcher de tuer sa mère. C'est en voulant corriger son erreur (et malgré lui ?) que l'univers des New 52 va s'installer.
Une œuvre majeure pour le personnage qui est aujourd'hui dans le viseur de Warner Bros. pour livrer enfin la première aventure du héros sur les écrans. Facile encore une fois de saisir l'ironie quand on sait que l'arc a permis à DC Comics de mettre sous le tapis une continuité encombrante, à l'heure où Warner Bros. aurait bien besoin de passer un petit coup de balai sur son jeune DCEU, toujours compliqué à bâtir après la sortie de Justice League.
Un autre Flash a joué un rôle majeur récemment avec le numéro DC Universe Rebirth #1, Wally West. Dans ce numéro hommage à DC Universe #0 et au retour de Barry avant Final Crisis, c'est l'ancien sidekick de Barry qui réussit à son tour à s'extirper de la Speed Force pour finalement donner naissance au Rebirth, réinstaurant la continuité pré-Flashpoint et indiquant la présence d'une autre menace (bleue), plus grande, vraisemblablement à l'origine des New 52, profitant des errances de Barry à travers le temps et possiblement de l'univers entier.
C'est donc tout naturellement que Flash a décidé de faire équipe avec Batman pour découvrir l'origine de cette perturbation dans The Button, un peu plus tôt cette année dans les pages de Batman et Flash. Encore une fois, on ne rentrera dans le détail de cette publication récente mais c'est notamment l'occasion de voir en action une autre relique du personnage qui a permis beaucoup dans l'univers de la Distinguée Concurrence, le Tapis Roulant Cosmique (Cosmic Treadmill), lui permettant de voyager à travers le temps et qui a une nouvelle fois son importance à l'aube de Doomsday Clock.
Mais le plus ironique avec le personnage de Barry Allen, pourtant à l'origine de changements aux conséquences cataclysmiques pour l'univers et la ligne éditoriale principale de DC Comics, est finalement d'incarner, dans sa contrepartie civile, une certaine forme d'immobilisme. Être absent pendant 23 ans n'a clairement pas aidé mais le héros a toujours eu une vie assez carrée qui n'a jamais véritablement évolué. Il est connu pour être toujours en retard, n'a cessé de clâmer son amour pour Iris West qui a toujours été l'élue de son cœur et a toujours été tenue en haute estime par ses pairs. Récemment ajouté à son histoire par Geoff Johns en 2009, le meurtre de sa mère ajoute une dimension plus dramatique à ce blocage du héros à se projeter vers l'avant, restant toujours ralenti par son passé. Un comble quand on est le super héros le plus rapide de l'univers.