Darkhawk #51 vient poser la question, fâcheuse, de l'intérêt du relaunch Legacy pour le moment. Si les bons titres ne manquent pas (citons Punisher ou Falcon, à titre d'exemples), on peine encore à justifier le pourquoi de ce relaunch, sorti bien entendu de l'approche cynique sans doute la plus pertinente, du besoin épidermique de Marvel pour relancer le cycle tous les ans.
Autant aller vite, ce numéro n'est pas mauvais, ni spécialement bon, on se demande en revanche à quel lectorat le personnage s'adresse. A comprendre l'histoire de Darkhawk, on le lie volontiers aux concepts des sagas cosmiques, de Nova, des Guardians et consorts. Ce premier numéro prend une approche plus terre à terre, presque Bendis dans l'exécution sans l'énergie des dialogues, en jouant sur la décompression et l'humanisation du héros.
On le retrouve donc privé de ses pouvoirs et pris dans un rythme de jour le jour, jusqu'à ce que l'élément déclencheur ne survienne avec une certaine mollesse. Difficile de dire que tout ça est perméable aux nouveaux lecteurs (vous me dites) ou qu'on puisse attendre des anciens qu'ils soient totalement conquis. La narration interne fait un travail de casse-rythme étrange, les dessins ne sont pas spécialement jolis, et le personnage tel qu'il est présenté semble follement inintéressant. A se demander si le scénario ne joue pas sur cette corde volontairement, avec un cliff de fin absurde dans son aspect auto-parodique, du grand vilain sur son trône au rire sardonique avec sa petite cour d'obstacles alliés qu'aura à affronter le héros. Si vous aimez Power Rangers, prenez, c'est cadeau.
En fait on se demande même à quoi servent ce genre de titres sinon à remplir les back issues, et arrondir une sur-production de titres quota censés occuper un immense tableur virtuel que personne ne verra jamais. On est dans le ventre mou, le comics qui occupe, sert à rappeler l'existence de tel ou tel héros de la liste C en attendant un crossover où on pourra le dégainer dans le plus grand des calmes. Triste habitude qu'aura pris l'industrie, et pas forcément le lecteur soit dit en passant, j'ai personnellement assez hâte de voir les retombées générales de Marvel Legacy pour observer le comportement du public devant ce qui ressemble dans un angle assez large à un énième coup d'épée dans l'eau.
En attendant, à nouveau, la lecture n'est pas mauvaise, seulement inintéressante. Dans le détail, les dialogues mènent sur des pistes inexploitées, l'aspect humain s'efface trop vite et pour trop peu de résultats, les couleurs sont paresseuses, et en même temps, on aurait presque envie de s'intéresser à ce héros ne serait ce que pour comprendre l'intérêt de l'opération. Ne m'en veuillez pas, j'ai aussi lu du cosmique, et c'était beaucoup mieux.
Bref, Darkhawk #51, je me pose la question, et si vous avez la réponse, téléphonez moi. Personnage fonction creux et dont le message ou l'utilité a de quoi laisser circonspect, dans un relaunch qui cherche à placer ses billes sur des événements à trois mois d'avance et où on peine à déceler autre chose que du gimmick. En somme, rien de bien excitant, à l'exception de quelques très bons titres qu'on remercie d'être là (merci les mecs).