Co-créateur et artiste de Locke and Key, qui aura bientôt le droit à son adaptation en série sur Hulu, Gabriel Rodríguez s'offre un retour sur le devant de la scène cette semaine avec une série IDW, entre légende et space opera. Que vaut Sword of Ages ?
Cet été, nous avions découvert les premières planches de ce nouveau titre qui a débarqué dans les étals de comicshops la semaine dernière et nous avions tout de suite été emballés par un concept qui, s'il n'est finalement pas très original, puise ses racines dans des références assez européennes. En effet, avec Sword of Ages, Gabriel Rodríguez a décidé de se lancer tout seul dans l'élaboration d'une relecture originale de la légende arthurienne, gérant aussi bien la partie graphique que scénaristique. Une première pour le Chilien qui nous livre une copie plutôt convaincante, mais pas exempte de défauts finalement bien vites oubliés derrière l'ambition du bonhomme.
Dans un univers futuriste qui parlera aux amateurs de Metal Hurlant, nous découvrons donc ici le destin d'Avalon, héroïne assez timide dans la présentation mais dont le destin est plus grand que le sort de sa planète et devrait statuer du futur de la galaxie tout entière. L'intérêt principal du titre réside donc dans son inspiration primaire pour les romans liés aux aventures d'Arthur. En effet, pour poser un contexte assez dense à caler dans ce premier numéro, Rodríguez construit son mythe autour de l'histoire d'Arthur, ici remplacé par Avalon, abandonnée dès la naissance sur une planète sauvage et coupée du reste de la galaxie pour laisser son destin prendre la relève. Élevée par des tigres dents de sabre doués de parole, la jeune femme est donc devenue une guerrière redoutable quand nous la découvrons. Mais ce n'est pas le seul rappel à la légende du porteur d'Excalibur avec des références lâchées ici et là dont la présence de Merlin, transformé en mage motard ou encore les bases d'une intrigue liée à une épée légendaire, qui donne son titre au comicbook.
Si ce premier numéro est aussi prometteur, c'est qu'il réussit à jongler avec la sève de l'histoire du roi Arthur pour finalement rapidement en casser les codes et s'en servir de base commune, qui permet finalement d'appréhender facilement les mécanismes derrière cette aventure. Si le scénario suit donc (pour le moment) une route déjà tracée, c'est pour laisser plus de place à la présentation d'un univers proche d'un space opera renvoyant aussi à Star Wars (évidemment) mais aussi dans toute une iconographie qui frise parfois le rétrofuturisme, sans pourtant tomber dans son mauvais goût. Pour autant, la narration est dense et assez bavarde, et c'est probablement ce qui pourra être reproché à ce premier plongeon dans la vie d'Avalon. En effet, de son propre aveu, Gabriel Rodríguez a précisé que sa plus grande difficulté a été d'écrire en anglais. Et on sent bien que le bonhomme n'est pas maître de la langue de Shakespeare avec des cases bavardes, parfois trop, même s'il faut avouer que cet aspect participe aussi à l'installation du "mythe" d'Avalon, encore une fois en références aux écrits de Chrétien de Troyes.
Mais les problèmes de narration sont tout de même gommés par un univers visuel assez riche et on sent l'artiste clairement inspiré par un certain monsieur nommé Jean Giraud aka Moebius. Le chilien donne vie un univers assez léché avec des couleurs assez vives donnant une impression constante d'aridité et d'hostilité constante. Malheureusement, le dessin est assez inégal et sans jamais être véritablement transcendant, il reste tout de même très agréable et probablement dans le haut du panier des œuvre du talentueux artiste.
Sword of Ages #1 est un numéro riche, intriguant et souvent beau. Clairement, il n'arrive pas à s'élever au rang de titre culte dès son premier numéro mais reste pourtant une curiosité intéressante pour les amoureux des légendes liées à Excalibur. Riche, cette introduction au titre d'IDW nous offre surtout des promesses d'aventures épiques, de mondes vastes et d'une montée en puissance incroyable pour son héroïne déjà charismatique. Le projet est tellement ambitieux qu'on espère que l'artiste saura le tenir et il ne reste plus qu'à lui faire confiance !