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Happy!, la critique du pilote

Happy!, la critique du pilote

ReviewSeries tv
On a aimé• Hyper fidèle à son matériel originel
• Christopher Meloni
• Réalisation énervée
On a moins aimé• Quelques limitations technique
• Happy pourrait vite devenir agaçant
Notre note

Entre autres propositions super-héroïques plus ou moins réussies (ou plus ou moins ratées) et adaptations de comics de niche (Outcast, Preacher), SyFy souhaite se lancer dans la seconde catégorie avec l'adaptation de Happy!, mini-série en quatre numéros sortie du cerveau du génial Grant Morrison, avec Darick Robertson aux dessins. Si le comicbook n'apparaît clairement pas comme la meilleure oeuvre de l'écossais, s'abandonnant plutôt dans un registre régressif et défouloir, la chaîne américaine réussit son coup en proposant un format calqué sur son modèle de papier, et qui profite du charisme de Christopher Meloni.

Prévue en quatre épisodes comme autant de single issues, Happy! ne cherche pas à aller vraiment plus loin que son matériel d'origine. On retrouve donc Nick Sax, ancien flic porté sur la bouteille et les substances plus ou moins licites, et reconverti en tueur à gages professionnel. Au cours d'un contrat qui tourne plutôt mal, Nick est recherché par la mafia locale car il possède la connaissance d'un mot de passe très importants pour accéder à des données sensibles. Et dans le même temps, Happy, ami imaginaire de le jeune Hayley, vient le retrouver pour lui demander de sauver la jeune fille, faite prisonnière par un pédophile en costume de Père Noël.


Le pitch est donc barré, mais Brian Taylor s'en sort pour le présenter sans soucis, aidé par Grant Morrison himself sur le script de ce pilote. Le ressenti en est frappant puisque les scènes reprennent chaque passage du comicbook à quelques ajustements près, histoire de développer un peu plus les apparitions de chacun des personnages, puisqu'on ne peut pas les faire popper comme les pages de bande dessinée le permettent. Mais l'irrévérence, qu'elle soit dans les dialogues et les punchlines, comme dans l'aspect crade et vulgaire, est bien retransmis, la chaîne se permettant quelques envolées graphiques (en introduction) à peine censurées (et même quand ça l'est, c'est dans un esprit comicbook bienvenu).

On s'amuse donc à suivre ce Nick Sax dans un déluge de scènes barrées, qui doivent autant à Christopher Meloni, impeccable dans son rôle, qu'à la petite licorne bleue doublé par Patton Oswalt, bien que le personnage animé, s'il reste sympathique au départ, en fait parfois un peu trop, donnant quelques répliques en surplus et un côté agaçant qui ne devrait être présent que pour Sax, et pas pour le spectateur. De même, on appréciera tout au long de ces quarante cinq minutes une réalisation qui s'amuse et souhaite donner le vertige à force de montages inventifs, nerveux, qui veut apporter un côté punk dont on sait que Morrison est friand. Tout n'est pas parfait, car on sent des limitations techniques/budgétaires (choisissez) dans le rendu final. La photographie n'est pas toujours au mieux, quelques petites errances par ci par là, mais dans une production visiblement petit budget, on sent que ce qui a été utilisé vise à faire au mieux avec ce qui est alloué.


On se dit alors que Happy! version petit écran réussit ce qu'elle entreprend, à se poser en véritable divertissement, porté en avant par son dynamisme et son acteur principal (le reste du cast étant sympathique dans son ensemble), et il faut avoir conscience qu'on ne pourra pas en attendre véritablement plus. Et ce n'est pas forcément son ambition, bien qu'on attende de voir, notamment sur sa fin, si la chaîne osera aller à fond dans les quelques délires de Morrison, et notamment sur le discours sur les amis imaginaires. En l'état, on s'attend à avoir un décalqué sur les trois numéros/épisodes restants, et si Happy! reste de cette trempe, on restera au rendez-vous sans broncher.

On pouvait se demander comment transposer Happy! pour le petit écran. La réponse est trouvée : en faisant comme le comicbook. En se contentant d'un format en quatre épisodes, la série de SyFy réussit à transposer l'énergie et le délire de son comicbook originel à force de réalisation énervée et d'outrances visuelles bienvenues. Portée par un Christopher Meloni toujours aussi charismatique, la proposition remplit son contrat en allant chercher les fans de petits plaisirs régressifs, qui veulent un "bon divertissement", dans le sens agréable du terme. De quoi finir agréablement une année marquée par des séries bien moins recommandables.

Arno Kikoo
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